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Le châtiment corporel des enfants, une pratique illégale

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Indignée par la maltraitance des enfants en Amérique latine, dont la plupart des pays ont légalisé la punition corporelle au foyer familial comme à l'école, la jeunesse faisait entendre sa voix au 6e Forum social mondial (FSM) qui lui a réservé un espace propre à Caracas.

Hébergé au sein du rendez-vous altermondialiste, qui s'est achevé dimanche, un «Forum des enfants» a proposé des ateliers de réflexion et d'échange sur le thème de la violence, déclinée aussi en pièces de théâtre, dans un lycée du centre de la capitale vénézuélienne.

«On doit nous prendre en compte et nous donner la parole. Il ne faut pas seulement que ce soient les adultes qui parlent aux enfants», affirme à l'AFP Wilfredo Antequeria, un Vénézuélien de 14 ans, dont le regard sérieux tranche avec la petite taille.

Venu représenter l'«Assemblée de l'enfance» créée dans sa région de Carabobo, ce jeune garçon, qui veut devenir avocat, entend dénoncer les «coups» des parents ou les «fessées» des maîtres.

Selon un rapport publié en 2005 par le Comité des droits de l'enfant des Nations Unies, aucun pays de la région d'Amérique latine n'a déclaré illégal le châtiment corporel contre les enfants. A l'école, la législation ne l'interdit qu'en Equateur, au Honduras et en République dominicaine.

De nombreux textes de loi recommande au contraire cette pratique. L'article 215 du Code de la famille salvadorien stipule ainsi qu'«il est du devoir du père et de la mère de corriger de manière appropriée et modérée leurs enfants».

Le Pérou, le Chili, le Brésil ou encore Cuba autorisent également une punition «modérée». Au Costa-Rica, une étude réalisée en 2003 par la fondation Paniamor sur 1.034 enfants, âgés de 9 à 16 ans, a révélé que 47,8% d'entre eux, soit près de la moitié, subissaient un châtiment corporel au foyer de manière occasionnelle et 4,2% fréquemment.

Lors des débats au lycée Andres Bello, vaste établissement aux murs défraîchis, Amanda Ferias, une collégienne de 17 ans vivant à Caracas, raconte aux participants le cas d'une camarade que sa mère a décidé de punir pour avoir volé en la forçant à «poser les mains sur les plaques brûlantes de la gazinière».
Au sein de diverses associations, cette adolescente milite pour promouvoir des programmes sur la violence infantile à la télévision ou développer des journaux scolaires axés sur cette thématique.

«Le châtiment corporel une pratique légitimée dans l'esprit des parents, liée aussi aux croyances religieuses. Certains le conçoivent même comme une preuve d'affection, alors qu'il créé des dommages psychologiques importants», explique à l'AFP Cecilia Beltran, une avocate péruvienne de 26 ans, membre de la Commission andine des juristes (CAJ), une association créée en 1982 qui regroupe Pérou, Colombie, Chili, Equateur et Venezuela.

Au Pérou, un amendement législatif visant à réformer le «code des enfants et adolescents» pour interdire la punition corporelle, a été déposé en juillet 2005 par la député Tora Nunez du parti «Pérou Possible», appartenant à la majorité présidentielle. Un projet similaire a déjà été validé par le Parlement au Brésil et se trouve en cours d'examen au Sénat.

Selon le rapport des Nations Unies, actuellement 192 pays dans le monde ont accepté l'obligation de se conformer à l'article 19 de sa Convention internationale qui protège les enfants contre «tout forme» de violence.
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