Ils s'appellent Ould Laabdia, Sbaï, Regraguia, Sahraoui, Mogador…, affichent tous les titres d'herboristes ou de "â'rragat" et officient dans le marché exotique de "Jmi'a".
Un lieu où les curieux ne sont pas les bienvenus.
Le regard incisif, les marchands vous scrutent avec méfiance dès que vous commencez à leur poser des questions sur leur marchandise. Dans cet espace, surgi de nulle part, où médecine naturelle et charlatanisme se côtoient sans conflit ni heurt, il est difficile de tracer les limites entre les deux domaines.
Dans cette espèce de "bulle" en marge de la modernité, tout paraît irréel. L'ambiance bruyante rappelle à l'ordre.
Il s'agit d'un lieu bel et bien réel. De leurs échoppes exiguës, des femmes et des hommes, en djellabas, interpellent les passants pour leur proposer leurs services. Entendez des séances de voyance ou de tatouage au henné. Un peu plus loin, à l'autre extrémité du marché, des tentes plantées ça et là, déchirées par l'usure jonchent le milieu des immondices et paraissent faire partie du décor.
Haut en couleur, mais également en senteurs "Souk l'ârragat", sis quartier Baladia à Casablanca, est un véritable fief pour les herboristes mais aussi pour une faune variée de pickpockets, de mendiants (marocains et africains) et de voyous, comme ce jeune délinquant qui, après avoir pris une bonne dose de "karkoubi", a décidé de déverser toute sa hargne sur les commerçants et les visiteurs du souk. Et d'insultes, et de vulgarité et de vandalisme…
Aucune âme ne bronche à son passage. Tout le monde attend avec sérénité que cette tornade humaine passe. Ils ne connaissent que trop bien ce voisin indésirable.
D'après certains commerçants de la place, "Souk l'ârragat" existe depuis 6 ou 7 décennies. Des années durant lesquelles des hommes et des femmes ont eu le temps de former de nouvelles générations au commerce des plantes, érigé en savoir-faire qui se transmet et se perpétue tout en se perfectionnant.
Mohamed, jeune herboriste fait partie de la jeune génération qui a hérité de ce métier. “Mon père tenait cette boutique il y a des années de cela. Aujourd'hui, je prends la relève”, nous dit-il .
Cette relève, ils sont nombreux à la prendre.
Tous parlent de ce métier comme d'un lègue. Très méfiants, ils préfèrent, toutefois, garder le silence sur les secrets de cette transmission.
Ce métier, que d'aucuns dénigrent est une véritable passion pour certains jeunes commerçants". “Depuis que j'étais à l'école, je dévore les livres sur les plantes. C'est d'ailleurs de cette façon que j'ai appris à quoi sert chaque plante et le dosage adéquat pour chaque traitement", avoue Brahim.
"Les gens ont tort de penser que nous sommes des charlatans. Nous leur offrons des remèdes contre les affections les plus dangereuses et les maladies de la peau les plus récalcitrantes", ajoute-il.
Sans s'en apercevoir, le jeune homme place dans un même registre thérapie physique et spirituelle.
Une dualité perceptible dans la disposition des échoppes qui comprennent une partie réservée aux plantes alors qu'à l'intérieur la magie opère… au sens propre du terme.
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En se promenant à souk "l'ârragat", le visiteur est saisi par le spectacle fabuleux des différentes espèces animales qui se donnent à voir sur les étalages. Cadavres d'aigles momifiés, caméléons séchés suspendus au plafond, toisons, palmes, cornes de cerfs et tortues de dimensions différentes sont entassés dans des petites cages.
Ce zoo en miniature promet monts et merveilles aux acquéreurs venus réclamer qui le cerveau d'un oiseau, qui ses yeux, qui sa peau… qui auraient pour vertu d'apprivoiser les autres, voire de les mettre à disposition.
Quand, il s'agit de commande de ce genre (pas très amène), certaines clientes affichent une gêne apparente. Elles se font très discrètes, s'approchent au maximum du vendeur pour murmurer les noms des dits organes dans son oreille. Ce sont généralement les jeunes femmes de classe aisée qui adoptent cette attitude.
Quant aux "Haja", elles réclament haut et fort leur marchandise. Désinvoltes, leur sans-gêne dénote une certaine habitude à fréquenter les herboristes. C'est notamment le cas de Fatna, pour qui les herbes ont toujours constituées le seul remède auquel elle a toujours recours, aussi bien pour ses maux physiques que pour régler ses affaires de cœur. "
Depuis des années que j'utilise ces herbes, je ne me suis plainte d'aucune complication ni d'intoxication. D'ailleurs, je n'attends pas de tomber malade pour m'en servir. Pour le reste, aucune pharmacie ne peut me procurer les remèdes adéquats ", lance-t-elle, le regard plein de malice.
