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Gestualité et symbolisme des chants et danses populaires

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Coulant de source depuis la nuit des temps et porteur de valeurs civilisationnelles antiques, mystiques et spirituelles, de messages initiatiques d'une profonde mémoire collective de traditions, d'us et de coutumes ancestrales propre à ce fabuleux pays du soleil couchant, le folklore actuel berbéro-arabe du Festival national des arts populaires de la cité ocre Marrakech a, indéniablement voire fatalement, puisé ses richesses et ses ressources artistico-culturelles dans l'immense réceptacle cosmopolite du patrimoine immatériel universel et, de surcroît, dans le creuset de créativité de l'imaginaire humanitaire, celui-ci ayant été transmis aux peuples de la planète par les anciens maîtres du monde (Phéniciens, Carthaginois, Romains, Arabo-musulmans).

Or, au-delà du mythe, de la légende et du conte épique, du rituel, du traditionnel, de la magie des danses, du chant sacré hiératique, soufi ou populaire, ces puissantes civilisations ont légué à l'homme un univers insoupçonné de connaissances occultes relevant du domaine insolite du symbolisme et de la gestualité que seuls des initiés peuvent en percer les plus hauts secrets et les plus profonds mystères, pour en saisir la symbolique de leur écriture et lecture ésotériques transcrits judicieusement par les designs, les signes kabbalistiques, les figures géométriques, les chiffres numériques particuliers, l'alchimie des couleurs et leurs différentes interprétations que l'on retrouve manifestement sur les vestiments d'apparat, les joailleries et bijoux de parure, les divers accessoires d'ornementation de circonstances que les acteurs-danseurs-interprètes utilisent lors des exhibitions des chants sacrés, traditionnels ou populaires et des prestations spectaculaires des chorégraphies de danses individuelles ou d'ensemble, dont la gestuelle est en fonction de la symbolique des mouvements et de leur signification.

Certes, de tout temps, l'homme s'est servi du symbole et du gestuel pour exprimer sa pensée ou ses sentiments basés alors sur un langage imagé véhiculant cependant des vérités psychologiques-morales-religieuses, ayant laissé des traces profondes dans le patrimoine immatériel des arts traditionnels (véritables supports symboliques des cultures).

Il est vrai que ces images allégoriques, dont les origines remontent très loin dans le passé, ont indubitablement des racines semblables, des valeurs et des symboles identiques.

Par conséquent, elles possèdent une même traduction chez les civilisations (toutes ethnies confondues) même si celles-ci sont éloignées les unes des autres, dans le temps et l'espace.

Ainsi, devenant l'unique «fil d'Ariane» (de la mythologie grecque) qui donne libre accès aux sources de cet univers de mystères et de secrets dévoilant un vaste champs de réflexions sur la cosmogonie et la genèse de la création originelle de l'humanité, le symbole a trouvé refuge dans la danse gestuelle thématique comme dans les danses symboliques sacrées japonaises du «Gose chino-maî», la danse des douzes chanoines symbolisant les signes du zodiaque et évoquant le mouvement des sphères célestes de l'univers au dessus de la cité sainte, ou encore les danses soufies des «Tourneurs derwichs» retraçant le cycle et la course des étoiles et des planètes autour du soleil.

Mais, si les anciens ont comparé le mouvement du Cosmos à une gestuelle de danse chorégraphique divine, celle-ci en revanche, peut transporter le sujet aux limites de la transe, de l'extase et du Nirvana, et permettre ainsi le détachement de l'âme et de l'esprit du corps à travers les rythmes mystiques et envoûtants des Gnaouas, les rythmes africains du Vaudou Guinéen, Haïtien et Brésilien, ou bien sous l'influence spirituelle et psychique des danses extatiques des pratiques Taoïstes de la Chine ancienne et des danses rituelles Hindoues ou Bouddhistes qui, dans leur gestuelle sacrée, relatent symboliquement les luttes titanesques du Rig-Véda, les pouvoirs secrets et occultes, à l'aide d'un gestuel de mains (les fameux Mudras).

Au Maroc, le patrimoine des arts populaires est aussi sublime que spectaculaire et combien riche en danses chorégraphiques à caractère de gestualité symbolique mise en exergue dans diverses danses traditionnelles comme cette danse saharienne de la guédra de Goulmime interprétée en solo par une femme voilée en bleu qui, sous le rythme lancinant et répétitif jusqu'à l'extase, procède à un jeu symbolique des doigts de la main, pour exprimer, à l'épicentre d'un cercle d'hommes bleus, l'évolution psychique de ses états d'âme. Sans doute que cette danse signifie la symbolique du pivot central de l'espace et du temps, sachant que chaque peuplade a eu son centre-axe du monde:le centre symbolisant l'ordre, la loi organisatrice (pouvoir central) de la tribu, de l'Etat et (à un niveau supérieur de l'univers) de la pensée et de l'ascension spirituelle.
Quant à la danse de l'abeille (Qalâat Mgouna), celle-ci est l'emblème des Rois symbolisant l'activité, la vigilance, l'organisation sociale, la prospérité, l'inspiration sacrée...

D'autres danses du patrimoine mondial nous seront révélées dans cette nouvelle édition 2006 du Festival National des Arts Populaires qui s'ouvrira sous le signe de la gestualité et du symbolisme au-delà des chants et danses populaires.

* Président Fondateur du Comité national de la musique Membre du CIM-UNESCO
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