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«Avec nos folies d'aujourd'hui, on construit les malheurs de demain»

Dans le cadre de la campagne «Agissons ensemble pour garder la mer vivante», le voilier de la Fondation Nicolas Hulot, «Fleur de Lampaul», accoste les 24 et 25 avril à Tanger puis mettra le cap du 26 au 28 avril sur le port de Ras El Ma, sur la rive gauch

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Le Matin : Vous venez de lancer un nouveau programme dédié à la protection du milieu marin: «Mer vivante». Quels sont les grands axes de ce chantier ?
Cécile Ostria :
La Fondation Nicolas Hulot a décidé d'amplifier son engagement en faveur du milieu marin avec un nouveau programme, «Mer vivante», organisé autour de trois actions portées par «Fleur de Lampaul», son voilier ambassadeur.

D'abord, les rendez-vous de la «Fleur» qui cherchent à mobiliser élus, professionnels et usagers pour s'engager avec le Conservatoire du littoral en France dans sa nouvelle mission d'intervention sur le domaine public maritime. À chaque escale, une problématique propre à la région sera évoquée pour une meilleure gestion d'une zone naturelle côtière.

Ensuite, l'objectif cétacés, une étude pour mieux connaître les mammifères marins, plus particulièrement le rorqual commun, et l'état de santé de la Méditerranée, avec l'appui du WWF France (Fonds mondial pour la nature). Enfin, l'expédition jeunes et océans en collaboration avec l'«Association Matelots de la Vie» ; 16 jeunes en rémission de maladies graves vont sillonner le bassin méditerranéen durant l'été à bord de «Fleur de Lampaul».

Dans le cadre du programme « Mer vivante», le Maroc sera, du 24 au 28 avril, la première escale du «Fleur de Lampaul» en Méditerranée. Quel sera votre programme sur place ?

Du 24 avril au 21 mai, «Fleur de Lampaul» met le cap sur le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Depuis plus de dix ans, le Conservatoire du littoral travaille avec les autorités de ces pays pour les accompagner dans le développement d'agences de protection du littoral.

La Fondation apporte son soutien à ce projet. Au Maroc, cette collaboration porte sur 5 actions : une mission scientifique, d'inventaire de la faune et de la flore, des recensements de colonies d'oiseaux marins et des diagnostics écologiques pour la mise en place de futurs plans de gestion ; des actions de sensibilisation du public ; l'accueil des travaux de la Cellule nationale du littoral marocain ; l'échange de protocoles et d'outils pour les gestionnaires, techniques de suivi scientifique et de gestion des milieux insulaires, pour assurer une veille écologique.

Ce déplacement s'inscrit dans le cadre de la protection du littoral méditerranéen. Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur les côtes marocaines ?

Le Maroc compte des sites et des zones humides prestigieux pour leurs richesses naturelles. Je pense à la «Merja Zerga», à l'«oued Souss» et aux marais de Larache. L'embouchure de la Moulouya fait partie de ces sites. Il appartient aux autorités marocaines et à la population de garantir l'exploitation durable des écosystèmes.

La sauvegarde de sites littoraux et des aires marines protégées est un des instruments indispensables pour prévenir la dégradation des ressources et du milieu marin, particulièrement au niveau des estuaires car l'essentiel de la vie marine s'effectue près des côtes. Il s'agit pour la Fondation, aux côtés du Conservatoire, de contribuer à la mise en place d'outils de gestion nécessaires pour donner aux Marocains et aux autres pays méditerranéens les moyens d'agir dans ce domaine.

En 1996, vous avez signé une convention avec le ministère marocain de l'Education nationale, qui aboutira, deux ans plus tard, à la création de la Fondation marocaine pour la nature et l'homme. Dix ans plus tard, quel bilan faites-vous de ce partenariat ?

La Fondation marocaine pour la nature et l'homme a pour objectif de fédérer des actions de jeunes dans le cadre de clubs nature, en particulier dans les établissements scolaires. De nombreux projets ont ainsi vu le jour, sur le thème des déchets, de l'eau, de la mer et du littoral. Toutefois, la Fondation n'a que peu de moyens, ce qui rend difficile l'animation du réseau des clubs comme cela était prévu à l'origine. Nous espérons que des entreprises pourront devenir ses mécènes de façon à consolider et pérenniser ses actions.