C'est justement de cet engouement que se nourrissent certains apprentis sorciers pour exceller dans l'art de l'improvisation et de l'imposture.
Un lieu où les curieux ne sont pas les bienvenus.
Le regard incisif, les marchands vous scrutent avec méfiance dès que vous commencez à leur poser des questions sur leur marchandise. Dans cet espace, surgi de nulle part, où médecine naturelle et charlatanisme se côtoient sans conflit ni heurt, il est difficile de tracer les limites entre les deux domaines.
Dans cette espèce de "bulle" en marge de la modernité, tout paraît irréel. L'ambiance bruyante rappelle à l'ordre.
Il s'agit d'un lieu bel et bien réel. De leurs échoppes exiguës, des femmes et des hommes, en djellabas, interpellent les passants pour leur proposer leurs services. Entendez des séances de voyance ou de tatouage au henné. Un peu plus loin, à l'autre extrémité du marché, des tentes plantées ça et là, déchirées par l'usure jonchent le milieu des immondices et paraissent faire partie du décor.
Haut en couleur, mais également en senteurs "Souk l'ârragat", sis quartier Baladia à Casablanca, est un véritable fief pour les herboristes mais aussi pour une faune variée de pickpockets, de mendiants (marocains et africains) et de voyous, comme ce jeune délinquant qui, après avoir pris une bonne dose de "karkoubi", a décidé de déverser toute sa hargne sur les commerçants et les visiteurs du souk. Et d'insultes, et de vulgarité et de vandalisme…
Aucune âme ne bronche à son passage. Tout le monde attend avec sérénité que cette tornade humaine passe. Ils ne connaissent que trop bien ce voisin indésirable.
D'après certains commerçants de la place, "Souk l'ârragat" existe depuis 6 ou 7 décennies. Des années durant lesquelles des hommes et des femmes ont eu le temps de former de nouvelles générations au commerce des plantes, érigé en savoir-faire qui se transmet et se perpétue tout en se perfectionnant.
Mohamed, jeune herboriste fait partie de la jeune génération qui a hérité de ce métier. “Mon père tenait cette boutique il y a des années de cela. Aujourd'hui, je prends la relève”, nous dit-il .
Cette relève, ils sont nombreux à la prendre.
Tous parlent de ce métier comme d'un lègue. Très méfiants, ils préfèrent, toutefois, garder le silence sur les secrets de cette transmission.
Ce métier, que d'aucuns dénigrent est une véritable passion pour certains jeunes commerçants". “Depuis que j'étais à l'école, je dévore les livres sur les plantes. C'est d'ailleurs de cette façon que j'ai appris à quoi sert chaque plante et le dosage adéquat pour chaque traitement", avoue Brahim.
"Les gens ont tort de penser que nous sommes des charlatans. Nous leur offrons des remèdes contre les affections les plus dangereuses et les maladies de la peau les plus récalcitrantes", ajoute-il.
Sans s'en apercevoir, le jeune homme place dans un même registre thérapie physique et spirituelle.
Une dualité perceptible dans la disposition des échoppes qui comprennent une partie réservée aux plantes alors qu'à l'intérieur la magie opère… au sens propre du terme.
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Le fief des apprentis sorciers
En se promenant à souk "l'ârragat", le visiteur est saisi par le spectacle fabuleux des différentes espèces animales qui se donnent à voir sur les étalages. Cadavres d'aigles momifiés, caméléons séchés suspendus au plafond, toisons, palmes, cornes de cerfs et tortues de dimensions différentes sont entassés dans des petites cages.
Ce zoo en miniature promet monts et merveilles aux acquéreurs venus réclamer qui le cerveau d'un oiseau, qui ses yeux, qui sa peau… qui auraient pour vertu d'apprivoiser les autres, voire de les mettre à disposition.
Quand, il s'agit de commande de ce genre (pas très amène), certaines clientes affichent une gêne apparente. Elles se font très discrètes, s'approchent au maximum du vendeur pour murmurer les noms des dits organes dans son oreille. Ce sont généralement les jeunes femmes de classe aisée qui adoptent cette attitude.
Quant aux "Haja", elles réclament haut et fort leur marchandise. Désinvoltes, leur sans-gêne dénote une certaine habitude à fréquenter les herboristes. C'est notamment le cas de Fatna, pour qui les herbes ont toujours constituées le seul remède auquel elle a toujours recours, aussi bien pour ses maux physiques que pour régler ses affaires de cœur. "
Depuis des années que j'utilise ces herbes, je ne me suis plainte d'aucune complication ni d'intoxication. D'ailleurs, je n'attends pas de tomber malade pour m'en servir. Pour le reste, aucune pharmacie ne peut me procurer les remèdes adéquats ", lance-t-elle, le regard plein de malice.
C'est justement de cet engouement que se nourrissent certains apprentis sorciers pour exceller dans l'art de l'improvisation et de l'imposture.
