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Discours à Pékin du Président algérien sur le Sahara et la construction de l'UMA : La vision singulière du Maghreb de M. Bouteflika

A Pékin, où vient de s'achever le 3e Sommet de solidarité Chine-Afrique, le président Abdelaziz Bouteflika a choisi d'aborder le problème de la construction du Maghreb. Il l'a fait dans le cadre d'un discours prononcé à l'Université de Pékin, à l'issue au

Discours à Pékin du Président algérien sur le Sahara et la construction de l'UMA : La vision singulière du Maghreb de M. Bouteflika
Le Président algérien, qui ne déroge pas de sa position à l'égard du Maghreb (UMA), rappelle simplement que «la position de l'Algérie à l'égard du conflit du Sahara occidental ne constitue nullement une entrave à la construction du Maghreb». C'est une phrase ressassée, devenue à force une antienne pour ne pas dire un slogan. Et ce n'est ni la première ni la dernière fois que M. Bouteflika la prononce.

Elle prend cependant un relief particulier aujourd'hui, parce qu'elle se veut une manière de réponse, un écho au discours que Sa Majesté le Roi a prononcé lundi 6 novembre à l'occasion du 31e anniversaire de la Marche verte.

Le choix du lieu et du moment n'est pas fortuit chez le président algérien. L'Université de Pékin continue, à ses yeux, d'incarner une culture «révolutionnaire» marquée du sceau du marxisme et, au-delà, de l'idéologie tiers-mondiste.


C'est l'endroit propice pour prêcher toutes sortes d'arguties « maspéristes », enfin cette infatigable mais épuisante litanie sur « l'autodétermination », les « décolonisations » et d'autres mystifications sur « les peuples ».

Le référendum, l'autodétermination, les peuples, enfin tous les « arguments » spécieux auxquels se réfèrent inlassablement les dirigeants algériens, n'indiquent jamais une avancée dans leur manière d'aborder le problème. Ils restent sourds, paradoxalement, à la dernière résolution du Conseil de sécurité, adoptée fin octobre, qui réitère pourtant la volonté des Nations unies – donc de la communauté mondiale – de voir se mettre en œuvre une « solution politique au problème ».

Sauf à vouloir se mettre en porte-à-faux par rapport à l'organisation mondiale, M. Bouteflika ne semble pas si bien inspiré pour relancer, de nouveau, un débat de procédure tranché par le Conseil de sécurité, a fortiori dans un pays qui en est membre permanent. La Chine populaire elle-même, déployant tous ses efforts pour parachever son intégrité territoriale et son unité nationale, après Hong Kong, entend récupérer Taiwan (ancienne Formose) qu'elle revendique comme un territoire spolié...

Le Président algérien, qui dépasse ainsi son rôle protocolaire de hôte du gouvernement chinois pour le troquer contre celui de défenseur de la « cause sahraouie », mouvement séparatiste s'il en est, a fait un plaidoyer pro domo à Pékin pour la balkanisation de l'Afrique, alors que la Chine s'emploie à réunir ses rangs, à fédérer ses peuples, à combattre les démons qui menacent son unité, enfin. Il a également abordé, et c'est le second point qui nous interpelle, la question du Maghreb dont il déforme à la fois la réalité et propose une conception pour le moins fausse.

Le Maroc ne cesse de souligner que la construction de l'Union arabe du Maghreb (UMA) dont il est plus que membre fondateur – puisqu'elle a vu le jour à Marrakech le 17 février 1989 -, requiert une clarification nécessaire et incontournable. Autrement dit, elle doit reposer sur les engagements pris par ses Etats membres, dont celui de respecter l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de chacun d'entre eux.

Or, sur ce point précis, le gouvernement algérien ne semble guère s'encombrer de principes. Il piétine les textes et les actes solennels, et quant à l'intégrité territoriale du Maroc, faute de la dessiner comme sa mégalomanie l'y incite, il s'échine partout à la malmener. Il ne peut continuer aussi impudemment à demander la construction du Maghreb – qui suppose au préalable une entente concertée - tout en fomentant le funeste projet d'amputation du territoire de l'un de ses membres, à savoir le Maroc…

La construction du Maghreb, idéal partagé par les peuples de la région et qui transcende au demeurant la volonté des Etats, semble aujourd'hui prise en otage par un gouvernement algérien schizophrénique qui s'emploie à la combattre, à la contrecarrer et à la ruiner. Oui, en effet, le gouvernement algérien, contrairement à ce qu'affirme le président Bouteflika, entrave bel et bien la construction du Maghreb ! Oui encore, sa position d'hostilité affichée à l'égard de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Maroc constitue un handicap majeur à l'édification d'un ensemble régional cohérent, harmonieux, économiquement attractif et plein de potentialités.

Le Maroc se refuse, récuse catégoriquement ce qu'on peut qualifier de « séparation de la problématique » : il n'y a pas pour lui « le problème du Sahara » et « le problème du Maghreb », comme d'aucuns seraient tentés d'y succomber.

Il y a un problème global, dont les éléments structuraux sont intimement liés par une implacable dialectique : l'édification du Maghreb n'est possible que si chacun des Etats respecte les aspirations des autres partenaires, ne se lance pas dans des opérations de déstabilisation contre l'un ou l'autre, ne fomente pas des complots à son endroit, s'abstient à encourager les dissidences et les séparatismes… C'est la condition sine qua non à tout projet d'édification commune.

Jusque-là, chacun en conviendra, le gouvernement algérien semble jouer sa propre partition, il est contre le Maghreb, mais s'évertue à nous donner des leçons…
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