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A la recherche d'une carte de risques

L'eau est seulement à 1 mètre de profondeur dans certaines zones

A la recherche d'une carte de risques
Jusqu'à quand les autorités publiques de Casablanca attendront-elles avant de mettre en place une carte des risques ? La nécessité de cette dernière est, désormais, largement reconnue. Les ingénieurs, les architectes, les promoteurs sont tous unanimes sur ce point. C'est avant tout un moyen de prévoir une quelconque catastrophe avant qu'elle ne se produise.

Et ce ne sont pas les données qui manquent. Selon Abdelmajid Choukaili, ingénieur en génie civil et membre de la Fédération marocaine du conseil et de l'ingénierie, l'information est disponible mais dispersée dans les différents services. «Il faut juste la collecter et la traduire en carte de risques. Celle-ci est, d'ailleurs, très importante pour pouvoir agir sur l'aménagement du territoire», nous a-t-il indiqué.

Dans le cas de Casablanca, le problème de la nappe phréatique et l'hétérogénéité des rochers constituent une difficulté à résoudre en cas de réalisation de grands ouvrages. «Dans certaines zones de la ville, l'eau est à une profondeur de seulement 1 mètre. Dans ces secteurs, les autorités publiques ne devraient pas délivrer le permis de construire si le dossier n'est pas accompagné d'une étude qui détermine l'influence nocive du projet sur les voisins et le dispositif à mettre en place pour sécuriser la zone », a-t-il précisé. Cette eau n'est pas, en elle-même, un facteur de risque.

Il faudrait la jonction de plusieurs éléments pour pouvoir parler de menace. D'abord, l'existence de l'eau. Ensuite, la consistance du sol ou la configuration des rochers. Et en dernier lieu, le type d'ouvrage que l'on projette de construire. Le risque d'effondrement devient minime si la construction est petite, puisque le problème est facilement maîtrisable. En revanche, il devient grave quand le projet est important et surtout quand on sollicite plusieurs sous-sols.

Un accident, à cause de cette eau, s'est produit lors de la construction du Twin-Center. Lors des travaux de terrassement, un effondrement de toutes les fondations a eu lieu, bien que les constructions aient été faites sur les rochers. Cet affaissement a menacé en son temps les immeubles des rues adjacentes. Le pompage des eaux souterraines pose problème au moment de l'assèchement des excavations pour construire les fondations des futurs immeubles.

Cette opération peut provoquer un déplacement des eaux vers d'autres zones et par conséquent menacer d'affaissement les bâtiments voisins. Cette eau trouve généralement refuge dans les cavités existantes dans l'ensemble du sous-sol de la ville. Les services concernés savent exactement où se trouvent la nappe et les types de sol existants. M. Choukaili affirme que ce problème se pose avec acuité dans la zone sud de la ville, plus précisément à Aïn Sbâa. Cette zone, dit-il, est infestée de grandes cavités qui peuvent entraîner l'effondrement des constructions.

Dans cette région rocheuse, les promoteurs immobiliers peuvent facilement construire sur le rocher, mais ils ignorent qu'il existe un vide en dessous qu'on rencontre accidentellement à l'occasion de grands travaux de terrassement. C'est pour cette raison que cette carte s'avère utile, voire nécessaire à l'aménagement du territoire, aux bureaux d'études, aux architectes et aux ingénieurs pour avoir une grande visibilité. Le problème des inondations de 2002 est dû à la construction d'un certain nombre de routes là où il ne fallait pas. Ces dernières ont stoppé le ruissellement des eaux de surface.

Pour pallier ce genre de risque, des études géotechniques s'avèrent aussi nécessaires avant même que le bureau d'étude commence son travail. Celles-ci permettront de définir à quelle profondeur il faut faire les terrassements et de mesurer les risques. Ce type d'études n'est pas obligatoire au Maroc tout comme celles du béton armé.

La métropole est également bâtie sur un massif rocheux avec des endroits composés de marne (argile molle, ce qui pose problème lors du creusement des fondations parce qu'il faut aller chercher le bon sol). De même que le passage d'une formation géologique rocheuse à une autre flexible pourrait créer une rupture des canalisations.

Le troisième risque auquel est confronté Casablanca est d'ordre sismologique même si le Code sismique de 2000 ne considère pas la zone atlantique comme une zone sismique. Aujourd'hui, le Conseil national de génie parasismique est en train de réviser ce code, y compris la carte.

Nappe phréatique

Toute la région du Grand Casablanca se trouve sur la nappe phréatique. L'eau provient de la plaine de Berrechid. Elle coule lentement du sud vers le nord pour se jeter dans l'océan. Elle s'étale de la sortie d'Azemmour jusqu'à Mohammedia. Son débit est estimé à 80 millions de m3 par an.

Souvent, les promoteurs immobiliers limitent le niveau de leur prestation pour ne pas se trouver face à des eaux souterraines difficilement maîtrisables. Preuve en est l'inexistence d'immeubles avec deux sous-sols à Casablanca qui pourraient résoudre le problème de stationnement qui se pose actuellement avec acuité à la métropole.
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