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Scorsese sous le charme de Nass El Ghiwane

Le grand cinéaste lance une Fondation pour sauvegarder les chefs-d'œuvre négligés

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Le réalisateur américain Martin Scorsese a réitéré, mardi soir, toute son admiration pour le film marocain «Transes», mis en scène par Ahmed Al-Maanouni et produit par Izza Genini, en présentant ce long métrage dans la section «Cine Classic» au 60e Festival de Cannes.

Ce film, qui retrace l'itinéraire géographique et culturel du groupe Nass El-Ghiwane, «m'a beaucoup inspiré et sa musique m'a même obsédé». Il a également souligné qu'au-delà d'un film de musique, ce long métrage «révèle vraiment l'universalité culturelle, un pays et un contenu social». «Pendant mon enfance, j'ai été nourri de films venus du monde entier», a-t-il dit, faisant remarquer qu'il a ainsi «découvert l'Inde avec Satyajit Ray et d'autres pays comme l'Italie, l'Angleterre et le Maroc à travers leur cinéma»
Scorsese, qui a qualifié Nass El-Ghiwane de «Rolling Stones de l'Afrique», s'était même inspiré de la musique ensorcelante du groupe pour son film «La dernière tentation du Christ». Par ailleurs, le cinéaste américain a lancé le même jour une «Fondation mondiale pour le cinéma».

Le but de cette fondation est la restauration des chefs- d'œuvre «négligés» du patrimoine cinématographique.Au moment du lancement de ce projet, plusieurs cinéastes appartenant à différents pays ont été aux côtés du grand Scorsese. Il s'agit entre autre du cinéaste malien Souleymane Cisse, du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, de l'Italien Ermanno Olmi, du Brésilien Walter Salles, du Britannique Stephen Frears, du Mauritanien Abderrahmane Sissako (président et membre du jury), du Turc Fatih Akin, du Chinois Wong Kar-wai et du Marocain Ahmed Maânouni. Tous ces artistes ont accepté en effet de participer à ce projet.

Arme de ce combat: la restauration de «films négligés» issus des cinq continents, des «films célèbres qui ne sont plus projetés et dont il n'existe pas de vidéo ou des films inconnus à découvrir», selon Scorsese. Ce travail constituera la mission première de la fondation, qui dispose déjà d'une liste d'une dizaine de films candidats à la restauration.

Avant son lancement officiel, la nouvelle structure s'est déjà penchée sur trois oeuvres dont la version rénovée est présentée dans le cadre du 60e Festival de Cannes. Le travail réalisé sur «Transes», le célèbre long métrage d'Ahmed Maânouni, réalisé en 1981, «Limite», film brésilien de 1931 et «Padurea Spanzuratilor», film roumain de 1964, préfigure l'action que la fondation souhaite mener. «Tous les metteurs en scène qui souhaitent nous rejoindre sont les bienvenus», a lancé Scorsese, qui a lui-même entamé dans les années 1990 un combat opiniâtre pour la restauration des vieux films américains à travers un partenariat similaire avec des réalisateurs tels que Clint Eastwood ou Sydney Pollack.

Avec ce patient travail cinématographique et historique, les réalisateurs de la fondation ont l'ambition de contribuer aux progrès des relations entre les peuples. «Plus on devient familier d'autres cultures grâce au cinéma, plus on participe à l'amélioration de la compréhension politique», assure le réalisateur américain. Reste à assurer la diffusion de ces films rares.

La fondation compte sur les DVD, les festivals internationaux, les cinémathèques, sans désespérer des propriétaires de salles de cinéma.
REPÈRES
Filmographie de Scorsese

> 1976 Taxi Driver
> 1977 New York, New York
> 1980 Raging Bull
> 1983 La valse des pantins
> 1988 La Dernière Tentation du Christ
> 1990 Les Affranchis
> 1991 Les Nerfs à Vifs
> 1995 Casino
> 1999 A Tombeau Ouvert
> 2002 Les Gangs de New York
> 2004 Aviator
> 2006 Les Infiltrés
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