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La santé de Bouteflika soulève «plus que des doutes»

La santé de Bouteflika soulève «plus que des doutes»
Un depute français et professeur de médecine, Bernard Debré, a déclaré avoir «plus que des doutes» sur l'état de santé du Président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Paris depuis jeudi pour passer des «examens médicaux».
«Ce qu'on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd'hui.


Si à l'origine, c'était un simple ulcère, les médecins algériens pouvaient parfaitement le traiter en dix jours. Or, il est venu à Paris et est resté hospitalisé pendant plus d'un mois. On ne doit pas nous prendre pour des naïfs», a-t-il déclaré dans le quotidien «Le Parisien» de vendredi.

M. Bouteflika avait été opéré et hospitalisé pendant trois semaines à Paris fin 2005 pour un «ulcère hémorragique au niveau de l'estomac».
Il séjourne de nouveau à Paris pour, officiellement, subir un contrôle de suivi post-opératoire, après avoir tenu des propos virulents contre la colonisation française.

Interrogé à propos de cette nouvelle hospitalisation du Président algérien après ses déclarations contre la France, M. Debré a déclaré ressentir «une très grande fierté pour la médecine française. Et de la tristesse pour la médecine algérienne».
«Après nous avoir copieusement injuriés, il vient nous demander de l'aider. Il aurait pu éviter ses déclarations intempestives», a déclaré le Pr Debré. M. Bouteflika avait dénoncé lundi un «génocide de l'identité» algérienne par la France durant la colonisation (1830 à 1962). La version officielle de l'hospitalisation à Paris d'Abdelaziz Bouteflika -un suivi médical de routine- suscite hier de nombreuses interrogations dans les journaux français et la sphère politique.

Le Président algérien, qui est âgé de 69 ans, a été admis mercredi soir à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce pour un «bilan de santé» cinq mois après avoir été opéré d'un ulcère hémorragique à l'estomac. «On ne doit pas nous prendre pour des naïfs», s'indigne Bernard Debré, député UMP de Paris et chef du service urologie de l'hôpital Cochin dans les colonnes du Parisien. «Ce qu'on nous annonce ne cadre pas avec ce qui se passe aujourd'hui», explique-t-il. «Quand un ulcère hémorragique a été traité puis guéri, il s'agit d'effectuer un simple contrôle fibroscopique, qui peut être fait dans n'importe quel hôpital algérien.

On peut se demander pourquoi Bouteflika vient à Paris pour un contrôle aussi simple». La rareté des informations sur l'état de santé du Président algérien lors de son hospitalisation à Paris fin novembre avait alimenté diverses rumeurs, qu'Abdelaziz Bouteflika s'était efforcé de dissiper en apparaissant à la télévision avant son départ de France.

On l'a vu depuis dans plusieurs grands rendez-vous internationaux et en tournée en Algérie. Lors de l'un de ces déplacements, dimanche, il s'en est de nouveau pris à la France, qu'il a accusée de «génocide de l'identité algérienne» pendant les 130 années de colonisation.

Troisième visite en cinq mois ?

Pour les journaux français, cette «sortie» virulente prouve que l'hospitalisation d'Abdelaziz Bouteflika n'était pas prévue de longue date mais qu'elle est due à une brusque aggravation de son état de santé. «On le voit mal en effet s'en prendre aussi violemment à la France cinq jours avant de venir y effectuer un contrôle médical au risque d'être moqué par des Algériens incrédules face à une telle contradiction», écrit «Libération».
Selon «Le Figaro», cette nouvelle hospitalisation serait la troisième depuis l'intervention chirurgicale de l'hiver dernier.

Ces «fréquentes visites accréditent la thèse d'une maladie beaucoup plus grave qu'un simple ulcère, un cancer de l'estomac», estime «Le Parisien».
Réélu en 2004 pour un second mandat de cinq ans, Bouteflika est considéré par de nombreux Algériens comme celui qui a ramené la paix après plusieurs années de violences islamistes. Lors de son retour à Alger, le 31 décembre, il avait été accueilli par des milliers de ses compatriotes, massés le long des grandes avenues de la ville.

«Il y a un sentiment national très puissant en Algérie», confirme Benjamin Stora, historien spécialiste de l'Algérie, interrogé sur les propos anti-français de Bouteflika.

«En même temps, la société algérienne considère que ses discours historiques sont surtout des discours à des fins politiques. Beaucoup d'Algériens ne sont pas dupes», a-t-il déclaré vendredi sur RFI.
Il y a à ses yeux plusieurs explications à cette nouvelle attaque du Président algérien.

Alger considère notamment que Paris est «trop engagé aux côtés du Maroc» dans le dossier du Sahara et a le sentiment que ses ressortissants ne sont pas traités sur un pied d'égalité avec les Marocains et les Tunisiens en matière de visas.

«C'est un contentieux qui dure depuis plusieurs années et dans ce contexte Alger s'est rapproché de Washington et même de Moscou» à l'heure où l'Algérie, grand producteur de pétrole et de gaz, occupe «une position très forte sur la scène internationale» en raison des tensions sur les marchés énergétiques.
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