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Fès lance sa lutte contre la mendicité

Après Casablanca et Rabat, c'est au tour de Fès de lancer le programme de lutte contre la mendicité élaboré par le ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.

Fès lance sa lutte contre la mendicité
Lors du lancement officiel qui a eu lieu en fin de semaine dernière, Nouzha Skalli, ministre du Développement social a présidé une cérémonie de signature d'une convention de partenariat relatif à la réalisation d'un programme visant le renforcement des capacités des associations locales œuvrant dans le domaine de lutte contre la mendicité.

Ce programme a pour objectifs : de renforcer les capacités institutionnelles des associations locales par la mobilisation des ressources humaines nécessaires pour la réalisation du programme de lutte contre la mendicité, notamment celle à caractère professionnelle ; de rassembler les mendiants au centre social créé au sein de l'orphelinat islamique de Fès ; d'étudier les situations des mendiants et mettre en place les mécanismes nécessaires à leur intégration ; et enfin d'élaborer et financer des activités génératrices de revenus relatives aux mendiants dans le cadre de l'INDH.
A ce propos, le ministère du Développement social s'est engagé à réserver une enveloppe budgétaire de 1.000.000 DH pour la réalisation de ce programme.

«Le centre qui sera en charge de «recueillir» les mendiants sera géré par une association qui lui sera entièrement dédiée afin que cela nous donne plus de visibilité», explique Abdelatif Bouazza, directeur du développement social au niveau du département de tutelle. Selon le plan d'action 2007 du ministère, des équipes se déplaceront directement vers les lieux d'origine des mendiants afin de créer des projets générateurs de revenus pour réduire la mobilité rural/urbain des mendiants.
De la même manière, un projet de loi spécifique portant sur la mendicité professionnelle est en cours d'élaboration. Toutefois, le directeur du développement social a confirmé que pour l'instant le ministère est en cours de réflexion quant à la pertinence de mettre en place une nouvelle loi : «le code pénal inclut déjà des articles condamnant la mendicité et en particulier la mendicité professionnelle.

Par ailleurs, la mise en place d'une nouvelle loi va nécessiter beaucoup de temps, aussi nous sommes en train de voir s'il n'y a pas lieu plutôt de mettre en place des amendements. De toutes les façons, ce projet de loi est à l'ordre du jour et notre objectif est de pouvoir nous adapter au mieux à la réalité des choses», affirme-t-il. Quant aux différents types d'intégration prévus par la stratégie nationale de lutte contre la mendicité lancée en février 2006, le ministère, en collaboration avec les ministères de l'Intérieur, de la Justice, l'Entraide nationale et les associations, s'est basé sur trois approches. La première vise la réinsertion sociale des personnes qui s'adonnent à la mendicité à cause de leur éloignement de la famille. La deuxième approche a pour but d'intégrer les personnes sans ressource et sans capacité physique dans des établissements de protection sociale où elles seront prises en charge entièrement.

La dernière approche économique cible les mendiants ayant la volonté de lancer des petits projets mais qui se trouvent dans l'incapacité à cause du manque de capital. «Notre objectif est de pouvoir généraliser ensuite cette stratégie à l'ensemble des grandes villes du Maroc : Marrakech, Agadir et Meknès.
A Casablanca, depuis mars 2007, près de 2.000 mendiants ont été appréhendés.
C'est déjà un pas de fait. L'heure est donc aujourd'hui au bilan. Nous capitaliserons donc sur ces premières expériences (Casablanca et Rabat) afin de pourvoir généraliser au mieux ce programme», conclut Abdelatif Bouazza.
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La mendicité en chiffres

Il y aurait 195.950 mendiants au Maroc, dont 62,4% de mendiants professionnels. 51% sont des femmes et 49% des hommes. 39,6% d'entre eux sont concentrés dans l'axe Rabat, Kénitra, El Ghrab et le Grand Casablanca. Les régions de Fès-Boulmane et Meknès-Tafilalt se situent quant à elles au 3ème rang au niveau national avec plus de 28.000 mendiants.
Les 40-59 ans représentent la tranche d'âge des mendiants la plus importante avec 34,6% suivie des 60 ans et plus avec 29,6 et des 19-39 ans avec 24,3%. Tels sont les derniers chiffres révélés par la première enquête nationale sur la mendicité réalisée par le ministère du Développement social. Pour connaître l'ampleur du phénomène, l'étude a pris un échantillon de 3.400 personnes sur une population de 4,7 millions répartie dans huit régions.

Ainsi, il a été démontré que ce fléau est un phénomène qui se pratique essentiellement en milieu urbain (87,6%). La mendicité rurale ne constitue que 12,4%. Mais paradoxalement, 54,1% des mendiants proviennent de zones rurales. Les raisons les ayant poussé à mendier sont diverses. La pauvreté est citée comme raison principale avec 51,8% suivie du handicap avec 12,7%, de la maladie (10,8%) et du manque d'emploi (9,3%). 4,7% par contre déclarent être contraints à mendier.
L'étude a également démontré que chaque année, le nombre de nouveaux mendiants gagne entre 2 et 3 points en terme de pourcentage.
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