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Accueil next L'humain au centre de l'action future

Accusations d'imposture contre deux auteurs culte américains

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Les cercles littéraires américains bruissent de mille spéculations et commentaires depuis que deux auteurs culte se retrouvent accusés d'imposture. JT LeRoy et James Frey sont sous le feu de plusieurs articles qui sèment le doute sur l'identité et le sexe du premier, et sur la véracité de l'autobiographie de l'autre. Dans le cas de LeRoy, dont l'identité réelle est depuis longtemps l'objet d'interrogation, plusieurs enquêtes concluent que l'écrivain n'est pas l'ancien prostitué de 25 ans qu'il affirme être, mais une femme (presque) ordinaire de 40 ans.

Adoré par une impressionnante brochette de fans allant de Bono à Lou Reed ou Courtney Love, LeRoy a fait de rares apparitions publiques, toujours dissimulé derrière des lunettes de soleil et sous une perruque de femme blonde. Celui qui se présente comme désireux de changer de sexe, fut un enfant prostitué devenu toxicomane et séropositif avant d'être sauvé des rues de San Francisco par un couple, Laura Albert, 40 ans, et Geoffrey Knoop, 39 ans. LeRoy a raconté son expérience dans trois oeuvres semi autobiographiques qui n'ont fait que gagner en succès depuis la sortie de la première en 1997. Aujourd'hui publié dans 20 pays, LeRoy a aussi écrit le scénario du film de Gus van Sant, «Elephant».

Mais alors que sa célébrité grandissait, son insistance pour ne répondre aux interviews que via fax ou e-mail alimentait la suspicion. En octobre, un long article dans le magazine New York suggérait que Laura Albert et JT LeRoy ne faisaient qu'un et que le personnage de LeRoy n'était que pure fiction.
Lundi, le New York Times a enfoncé le clou, ajoutant que le visage public de Leroy était en fait celui de Savannah Knoop, demi-soeur de Geoffrey Knoop. «En tant que personne transgenre, j'utilise des doublures pour protéger mon identité», a réagi LeRoy dans un e-mail, après les révélations du Times, tandis qu'Albert et Knoop ont jusqu'ici refusé de commenter les allégations. L'autre scandale, qui implique James Frey, est lui moins complexe mais tout aussi grave dans ses accusations.

«Mille morceaux» («A Million Little Pieces»), ses mémoires racontant une vie de violence, d'addiction aux drogues et finalement de réhabilitation, s'est écoulé à deux millions d'exemplaires aux Etats-Unis en 2005, ce qui en a fait l'essai le plus vendu de l'année. Mais dimanche, le site d'investigation TheSmokingGun.com sortait un article intitulé «Mille morceaux de mensonges», après un examen approfondi de documents de police et de justice ainsi que des interviews de policiers. D'après le site, Frey a «entièrement inventé ou largement embelli» nombre de détails de son passé de hors-la-loi, notamment un trimestre passé derrière les barreaux et la mort d'une adolescente.

L'éditeur, Random House, a publié un communiqué de soutien à son auteur: «Nous soutenons notre auteur... et son livre qui a touché des millions de lecteurs». Frey lui-même a réagi par la colère sur son site internet, relevant que ces allégations n'étaient qu'une nouvelle tentative pour discréditer son travail. «Alors laissons les gens haineux haïr, laissons les sceptiques douter, j'assume mon livre et ma vie, et je ne ferai pas la faveur de répondre plus avant». Dans le cas de LeRoy comme de Frey, les commentateurs expriment en tout cas leur inquiétude de voir le public ainsi trompé, alors que les lecteurs semblent toujours plus friands de confessions et témoignages poignants où la ligne n'est pas toujours claire entre fiction et non-fiction.
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