Quand on annonce une conférence de presse avec Tariq Ramadan, on s'attend, forcément, à la foule. Le penseur musulman le plus controversé d'Europe et d'Amérique est une aubaine pour les journalistes, friands de déclarations incendiaires.
Mais il n'en fut rien. Le petit-fils de Hassan El Benna, fondateur du mouvement des frères musulmans en Egypte, aurait-il perdu de son aura médiatique ? Ses positions n'intéressent-elles plus l'opinion publique ?
Tout laisse à penser que c'est le cas.
Lors de la conférence de presse, organisée par l'association Afdal du consommateur, seuls quelques organes de presse ont dépêché leurs journalistes pour couvrir
" l'événement " qui n'en était pas vraiment un.
Devant une assistance réduite, le débat a porté sur un sujet cher au penseur : " Islam et modernité ".
D'emblée, Tariq Ramadan s'est défendu de vouloir " islamiser la modernité ", accusation dont l'accable l'Occident et dont il se défend mordicus.
Pour mieux orienter le débat, il propose de poser la problématique autrement en se penchant sur la réflexion suivante : " Est-il possible de créer un Islam moderne ? ". Parce que selon lui, parler de la " réislamisation " sous-tend que les musulmans ont perdu leur religion. Or le véritable enjeu aujourd'hui, pour les musulmans, et pour lui en particulier, est de relever le défi de la modernité tout en restant fidèle à ses convictions profondes. Y parvenir revient à vivre en harmonie avec les principes fondamentaux (justice, égalité, liberté…).
C'est ce qu'il appelle
" l'universel commun ". " La voie de la fidélité ne s'oppose pas à la raison et au bon sens", déclare-t-il.
Et le penseur de se rattraper : " Cela dit, j'ai des exigences auxquelles je m'accroche pour pouvoir vivre en harmonie avec mes convictions. Si le autres interprètent cela comme des tentatives d'islamisation, ce n'est pas mon problème, mais le leur. " Allusion faite à sa réaction suite à la décision d'interdire le voile dans les établissements scolaires en France. Toutefois, creuser le hiatus entre les communautés ne sert à rien.
Il y a toujours un moyen de trouver un terrain d'entente pour régler ce type de problème. " Il n'y a pas de système clos. Il faut aller vers l'autre. L'uniformisation est à bannir au profit de l'universalisation qui consiste justement à tenir compte de la spécificité des autres cultures et des autres sociétés ", propose-t-il. Pour cela, il est permis, voire conseillé d'avoir un regard critique sur soi et d'accepter les critiques de l'Occident et de l'Europe parce qu'elles sont légitimes.
Le tout est d'éviter de tomber dans le piège de la provocation qui est contreproductive. " Il n' y a pas de mal à ce que les intellectuels musulmans revoient leur approches et leurs références en vue d'apporter de nouvelles réponses à de nouveaux défis. "
Dans ce cas quel serait le rôle d'un penseur comme lui dans la société ?
" J'ai un rôle de médiation et de traduction ", répond-il d'emblée.
Enraciné dans la tradition musulmane, l'intellectuel doit être formé à la culture européenne parce qu'il ne s'agit pas de deux univers monolithiques.
Sa mission serait de jeter les ponts entre les deux rives mais surtout d'accomplir un travail critique des deux côtés. " L'Europe a plus besoin d'un dialogue avec elle-même. Elle a une mémoire sélective dans laquelle elle essaie d'exclure l'Islam. "
Par ailleurs, il y a une lecture critique à faire vis-à-vis des textes pour arrêter de justifier des attitudes culturelles par l'Islam et vice versa. De la même manière qu'il faut mettre le texte en évolution permanente de l'histoire. " Le message pour les musulmans est éternel, mais il ne peut être compris qu'à la lumière du contexte qui lui donne un sens". En clair, il ne faut pas arrêter la révélation à un moment donné de l'histoire mais essayer de l'étudier dans son évolution.
Au tout début de la révélation, le Coran s'adressait à des populations qui tuaient les jeunes filles. Mais elle s'est terminée 23 années plus tard en affirmant que parmi les signes de la présence du créateur, il y a l'amour, l'affection qui s'établit entre la femme et l'homme dans un rapport d'égalité dans le couple.
Interrogé sur son avis concernant la formation de prédicatrice au Maroc, Tariq Ramadan a loué l'initiative en la qualifiant " d'acquis à préserver ". Laquelle position est confortée par le rite malikite.
Et le conférencier de renchérir : " En cas de besoin, il ne faut pas hésiter à s'ouvrir sur d'autres rites. Se battre pour diriger la prière n'est pas l'essentiel. Il ne confère pas d'autorité particulière. Tout sunnite qui se respecte doit donner la parole à la femme, le reste est superflu. Mais le débat ne se fera qu'à l'intérieur de la communauté marocaine.