Dans vos nouveaux programmes 2006, il y a les séjours extrascolaires à l'Ecole Nicolas Hulot en Bretagne, les rendez-vous intergénérationnels pour enfants et leurs grands-parents et le séjour Nature partagée. De quoi s'agit-il ?

Le séjour Nature partagée offre l'opportunité aux jeunes de 13 à 15 ans, valides ou non valides, de partager ensemble des activités sportives ou créatives sur une thématique liée à l'environnement. Afin de favoriser les échanges entre les enfants et d'instaurer une solidarité entre les valides et les handicapés, toutes les activités s'effectueront en binôme.

Le temps est partagé entre la réalisation d'un film d'animation et des activités de pleine nature. Ce séjour est destiné à 10 adolescents (5 valides et 5 non valides). Le séjour intergénérationnel s'adresse aux grands-parents et leurs petits-enfants âgés de 8 à 12 ans. Le séjour est l'occasion pour les grands-parents de transmettre leurs savoirs et savoir-faire aux enfants.

Vous avez lancé, en partenariat notamment avec Greenpeace et le WWF, l' «Alliance pour la planète». Quel est l'objectif de cette initiative?

Face à la crise environnementale, plusieurs associations ont décidé de s'allier pour construire un véritable pouvoir avec l'Alliance pour la planète. L'objectif est de proposer une vision novatrice et des actions collectives autour de thématiques environnementales telles que les OGM, le bio, l'énergie et l'habitat, l'emploi et l'environnement, l'eau, la publicité, etc.

En France, avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, vous avez lancé l'opération «Défi pour la Terre». Avez-vous des projets similaires dans d'autres pays ?

Le « Défi pour la Terre» est une campagne de mobilisation, lancée il y a un an, qui incite chacun à adopter au quotidien des gestes bénéfiques, simples et concrets. Nous avons assisté à une forte mobilisation aussi bien des scolaires, que des citoyens, collectivités, entreprises et associations, aussi nous espérons que le défi sera repris dans d'autres pays, de la même façon que nous nous sommes nous-mêmes inspirés du «Défi d'une tonne» lancé au Canada. Concrètement, notre antenne belge devrait lancer le défi en mai prochain et d'autres projets sont en cours en Suisse et au Viêt-Nam.

La Fondation mène une campagne contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM). Que reprochez-vous à ces nouvelles plantes ?

La Fondation, avec des ONG, travaille à des propositions de textes de loi destinés à contrôler et à maîtriser la dissémination des OGM dans l'environnement. Aujourd'hui, personne n'est susceptible de mesurer les effets sur la santé et sur les écosystèmes de ces plantes dont le patrimoine génétique est manipulé.

Avec nos folies d'aujourd'hui on construit les malheurs de demain. Nous ne sommes pas capables de maîtriser le risque de contamination des plantes sauvages, des variétés végétales traditionnelles comme des filières de production de qualité par les OGM, dès lors qu'ils sont cultivés en plein champ. Nous ne savons pas non plus quels risques sont pris pour la santé en nourrissant les animaux d'élevage avec des OGM. La Fondation demande que le principe de précaution inscrit dans la Constitution française soit appliqué.

An niveau mondial, on produit assez pour nourrir l'humanité. La vraie question est politique, c'est celle de la répartition de ces produits, de donner le moyen à ces pays d'être autosuffisants par la création de marchés régionaux protégés.

Quels sont vos projets ?

Notre fondation va poursuivre sa mission d'éducation à l'environnement avec notamment en 2006 plusieurs temps forts : le premier anniversaire du «Défi pour la Terre» en mai, pour lequel nous espérons compter encore plus d'engagés. Nous comptons déjà 360.000 engagés et espérons pouvoir fêter avant l'été notre 500.000e adhérent. Cette mobilisation représente en termes d'économie de CO2, plus de 180.000 tonnes.

Le programme «Mer vivante» va également se poursuivre en Méditerranée dès fin mai avec le lancement d'«Objectif cétacés». Nous préparons également nos programmes pour 2007 et notamment sur la problématique de la sauvegarde de la biodiversité.
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