«Il se fiche de tout, il ne s'intéresse à rien, il ne respecte plus rien !», une plainte de parents exaspérés et désespérés de leur impuissance. Ce n'est un secret pour personne : l'adolescence est une zone de turbulences. Elle ne secoue pas seulement ceux qui la traversent - les adolescents -, mais aussi leur entourage et, en premier lieu, leurs parents. La crise d'adolescence est aujourd'hui entrée dans le vocabulaire. Personne ne la conteste, on la considère comme un passage obligé.
Les enfants éprouvent le besoin d'affirmer leur individualité contre leurs parents et ceux-ci croient de leur devoir de raffermir leur autorité pour continuer à jouer leur rôle d'éducateur et ne pas donner l'impression de démissionner à la première alerte. «Les parents n'osent pas relâcher leur contrainte car ils «savent» que leur enfant aurait alors une conduite complètement incontrôlable. Pour le jeune, la rébellion est le seul moyen de survivre psychologiquement contre les exigences toujours plus fortes de ses parents», confirme Dr Azzeddine Goudrar, psychiatre.
Le passage vers l'âge adulte s'étale sur plusieurs années. Il commence généralement vers 12 ans et se déroule par étapes. Leur rythme et leur succession varient beaucoup d'un adolescent à l'autre. «A l'adolescence, il n'y a ni règle ni calendrier pour dire qu'un jeune ne se développe pas «normalement»!insiste le docteur. Cela ne doit pas nous empêcher d'être attentifs à nos ados et d'essayer de capter leurs appels à l'aide lorsqu'ils se sentent dans une impasse au cours de leur voyage vers l'âge adulte», annonce le docteur.
Les parents se retrouvent face à deux problèmes majeurs et récurrents : l'insolence et l'indifférence vis-à-vis des études. Bon nombre de parents que nous avons rencontrés ont rapporté exactement la même phrase : «Mais m… je parle comme je veux, je fais comme je veux p…, laissez-moi vivre ma vie…». «Critiquer, répondre et insulter c'est sa manière d'exprimer son indépendance, certes, de manière maladroite. Il met ainsi une distance avec vous, il recherche son autonomie tout en ayant besoin de sécurité.
Par cette provocation, il teste votre résistance et votre respect des codes parentaux que vous lui avez inculqués», explique le spécialiste. Et d'ajouter : «Ce qui passe pour de l'agressivité envers les parents est en fait une réaction contre un excès d'amour et de dépendance envers eux !». Ce n'est pas pour autant que les parents doivent restez les bras croisés. Nejwa Semlali, psychologue, profère aux adultes le conseil suivant : «Ne montez pas sur vos grands chevaux à chaque fois qu'il dit un mot déplacé, vous risquez surtout l'escalade. Posez tout de même quelques limites en mettant déjà le holà sur les mots les plus crus. Il doit comprendre qu'il est important de s'autocensurer et que, devant vous, tout n'est pas permis.
A côté, il faut donner l'exemple. Malgré les désaveux qui jalonnent la période de crise d'adolescence, c'est d'abord auprès de ses parents que l'enfant cherche des modèles identitaires».
Quant à ceux qui vivent un échec scolaire, la spécialiste prône une explication assez étonnante. «Leurs difficultés scolaires ne font que confirmer un vécu de dévalorisation. Souvent, ce sont les ados paraissant les moins intéressés par l'école qui sont pourtant les plus sensibles à leur image de mauvais élèves et les plus blessés par leurs échecs malgré leur indifférence affichée !», déclare-t-elle.
Cependant, bien des difficultés relationnelles ne persistent que parce qu'elles sont entretenues par ceux-là mêmes qui cherchent sincèrement à y remédier. C'est pourquoi il ne faut pas perdre de vue que c'est une période riche: «C'est le moment où l'adolescent devient accessible intellectuellement aux valeurs sociales et morales abstraites», confirme la psychologue. L'adolescence est une étape nécessaire pour accéder au statut d'adulte.
Mais c'est aussi une formidable période de découvertes, de créativité dont on gardera la nostalgie plus tard… pour autant qu'elle n'ait pas été trop douloureuse! Pour cela, il faut communiquer pour se mettre à l'abri de la rupture de dialogue.
Ceci nécessite regard, écoute et adaptabilité de part et d'autre. Nous devons, non seulement observer notre adolescent, mais aussi analyser nos propres réactions et essayer de les comprendre pour tenter de les contrôler.
> Le respect
Ne le dévalorisez pas, ne vous moquez pas de lui. En le respectant, vous l'amènerez à vous respecter. Complimentez-le plutôt.