Mais il n'en fut rien. Le petit-fils de Hassan El Benna, fondateur du mouvement des frères musulmans en Egypte, aurait-il perdu de son aura médiatique ? Ses positions n'intéressent-elles plus l'opinion publique ?
Tout laisse à penser que c'est le cas.
Lors de la conférence de presse, organisée par l'association Afdal du consommateur, seuls quelques organes de presse ont dépêché leurs journalistes pour couvrir
" l'événement " qui n'en était pas vraiment un.
Devant une assistance réduite, le débat a porté sur un sujet cher au penseur : " Islam et modernité ".
D'emblée, Tariq Ramadan s'est défendu de vouloir " islamiser la modernité ", accusation dont l'accable l'Occident et dont il se défend mordicus.
Pour mieux orienter le débat, il propose de poser la problématique autrement en se penchant sur la réflexion suivante : " Est-il possible de créer un Islam moderne ? ". Parce que selon lui, parler de la " réislamisation " sous-tend que les musulmans ont perdu leur religion. Or le véritable enjeu aujourd'hui, pour les musulmans, et pour lui en particulier, est de relever le défi de la modernité tout en restant fidèle à ses convictions profondes. Y parvenir revient à vivre en harmonie avec les principes fondamentaux (justice, égalité, liberté…).
C'est ce qu'il appelle
" l'universel commun ". " La voie de la fidélité ne s'oppose pas à la raison et au bon sens", déclare-t-il.
Et le penseur de se rattraper : " Cela dit, j'ai des exigences auxquelles je m'accroche pour pouvoir vivre en harmonie avec mes convictions. Si le autres interprètent cela comme des tentatives d'islamisation, ce n'est pas mon problème, mais le leur. " Allusion faite à sa réaction suite à la décision d'interdire le voile dans les établissements scolaires en France. Toutefois, creuser le hiatus entre les communautés ne sert à rien.
Il y a toujours un moyen de trouver un terrain d'entente pour régler ce type de problème. " Il n'y a pas de système clos. Il faut aller vers l'autre. L'uniformisation est à bannir au profit de l'universalisation qui consiste justement à tenir compte de la spécificité des autres cultures et des autres sociétés ", propose-t-il. Pour cela, il est permis, voire conseillé d'avoir un regard critique sur soi et d'accepter les critiques de l'Occident et de l'Europe parce qu'elles sont légitimes.
Le tout est d'éviter de tomber dans le piège de la provocation qui est contreproductive. " Il n' y a pas de mal à ce que les intellectuels musulmans revoient leur approches et leurs références en vue d'apporter de nouvelles réponses à de nouveaux défis. "
Dans ce cas quel serait le rôle d'un penseur comme lui dans la société ?
" J'ai un rôle de médiation et de traduction ", répond-il d'emblée.
Enraciné dans la tradition musulmane, l'intellectuel doit être formé à la culture européenne parce qu'il ne s'agit pas de deux univers monolithiques.
Sa mission serait de jeter les ponts entre les deux rives mais surtout d'accomplir un travail critique des deux côtés. " L'Europe a plus besoin d'un dialogue avec elle-même. Elle a une mémoire sélective dans laquelle elle essaie d'exclure l'Islam. "
Par ailleurs, il y a une lecture critique à faire vis-à-vis des textes pour arrêter de justifier des attitudes culturelles par l'Islam et vice versa. De la même manière qu'il faut mettre le texte en évolution permanente de l'histoire. " Le message pour les musulmans est éternel, mais il ne peut être compris qu'à la lumière du contexte qui lui donne un sens". En clair, il ne faut pas arrêter la révélation à un moment donné de l'histoire mais essayer de l'étudier dans son évolution.
Au tout début de la révélation, le Coran s'adressait à des populations qui tuaient les jeunes filles. Mais elle s'est terminée 23 années plus tard en affirmant que parmi les signes de la présence du créateur, il y a l'amour, l'affection qui s'établit entre la femme et l'homme dans un rapport d'égalité dans le couple.
Interrogé sur son avis concernant la formation de prédicatrice au Maroc, Tariq Ramadan a loué l'initiative en la qualifiant " d'acquis à préserver ". Laquelle position est confortée par le rite malikite.
Et le conférencier de renchérir : " En cas de besoin, il ne faut pas hésiter à s'ouvrir sur d'autres rites. Se battre pour diriger la prière n'est pas l'essentiel. Il ne confère pas d'autorité particulière. Tout sunnite qui se respecte doit donner la parole à la femme, le reste est superflu. Mais le débat ne se fera qu'à l'intérieur de la communauté marocaine.
