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La peinture orientaliste s'expose

Un Maroc aux mille couleurs

La peinture orientaliste s'expose
Ils sont vingt-sept peintres, ils sont étrangers mais ils ont tous chéri ce pays au point d'ancrer leur passion sur des toiles, en couleurs et en lumière. Ce sont les artistes orientalistes qui seront à l'honneur lors de la nouvelle exposition organisée par la galerie casablancaise «Venise Cadre». L'événement se tiendra jusqu'au 31 décembre sur le thème «Hommage à l'Orientalisme».

Souvent associé à une curiosité occidentale vis-à-vis des civilisations de l'Orient, l'Orientalisme devient avec le temps une sorte de thème récurrent que l'on rencontre dans différents mouvements picturaux de ces deux derniers siècles. Des peintres européens, de toutes les souches, se sont adonnés à un nouvel exercice artistique qui n'a pas manqué de fasciner leurs contemporains. Avec un œil presque photographique, ils ont joué le rôle de «reporters». Leurs toiles ensoleillées et bigarrées racontaient l'Orient et l'Afrique du nord, tout en décrivant les civilisations de ces contrées lointaines et inconnues.

Des scènes quotidiennes, des univers mystérieux que les peintres s'ingénient de rendre encore plus énigmatiques, des visages halés, des architectures impressionnantes, des tenues «exotiques», des coutumes et des mœurs différentes… les toiles et les artistes de l'Orientalisme ont réussit à «visualiser» l'Orient.

Certes à leur façon, empreinte de beaucoup de fantaisie et d'imagination, mais ils ont participé à l'écriture de l'histoire de ces pays et parmi eux le Maroc. Source d'inspiration iconographique inépuisable, notre pays prend plusieurs apparences et différents sens dans les travaux des artistes exposés à Venise Cadre.

Français, Espagnols, Anglais, Belges, Suisse, américain…, ils sont venus d'autres pays, porteurs d'autres mentalités et visions et ils ont porté un nouveau regard curieux et fasciné sur le Maroc, sa nature, sa culture et ses habitants. Chacun à sa façon, ces peintres d'outre-mer ont donné forme à leur «pays fantasmé». Même avec les allures réalistes d'une scène de tous les jours, l'émotion, se cachant derrière les coups de pinceaux, trahit la subjectivité de l'artiste.

Ainsi, le Français Henri Pontoy avoue dans ses tableaux sa fascination pour les paysages du Sud. Les oasis déserts, les casbahs berbères et les personnages minuscules estompent à peine ses préférences. Edouard Edy-Legrand, en bon coloriste lyrique, fait des fêtes, des costumes et des fantasias ses thèmes favoris. Son talent coloré s'y épanouit. Pour José Cruz Herrera, le corps féminin a tous les charmes. «Trois Marocaines», est une mise à nu de la grâce féminine, sans retenue et avec beaucoup de liberté.

La foule, les souks et tout ce qui s'y tisse comme lien n'ont pas manqué à interpeller Christiane Levrat, l'autodidacte française. Avec elle, on a l'impression de plonger dans ce doux brouhaha des ruelles marchandes et des marchés hebdomadaires.
La fraîcheur, la couleur et la lumière se joignent dans «La dame au perroquet», signé Frantz Charlet. Allure berbère, toute en rouge habillée, la dame de Charlet, toute souriante, chatouille d'un regard noir et amusé, un perroquet vert perché sur sa main.

Découvrant le Maroc lors d'un voyage, le peintre belge finit par s'y donner à des expériences colorées inédites. Sa toile exposée en est l'expression. Dans les travaux du Français Marcel Busson les détails sont cruciaux. Son œil minutieux capte les infimes composantes des paysages sudistes qu'il se délecte à peindre.

Kasbahs, souks, fantasias et chevaliers intrépides… tout y est décrit avec un sens aigu du détail. Ses couleurs s'éclaircissent et s'assombrissent selon les situations et les personnages. Avec Busson, c'est un Maroc multicolore qu'on découvre ou qu'on a envie de découvrir. «A côté des stars, comme Eugène Delacroix, Jacques Majorelle, Eduard Edy-Legrand, José Cruz Herrerra ou Henry Pontoy, il existe des noms moins connus ou complètement inconnus, des curieux, qui ont visité le Maroc au XIXe siècle ou s'y sont installés pendant le protectorat…», écrit le critique d'art, Aziz Daki, dans la présentation de cette exposition. «Hommage à l'Orientalisme» est une tentative de restitution de dû à des artistes qui ont aimé ce pays, qui l'ont peint et qui ont également écrit son Histoire à travers leurs travaux.
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L'initiateur du mouvement

Eugène Delacroix (1798-1863) est l'un des noms les plus illustres du courant picturale orientaliste. Son romantisme conjugué à sa passion colorée pour l'Orient a donné jour à des œuvres inoubliables.
C'est lors d'un voyage en Afrique du nord en 1832 qu'il tombe amoureux des couleurs et de la richesse des costumes arabes. Sa collection de notes et de croquis rapportée de ce voyage va lui servir de source d'inspiration tout au long de sa vie.
Les couleurs enflammées et somptueuses de Delacroix annoncent une nouvelle aire pour la peinture qui se détache progressivement des règles rigides du classicisme.

REPÈRES
L'Orient en dates-clés
> 1704 : Antoine Galland publie la première traduction française des Contes «Mille et une nuits».
> 1721 : «Lettres persanes» de Montesquieu attire l'attention du grand public européen, avide de nouveautés.
> 1798-1799 : La campagne d'Egypte. Les artistes se «transforment» en journalistes de guerre («Le massacre de Chio» de Delacroix).
> 1855 et 1867 : L'orientalisme s'épanouit pour atteindre son sommet aux «Expositions universelles».
> 1870 : De nombreux artistes non Français rejoignent le mouvement (Italiens, Allemands, Anglais, Américains...)

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