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Hajar, «la Cosette» de Casablanca

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Hajar, une enfant qui n'a pas encore soufflé sa sixième bougie, mais déjà, elle en veut au monde entier pour sa condition de petite fille forcée très tôt à travailler dur pour survivre.

A la voir s'acharner pour vendre aux clients attablés aux cafés des chewing-gums et des kleenex, on ne peut s'empêcher de penser au triste sort de tant d'enfants laissés pour compte au ban de la société, et qui pour survivre, sont contraints d'exercer des petits métiers ou carrément faire la manche.

Sa silhouette est désormais connue de tous les clients de cafés dans le Centre-ville de Casablanca. Et pour cause, Hajar, quoique vêtu de loques, attire les regards par la beauté de ses traits, la grâce de sa démarche, ses yeux bleus et ses cheveux blonds.

Dans ses pérégrinations quotidiennes, qui commencent tôt le matin pour s'étirer jusqu'au soir, notre petite blondinette est toujours accompagnée d'une vieille dame loqueteuse, sa supposée mère, car elle peut être aussi, comme il est devenu très courant, sa patronne.

C'est d'ailleurs l'avis de cet universitaire, qui, en voyant Hajar dans le café, a affirmé sur le ton de la certitude à son compagnon de table que la petite déguise sa mendicité en vendant de menu fretin, criant haro sur ceux et celles qui exploitent si abjectement l'innocence pour se faire sur leur dos du fric.

Un phénomène devenu par trop prégnant dans notre société comme l'a révélé, entres autres enquêtes, celle toute récente de Rahma Bouchayouaa Jouhari, qui tire la sonnette d'alarme sur l'ampleur du phénomène de la mendicité des enfants de moins de douze ans, attribuant cela, notamment, à la pauvreté, au chômage, au divorce des parents et à l'exode rural.

Du coup, on assiste aujourd'hui à une sorte de professionnalisation de la mendicité devenue un gagne-pain des plus normal, un métier comme les autres, qui sert plutôt les intérêts de certains exploitants de ce filon qui se servent des enfants des autres. Des enfants souvent loués chez leurs parents pauvres où pire encore enlevés.

Une pratique condamnable que le ministère du Développement social, de la Ffamille et de la Solidarité a, dans de nombreuses occasions et campagnes de sensibilisation, montré du doigt, tout en déconseillant de la bouche même du responsable de ce département, Abderrahim Harouchi, aux gens de s'apitoyer devant cet étalage grossier et cette mise en scène de la mendicité qui n'est en fait que de l'escroquerie.

D'où, l'urgence de combattre, par tous les moyens de sensibilisation et aussi de coercition, cette pratique qui porte atteinte à l'équilibre psychologique fragile des enfants exploités à des fins de mendicité et met en otage leur avenir incertain.
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