Malgré un accueil approximatif et une absence involontaire de notre délégation à la soirée d'ouverture, à cause d'un Cinéma Colisée surpeuplé, la participation marocaine aux Journées cinématographiques de Carthage n'est pas passée inaperçue.
Avec un long métrage en compétition officielle, une bonne dizaine de films programmés dans la section «Panorama» et un court métrage dans la course aux «Tanit», le cinéma national semble être en accord avec la logique de promotion
adoptée par le CCM : tabler sur la quantité pour en extraire
la qualité.
Le film “Tarfaya”
A ce titre, le film de Daoud Oulad Syad «Tarfaya», en lice pour le Tanit d'or, n'aura pas laissé les spectateurs indifférents. Ce drame social, qui traite de l'épineux sujet de l'émigration clandestine, a suscité toutes sortes de réactions. Les uns l'encensent, d'autres le fustigent, quelques autres lui trouvent un style distingué.
Asmae D, journaliste tunisienne, affirme avoir «assisté à un film poignant, de bonne facture, en dépit d'une longueur qui nuit au rythme de la narration.
Technique, cadrage, prise de vues et qualité d'image n'ont rien à reprocher aux meilleurs. Cependant, on peut lui reprocher quelques défauts de montage, des erreurs de raccord, enfin des détails qui ne nuisent pas beaucoup à la qualité de l'œuvre».
Sur le plan du scénario, c'est une histoire comme des milliers d'autres que l'on entend tous les jours au Maroc.
Ce qui la rend particulière, c'est la manière avec laquelle le réalisateur a approché la question.
Il a tenu à relever toute l'absurdité de ce drame au quotidien qui emporte des milliers de vies à la poursuite d'un rêve incertain.
Minimaliste à souhait, ce film tente de souligner les motivations derrière cette aventure à la limite du suicide.
Le réalisateur s'est évertué à donner aux émotions une place de choix dans son récit. Tablant sur les qualités naturelles de Touria Alaoui, rôle principal, Daoud a essayé de communiquer toute l'amertume qui motive une jeunesse désabusée à vouloir quitter le pays à n'importe quel prix, même en se laissant arnaquée par «les négriers des temps modernes», ces vautours qui font des illusions des autres une sorte de fond de commerce.
Rencontré lors de la projection de «Tarfaya», Mohamed Merouazi, acteur marocain de talent, confie : «L'ingéniosité de Daoud c'est qu'il a un regard décalé par rapport aux autres, cela doit certainement être du fait qu'il soit photographe au départ.
Il a réussi à trouver dans le sud marocain des espaces qui donnent à son approche un angle original.
C'est bien la particularité de Daoud, il voit des choses que la plupart ne voient pas».
Côté court métrage, «Jardins des rides» de Hicham Lasri a suscité de très bonnes réactions auprès d'un public cinéphile et avisé.
Lassâad C., étudiant de cinéma, avoue être surpris par l'originalité de ce film, «… j'y ai vu du Hitchcock, du Tarantin, et du Lynch, et tout cela dans un même film. Franchement je ne pensais pas que les jeunes cinéastes marocains avaient atteint un niveau d'écriture cinématographique de cette qualité.
Je crois sincèrement que ces jeunes n'ont rien à envier à qui que ce soit ! Si les moyens leur sont donnés ? Ils sont capables de faire concurrence aux meilleurs sur le plan international».
Ce qui est étonnant, c'est qu'une bonne majorité des festivaliers, toutes nationalités confondues, n'arrêtent pas d'encenser le cinéma marocain. Pour la plupart d'entre eux, notre pays est devenu une véritable puissance cinématographique sur les plans arabe et africain.
Cependant, la tendance de nos compatriotes va dans l'autre direction, une attitude de dénigrement systématique pour les films marocains semble trouver son origine dans les petites jalousies entre les gens de l'art.
REPÈRES
Séléction officielle du festival
>Maroc : Tarfaya de Bab el Bhar et Daoud Aoulad-Syad
>Algérie : Barakat de Djamila Sahraoui et Bled number one de Rabeh Ameur Zaïmeche
>Egypte : Awqat Faragh de Mohamed Mustapha
>Gabon : L'Ombre de Liberty de Imunga Ivanga
>Irak : Rêves de M. Al Daradji
>Liban : Bosta et Dunia de Jocelyne Saab
>Mauritanie : Bamako de Abderrahmane Sissako
>Palestine : Attente de Rachid Masharaoui
>Syrie : Relations publiques de Samir Zikra
________________________________
Le Matin : Comment ressentez-vous votre participation à cette édition des «Journées» ?
Daoud Oulad Syad : D'abord, il faut dire que ce n'est pas la première fois. J'ai eu l'occasion de présenter «Cheval au vent» en 2002. «Tarfaya» a été bien accueilli. Durant le débat, j'ai senti que le public était très intéressé par mon approche. Les questions posées tournaient autour de mes choix esthétiques, de la profondeur de mon traitement d'un sujet qui touche pratiquement tous les pays du Sud. C'est un vrai plaisir que d'avoir affaire à un public cinéphile avisé.
Que pensez-vous du niveau général de cette édition ?
Je crois que les films en compétition méritent de l'attention surtout que les Journées ont cette particularité de privilégier les films d'art et d'essai. Cela donne une véritable occasion aux créateurs d'image de s'exprimer sans vraiment avoir besoin de se soucier des contingences de la commercialisation qui interviennent souvent au détriment de l'art.
