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Ali Haddani s'en va, ses paroles restent

L'auteur de “Yak a Jarhi” a marqué de sa plume inoubliable le répertoire de la chanson marocaine

Ali Haddani s'en va, ses paroles restent
Il était l'un des piliers de la chanson marocaine moderne. Un genre qu'il a tenté de tout son coeur de promouvoir. Il faut dire qu'il a réussi sa mission, grâce à des paroles engagées, créatives et innovantes. Ali Haddani qui nous a quittés, mercredi matin, a laissé derrière lui de vrais joyaux de la chanson nationale.

"Yak a jarhi", chanté par Naïma Samih, "Bared ouskhoune" par Mohamed Hayani, "Bent ennass", "Kif ydir Asidi", "Mataqchi Biya", par Abdelhadi Belkhayat, "Khayfa", par Samira Bensaid, sont entre autres des chansons écrites par feu Haddani. Elles ont toutes marqué les esprits des jeunes et des moins jeunes.

Le succès de «Yak a jarhi» a par exemple dépassé les frontières. Reprise par bon nombre d'artistes arabes notamment Georges Ouassouf, Cheb Khaled ou encore Assalah Nassri, cette chanson a hissé Naïma Samih au rang des grandes artistes arabes.

«J'ai côtoyé Ali Haddani depuis plusieurs années. C'était un homme intègre, modeste et timide. C'était le genre d'homme qui ne faisait pas de bruit. Il était très créatif. D'ailleurs ses paroles en sont la preuve flagrante», affirme Abdelhadi Belkhayat.
Des paroles qui traitent de tous les sujets. Sociales, humanitaires ou encore sentimentales, toutes les questions ont été évoquées dans les textes de Ali Haddani.

Né en 1936 à Fès, Ali Haddani a commencé sa carrière en tant qu'enseignant dans l'une des écoles privées de la capitale spirituelle du Royaume. Il est alors un instituteur «studieux» autant qu'un adepte du théâtre. Il avait une seule idée en tête : faire du théâtre. C'est d'ailleurs cette volonté implacable qui le poussera à quitter sa ville natale pour rejoindre la troupe théâtrale travailliste qui comptait parmi ses membres Tayeb Saddiki et Hassan Skalli.

Peu de temps après, il décide de regagner sa ville natale. Ali Haddani avait plusieurs cordes à son arc. En effet, il se lance dans le domaine de la peinture. Il organise même une exposition à Rabat. Mais c'est l'écriture et plus précisément celle des chansons qui l'attire le plus. Ali laisse tout tomber, et se consacre à son nouveau métier. Le succès a été au rendez-vous dès les premiers travaux.
Talentueux et hostile aux sujets standardisés, il devient l'un des paroliers les plus célèbres du Maroc. Aux côtés de Abdelhadi Belkhayat et du compositeur Abdelkader Wahbi, le défunt avait mis en place des travaux éternels. Tous les trois ont fait les beaux jours de la chanson marocaine.

Ali Haddani est tout le contraire du virtuose énumérant la liste de chansons, évoquant avec indifférence son métier, ou sa passion pour l'art. Imperceptiblement réservé, mais pas au point de laisser imaginer qu'il, détient un secret. Ni franchement rêveur, ni totalement là.

Un tempérament intense, comme le traduisent ses paroles, viscérales et spontanées. «Vous savez, Ali n'avait pas beaucoup d'amis. Il préférait plutôt rester chez lui pour écrire que d'aller à la rencontre des gens. C'était un homme assez réservé», continue Abdelhadi Belkhayat.
«Le décès de Ali Haddani est une grande perte pour le Maroc», a déclaré Hassan Nafali, président de la coalition marocaine de la culture et des arts. Avec son regard et son sourire authentiques, il demeure l'un des paroliers les plus célèbres au Maroc.
Depuis toujours, le contrat tacite entre Ali Haddani et son public repose sur une volonté de d'innover et surtout de promouvoir la chanson marocaine. Un pacte qui a duré plus de trente ans et qui a pris fin mercredi, jour de la disparition de l'artiste. Homme d'art à la stature internationale et poète qui aura marqué de son empreinte le domaine de la chanson dans notre pays, Ali laisse un héritage inestimable pour les générations présentes et à venir.
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