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La gouvernance locale est la clé du développement économique du Maroc

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Le magistral rapport «Cinquante années de développement humain au Maroc» a clairement énuméré les difficultés auxquels l'économie du Royaume reste confrontée.

Pour autant, il faut éviter tout alarmisme qui aurait comme conséquence de paralyser notre capacité de réaction et qui risquerait d'installer durablement une sorte d'attentisme passif au sein de nos classes moyennes.
Heureusement ce n'est pas encore le cas, notre société civile faisant preuve d'une vitalité qui se fait sentir au-delà même des frontières.

C'est la garantie que l'avenir de notre économie sera probablement meilleur que son présent. Mais cet objectif ne sera atteint qu'il se crée entre l'Etat, l'entreprise et la société civile un véritable partenariat. Une approche qui devra être relayée par la participation des citoyens aux décisions intervenant au niveau local.

C'est la seule stratégie pour une bonne gouvernance qui est impérative pour bâtir les vraies bases de décollage économique.
Notre analyse part de l'hypothèse que le facteur de blocage au développement économique au Maroc, aussi bien que dans les autres pays en voie de développement, tient essentiellement à une mentalité individuelle non adaptée au progrès. C'est pour cette raison que notre approche doit s'inscrire dans un processus d'éducation citoyenne visant à responsabiliser l'individu, quel que soit son statut (agent de l'état, entrepreneur ou simple citoyen). C'est là le point de départ et d'arrivée de tout projet de changement.

Au XX ème siècle, le refus de cette réalité par le collectivisme a constitué une catastrophe pour une grande partie de l'humanité parce que la dictature idéologique faisait avorter les ambitions individuelles. Premier acteur: l'Etat. Bien que notre vision économique soit fondée sur l'initiative privée et la «main invisible» du marché libre, nous estimons que l'Etat est un acteur essentiel de la stratégie de développement économique.

C'est en effet à cette autorité globale que revient la mission de préparer le cadre institutionnel dans lequel s'effectuera le jeu de la concurrence. C'est aussi à l'Etat de veiller sur l'obéissance aux règles du jeu par les autres acteurs. C'est enfin à lui de faire respecter le droit.

Et si les organes de l'autorité locale nommée (le Wali) et élue ( le conseil régional) doivent définir les axes d'une politique de développement régional en concertation avec les deux autres partenaires, leur rôle le plus important est d'accompagner l'initiative privée en facilitant la tâche administrative et en préparant les infrastructures nécessaires au développement.

L'objectif de l'Etat serait donc de créer un environnement sain pour favoriser un meilleur épanouissement des qualités entreprenariales qui sont la capacité d'innover, de détecter et de saisir les opportunités économiques. Ensuite, l'entreprise. L'histoire de la révolution industrielle nous a enseigné que l'entrepreneur a été à l'origine du progrès technique et économique qu'ont connu l'Europe et les Etats-Unis tout au long du 19éme siècle.

Il a été le catalyseur de toutes les volontés de changement au sein de la société. Par conséquent, toute stratégie de développement qui ne tiendrait pas compte du rôle de cette catégorie socioprofessionnelle aboutirait forcément à l'échec. Mais la stratégie de gouvernance locale impose également d'établir dans l'entreprise des relations harmonieuses entre les dirigeants et les salariés.

Ceci ne peut se concrétiser que grâce à une participation accrue des travailleurs dans le processus de prise de décision et, surtout, dans le capital de l'entreprise.

Cette étape, que nous pouvons appeler «intégration interne», devrait être suivie par une autre étape non moins importante : «l'intégration externe».
Car une entreprise qui a réalisé des exploits économiques grâce à des ouvriers, des consommateurs et des hommes politiques locaux doit symboliser la réussite de toute une région.

Elle doit être enracinée dans son « voisinage » en s'associant aux divers activités sportives, culturelles et artistiques qui assurent la promotion de l'image de la région. Enfin, cette entreprise idéale doit être une entreprise citoyenne soucieuse de l'environnement naturel dans lequel elle exerce son activité.

Elle prône la protection de cet environnement et parraine toutes les initiatives dans ce sens qu'elle soit lancées par l'Etat ou par la société civile.

Dernier acteur de ce partenariat : la société civile. Ce concept qui a été largement médiatisé ces dernières années ne doit pas être limité à une élite citadine, embourgeoisée et déracinée parce que loin de toute réalité locale.

La société civile que nous appelons de nos vœux est une vaste mosaïque qui comprend aussi bien la simple association de quartier que les grandes corporations des professions libérales. Elle a pour vocation d'informer l'individu sur ses droits civiques et de le responsabiliser quant à ses devoirs envers la cité.

Elle doit alors émerger de l'environnement local et peser de tous son poids dans l'organisation de la vie sociale.

Une société civile forte et engagée devient la preuve de l'instauration d'une réelle démocratie participative qui permette aux citoyens, organisés dans des ONG, de contrôler autrement le travail des hommes politiques spécifiquement désignés pour représenter les citoyens dans les organes locaux.

Il s'agit d'une autre façon de vivre la démocratie. Une telle conception doit encore faire ses preuves mais on ne peut nier que ce type de démocratie est plus adapté à la gouvernance locale qui est la clé, comme nous l'avons souligné, du développement économiquement solide.
Malheureusement, force est de constater l'absence, dans nos partis politiques, de toute vision locale.

Ce sont les états-majors centraux qui tranchent, imposant des choix économiques, politiques et même des alliances qui n'obéissent qu'aux aléas de la politique politicienne nationale Le pays se prépare pourtant à un rendez-vous politique crucial puisque nous ne sommes plus qu'à un an d'élections législatives d'une grande importance. Les analystes sont unanimes à souligner que le processus démocratique marocain dépend largement de la réussite et de la transparence de ces élections.

Mais, pour notre part, nous regrettons que l'enjeu du développement économique risque d'être absent du débat électoral. Pour poser la première pierre de l'édifice d'une réelle gouvernance locale, il faudra en effet attendre la tenue de scrutins locaux et régionaux transparents.

Majidi Errachid - Doctorant en sciences économiques Centre d'Analyse Economique Université Paul Cézanne Aix En Provence
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