Menu
Search
Dimanche 21 Décembre 2025
S'abonner
close
Dimanche 21 Décembre 2025
Menu
Search

Trois questions à Nadia Essalmi, directrice de la maison d'édition Yomad

No Image
Le Matin du Sahara : Pensez-vous que ce prix consacre les éditions Yomad ou la lecture au Maroc ?

Il est évident qu'il consacre Yomad, parce que c'est ce genre de manifestation qui me donne de l'espoir et qui récompense l'immense travail qu'on fait. Il ne faut pas croire que l'édition est un travail quelconque. Il demande beaucoup d'effort d'autant plus que je suis toute seule à bord.

Par la même occasion, ce prix est une consécration au livre marocain pour enfants en général étant donné que le livre est la source de tout développement. On peut donc dire que c'est également une consécration du développement. Espérons que cela va pousser le livre de la jeunesse, qui est encore à l'état embryonnaire, à se développer incessamment.

Peut-on dire que le livre pour enfants est plus difficile à confectionner étant donné qu'il demande un grand travail de fond mais aussi sur la forme pour le rendre attractif pour les enfants ?

Bien entendu, il faut savoir qu'écrire pour les enfants est un métier à part. Tous les auteurs qui écrivent pour les adultes ne peuvent pas le faire pour les enfants. Ce fut notamment le cas de Fouad Laroui et de Zakia Daoud. C'est une grande responsabilité qu'endosse l'éditeur parce qu'il faut savoir qu'on s'adresse à des enfants qui ne sont pas encore formés en tant qu'adultes. Tout ce qu'on met dans les livres, à leur intention, sont des choses avec lesquelles on façonne l'adulte de demain. Il faut donc être très pointilleux sur le choix des textes et maîtriser les valeurs qu'on véhicule dans les livres.

Mais, en même temps, il ne faut jamais oublier que le livre doit rester un plaisir avant tout. On donne souvent à l'enfant des livres remplis de morale alors qu'il en subit à longueur de journée à l'école. Si le soir, il se met dans son lit pour lire et y prendre du plaisir, on ne va pas, encore une fois, le pointer du doigt et le matraquer avec des consignes. Je tiens à véhiculer un certain nombre de valeurs mais par le biais du plaisir.

Que conseillez-vous aux jeunes lecteurs ?

De savoir qu'en ouvrant un livre, on livre un monde voire plusieurs mondes. Pour s'en rendre compte, on n'a qu'à imaginer le bonheur d'une personne qui travaille dans une librairie, celui d'avoir autant de livres autour de soi, autant de mondes, de connaissances et de valeurs.

L'enfant marocain, je suis désolée de le dire mais c'est une réalité, ne connaît pas d'autres ouvrages que le livre scolaire. Je le dis par expérience parce que quand je tourne dans les écoles et que je m'adresse à des enfants, c'est avec un grand bonheur que je les vois emballés par l'histoire avec des yeux grand ouverts et un plaisir immense.

Il ne faut pas penser que le Marocain ne lit pas. La vérité c'est qu'il ne trouve pas ce qu'il cherche dans ce qu'on lui offre. On ne lui a pas expliqué ce que c'est que la lecture. Nous sommes un peuple de tradition orale et non de tradition écrite. Nous vivions donc une phase de transition. Nous passons de l'oral vers l'écrit. Le livre reste le produit par lequel cette transition devrait passer.
Lisez nos e-Papers