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Le sommeil de la Raison

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Depuis maintenant dix-sept ans, sous les intermittences d'une actualité foisonnante et folle - voire plus si l'on remonte à la première guerre du Golfe qui l'a opposé en 1980 à l'Iran -, Saddam Hussein n'a cessé d'occuper le devant de la scène internationale. Par à-coups, certes, mais avec une présence qui ne s'est jamais démentie puisqu'il s'est constamment trouvé confronté à la première puissance mondiale, les Etats-Unis. George Bush père, Bill Clinton et enfin George W. Bush : trois présidents se sont acharnés ainsi à le destituer, chacun à sa manière, le tout dernier encore au pouvoir ayant eu finalement raison de lui après avoir détruit son régime en mars 2003 et lui avoir ainsi porté le coup de grâce.

Saddam Hussein pendu, George W. Bush satisfait, ses adversaires soulagés ! Pour autant, le "Mal" est-il conjuré une fois pour toutes, extirpé enfin ? Fallait-il, dans cet irrépressible désir de revanche et de châtiment punitif, en arriver à cette pendaison programmée indécemment un jour de communion, au mépris des valeurs sacrées d'une communauté islamique secouée et meurtrie ? Le régime de fer, la répression infligée des années durant au peuple irakien et aux minorités ont nourri, ou peu s'en faut, tout un arsenal de griefs contre lui. Ils n'ont pas empêché pour autant nombre de dirigeants du monde entier de le rencontrer et - pétrole oblige - de signer des accords avec lui. Les gouvernements américains qui se sont succédés, ont cultivé une irascible volonté d'en découdre avec lui, quitte à le soutenir pourtant contre l'Iran de l'Ayatollah Khomeiny.

Cependant, il ne fut pas le seul dictateur abhorré par des consciences manichéennes. Un certain autre, qui ne faisait pas dans la dentelle lui non plus, coupable avéré de milliers de morts, Pinochet en l'occurrence, le président Bush l'a laissé mourir de sa belle mort...
La pendaison constitue pour tous les démocrates du monde un châtiment des plus barbares et rétrogrades. Elle nous ramène à l'âge de la pierre. L'exécution de Saddam Hussein s'inscrit, nous dira-t-on, dans le cadre d'un article de la Constitution irakienne que lui-même avait inspirée. Outre qu'elle divise les consciences, son exécution - le jour de l'Aïd Al Adha - a été entourée expressément par une médiatisation dont on pouvait et devait se passer.

Le sommeil de la Raison engendre les monstres, disait Goya ! Le peuple irakien, qui a vécu une longue et impassible répression, connu deux guerres, suivies d'un long embargo international, sera encore plus déchiré, plus divisé après la pendaison de Saddam Hussein. C'est peu dire qu'une inconnue pointe à son horizon et s'empare de son fragile destin.
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