Avec un long métrage en compétition officielle, une bonne dizaine de films programmés dans la section «Panorama» et un court métrage dans la course aux «Tanit», le cinéma national semble être en accord avec la logique de promotion
adoptée par le CCM : tabler sur la quantité pour en extraire
la qualité.
Le film “Tarfaya”
A ce titre, le film de Daoud Oulad Syad «Tarfaya», en lice pour le Tanit d'or, n'aura pas laissé les spectateurs indifférents. Ce drame social, qui traite de l'épineux sujet de l'émigration clandestine, a suscité toutes sortes de réactions. Les uns l'encensent, d'autres le fustigent, quelques autres lui trouvent un style distingué.
Asmae D, journaliste tunisienne, affirme avoir «assisté à un film poignant, de bonne facture, en dépit d'une longueur qui nuit au rythme de la narration.
Technique, cadrage, prise de vues et qualité d'image n'ont rien à reprocher aux meilleurs. Cependant, on peut lui reprocher quelques défauts de montage, des erreurs de raccord, enfin des détails qui ne nuisent pas beaucoup à la qualité de l'œuvre».
Sur le plan du scénario, c'est une histoire comme des milliers d'autres que l'on entend tous les jours au Maroc.
Ce qui la rend particulière, c'est la manière avec laquelle le réalisateur a approché la question.
Il a tenu à relever toute l'absurdité de ce drame au quotidien qui emporte des milliers de vies à la poursuite d'un rêve incertain.
Minimaliste à souhait, ce film tente de souligner les motivations derrière cette aventure à la limite du suicide.
Le réalisateur s'est évertué à donner aux émotions une place de choix dans son récit. Tablant sur les qualités naturelles de Touria Alaoui, rôle principal, Daoud a essayé de communiquer toute l'amertume qui motive une jeunesse désabusée à vouloir quitter le pays à n'importe quel prix, même en se laissant arnaquée par «les négriers des temps modernes», ces vautours qui font des illusions des autres une sorte de fond de commerce.
Rencontré lors de la projection de «Tarfaya», Mohamed Merouazi, acteur marocain de talent, confie : «L'ingéniosité de Daoud c'est qu'il a un regard décalé par rapport aux autres, cela doit certainement être du fait qu'il soit photographe au départ.
Il a réussi à trouver dans le sud marocain des espaces qui donnent à son approche un angle original.
C'est bien la particularité de Daoud, il voit des choses que la plupart ne voient pas».
Côté court métrage, «Jardins des rides» de Hicham Lasri a suscité de très bonnes réactions auprès d'un public cinéphile et avisé.
Lassâad C., étudiant de cinéma, avoue être surpris par l'originalité de ce film, «… j'y ai vu du Hitchcock, du Tarantin, et du Lynch, et tout cela dans un même film. Franchement je ne pensais pas que les jeunes cinéastes marocains avaient atteint un niveau d'écriture cinématographique de cette qualité.
Je crois sincèrement que ces jeunes n'ont rien à envier à qui que ce soit ! Si les moyens leur sont donnés ? Ils sont capables de faire concurrence aux meilleurs sur le plan international».
Ce qui est étonnant, c'est qu'une bonne majorité des festivaliers, toutes nationalités confondues, n'arrêtent pas d'encenser le cinéma marocain. Pour la plupart d'entre eux, notre pays est devenu une véritable puissance cinématographique sur les plans arabe et africain.
Cependant, la tendance de nos compatriotes va dans l'autre direction, une attitude de dénigrement systématique pour les films marocains semble trouver son origine dans les petites jalousies entre les gens de l'art.
REPÈRES
Séléction officielle du festival
>Maroc : Tarfaya de Bab el Bhar et Daoud Aoulad-Syad
>Algérie : Barakat de Djamila Sahraoui et Bled number one de Rabeh Ameur Zaïmeche
>Egypte : Awqat Faragh de Mohamed Mustapha
>Gabon : L'Ombre de Liberty de Imunga Ivanga
>Irak : Rêves de M. Al Daradji
>Liban : Bosta et Dunia de Jocelyne Saab
>Mauritanie : Bamako de Abderrahmane Sissako
>Palestine : Attente de Rachid Masharaoui
>Syrie : Relations publiques de Samir Zikra
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Le regard du réalisateur
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Daoud oulad syadSatisfait du public carthaginoisLe Matin : Comment ressentez-vous votre participation à cette édition des «Journées» ?
Daoud Oulad Syad : D'abord, il faut dire que ce n'est pas la première fois. J'ai eu l'occasion de présenter «Cheval au vent» en 2002. «Tarfaya» a été bien accueilli. Durant le débat, j'ai senti que le public était très intéressé par mon approche. Les questions posées tournaient autour de mes choix esthétiques, de la profondeur de mon traitement d'un sujet qui touche pratiquement tous les pays du Sud. C'est un vrai plaisir que d'avoir affaire à un public cinéphile avisé.
Que pensez-vous du niveau général de cette édition ?
Je crois que les films en compétition méritent de l'attention surtout que les Journées ont cette particularité de privilégier les films d'art et d'essai. Cela donne une véritable occasion aux créateurs d'image de s'exprimer sans vraiment avoir besoin de se soucier des contingences de la commercialisation qui interviennent souvent au détriment de l'art.