Ne le jugez pas trop rapidement, ni trop vivement, surtout si votre opinion est à l'opposé. Il cherche souvent à vous faire réagir et à vous déstabiliser.
S'il vous demande votre avis, soyez bref, ne l'abreuvez pas d'un discours moralisateur avec un regard lourd de conséquence qui n'aura pour résultat que de l'exaspérer.
Ne l'obligez pas à partager votre avis : c'est la confrontation avec ses proches qui construira ses convictions. N'exigez pas une réaction immédiate à votre demande. Il doit la discuter et faire son opinion.
Intéressez-vous à ce qu'il dit. Pour parler, trouvez tous les deux un moment, supportez de «perdre du temps», tout peut et doit passer par la parole. La violence est à proscrire, n'allez jamais jusqu'au point de rupture où l'échange se transformerait en relation dominant-dominé.
Et enfin, acceptez qu'il ne soit pas l'enfant idéal et qu'il ne fera pas ou ne sera pas ce qu'au fond de votre cœur vous avez toujours souhaité qu'il soit… A tout débordement contenez la rage et les injures. Dites-lui qu'il y a toujours un moyen de se comprendre et essayez ensemble de le trouver. Mettez fin à un échange trop tendu par «nous en reparlerons quand nous pourrons toi et moi aborder ce sujet calmement».
> Le langage
- Ne vous forcez pas : Rien n'est pire que d'utiliser le même langage que lui pour faire «jeune » ou «branché», et sembler lui dire : «je t'ai compris» !
- Ne le maternez pas : Evitez les surnoms doux qui ont fait le charme de la petite enfance, ils serviront aux prochaines conquêtes.
- Contrôlez-vous : quand vous souhaitez lui dire quelque chose, soyez clair, calme et maîtrisez vos paroles (cela demande parfois de gros efforts).
- Traitez-le en adulte : évaluez ensemble ses besoins en argent, évitez d'être trop généreux ou pingre.
REPÈRES
Attention à
la dépression
Les signes révélateurs:
> la tristesse ;
> le sentiment d'auto dévalorisation, d'être incompris, étranger ;
> les problèmes de sommeil ;
> l'irritabilité, le repliement sur soi-même ;
> les difficultés de concentration ;
> la fatigue, la diminution de l'élan vital;
> les douleurs dorsolombaires ;
> Les troubles alimentaires ;
> la diminution des activités ludiques, absence de rire, de sourire ;
> l'analyse essentiellement négative des choses ;
> les conduites à risques voire suicidaires;
> la baisse des résultats scolaires.
Les enfants éprouvent le besoin d'affirmer leur individualité contre leurs parents et ceux-ci croient de leur devoir de raffermir leur autorité pour continuer à jouer leur rôle d'éducateur et ne pas donner l'impression de démissionner à la première alerte. «Les parents n'osent pas relâcher leur contrainte car ils «savent» que leur enfant aurait alors une conduite complètement incontrôlable. Pour le jeune, la rébellion est le seul moyen de survivre psychologiquement contre les exigences toujours plus fortes de ses parents», confirme Dr Azzeddine Goudrar, psychiatre.
Le passage vers l'âge adulte s'étale sur plusieurs années. Il commence généralement vers 12 ans et se déroule par étapes. Leur rythme et leur succession varient beaucoup d'un adolescent à l'autre. «A l'adolescence, il n'y a ni règle ni calendrier pour dire qu'un jeune ne se développe pas «normalement»!insiste le docteur. Cela ne doit pas nous empêcher d'être attentifs à nos ados et d'essayer de capter leurs appels à l'aide lorsqu'ils se sentent dans une impasse au cours de leur voyage vers l'âge adulte», annonce le docteur.
Les parents se retrouvent face à deux problèmes majeurs et récurrents : l'insolence et l'indifférence vis-à-vis des études. Bon nombre de parents que nous avons rencontrés ont rapporté exactement la même phrase : «Mais m… je parle comme je veux, je fais comme je veux p…, laissez-moi vivre ma vie…». «Critiquer, répondre et insulter c'est sa manière d'exprimer son indépendance, certes, de manière maladroite. Il met ainsi une distance avec vous, il recherche son autonomie tout en ayant besoin de sécurité.
Par cette provocation, il teste votre résistance et votre respect des codes parentaux que vous lui avez inculqués», explique le spécialiste. Et d'ajouter : «Ce qui passe pour de l'agressivité envers les parents est en fait une réaction contre un excès d'amour et de dépendance envers eux !». Ce n'est pas pour autant que les parents doivent restez les bras croisés. Nejwa Semlali, psychologue, profère aux adultes le conseil suivant : «Ne montez pas sur vos grands chevaux à chaque fois qu'il dit un mot déplacé, vous risquez surtout l'escalade. Posez tout de même quelques limites en mettant déjà le holà sur les mots les plus crus. Il doit comprendre qu'il est important de s'autocensurer et que, devant vous, tout n'est pas permis.
A côté, il faut donner l'exemple. Malgré les désaveux qui jalonnent la période de crise d'adolescence, c'est d'abord auprès de ses parents que l'enfant cherche des modèles identitaires».
Quant à ceux qui vivent un échec scolaire, la spécialiste prône une explication assez étonnante. «Leurs difficultés scolaires ne font que confirmer un vécu de dévalorisation. Souvent, ce sont les ados paraissant les moins intéressés par l'école qui sont pourtant les plus sensibles à leur image de mauvais élèves et les plus blessés par leurs échecs malgré leur indifférence affichée !», déclare-t-elle.
Cependant, bien des difficultés relationnelles ne persistent que parce qu'elles sont entretenues par ceux-là mêmes qui cherchent sincèrement à y remédier. C'est pourquoi il ne faut pas perdre de vue que c'est une période riche: «C'est le moment où l'adolescent devient accessible intellectuellement aux valeurs sociales et morales abstraites», confirme la psychologue. L'adolescence est une étape nécessaire pour accéder au statut d'adulte.
Mais c'est aussi une formidable période de découvertes, de créativité dont on gardera la nostalgie plus tard… pour autant qu'elle n'ait pas été trop douloureuse! Pour cela, il faut communiquer pour se mettre à l'abri de la rupture de dialogue.
Ceci nécessite regard, écoute et adaptabilité de part et d'autre. Nous devons, non seulement observer notre adolescent, mais aussi analyser nos propres réactions et essayer de les comprendre pour tenter de les contrôler.
GARDEZ LE CONTACT
> Le respect
Ne le dévalorisez pas, ne vous moquez pas de lui. En le respectant, vous l'amènerez à vous respecter. Complimentez-le plutôt.
Ne le jugez pas trop rapidement, ni trop vivement, surtout si votre opinion est à l'opposé. Il cherche souvent à vous faire réagir et à vous déstabiliser.
S'il vous demande votre avis, soyez bref, ne l'abreuvez pas d'un discours moralisateur avec un regard lourd de conséquence qui n'aura pour résultat que de l'exaspérer.
Ne l'obligez pas à partager votre avis : c'est la confrontation avec ses proches qui construira ses convictions. N'exigez pas une réaction immédiate à votre demande. Il doit la discuter et faire son opinion.
Intéressez-vous à ce qu'il dit. Pour parler, trouvez tous les deux un moment, supportez de «perdre du temps», tout peut et doit passer par la parole. La violence est à proscrire, n'allez jamais jusqu'au point de rupture où l'échange se transformerait en relation dominant-dominé.
Et enfin, acceptez qu'il ne soit pas l'enfant idéal et qu'il ne fera pas ou ne sera pas ce qu'au fond de votre cœur vous avez toujours souhaité qu'il soit… A tout débordement contenez la rage et les injures. Dites-lui qu'il y a toujours un moyen de se comprendre et essayez ensemble de le trouver. Mettez fin à un échange trop tendu par «nous en reparlerons quand nous pourrons toi et moi aborder ce sujet calmement».
> Le langage
- Ne vous forcez pas : Rien n'est pire que d'utiliser le même langage que lui pour faire «jeune » ou «branché», et sembler lui dire : «je t'ai compris» !
- Ne le maternez pas : Evitez les surnoms doux qui ont fait le charme de la petite enfance, ils serviront aux prochaines conquêtes.
- Contrôlez-vous : quand vous souhaitez lui dire quelque chose, soyez clair, calme et maîtrisez vos paroles (cela demande parfois de gros efforts).
- Traitez-le en adulte : évaluez ensemble ses besoins en argent, évitez d'être trop généreux ou pingre.
REPÈRES
Attention à
la dépression
Les signes révélateurs:
> la tristesse ;
> le sentiment d'auto dévalorisation, d'être incompris, étranger ;
> les problèmes de sommeil ;
> l'irritabilité, le repliement sur soi-même ;
> les difficultés de concentration ;
> la fatigue, la diminution de l'élan vital;
> les douleurs dorsolombaires ;
> Les troubles alimentaires ;
> la diminution des activités ludiques, absence de rire, de sourire ;
> l'analyse essentiellement négative des choses ;
> les conduites à risques voire suicidaires;
> la baisse des résultats scolaires.
