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Un élève exclu, un délinquant de plus ?

Un constat qui donne des sueurs froides aux parents

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Un événement inhabituel s'est produit dernièrement dans un établissement d'enseignement privé à Casablanca. A la sortie des classes un affrontement entre des élèves de l'école avec une bande déchaînée du quartier a pris une tournure violente.

Les accrochages entre les deux clans auraient failli tourner en drame si les vigiles, présents sur les lieux, n'étaient pas 111venus.

Cependant, le problème ne s'est pas arrêté là. Selon Odile Suire, administrative et actionnaire dans l'établissement, une rumeur s'est propagée dans l'école : «Nos élèves ont été avertis par leurs camarades qu'un autre combat se prépare. Nous avons donc mis en place des dispositifs pour empêcher que les élèves ne passent à l'acte», dit-elle. La première réaction a été de fouiller les cartables pour détecter les meneurs et faiseurs de trouble.

Ce geste s'est d'ailleurs révélé positif puisque plusieurs engins dangereux ont été confisqués par Chaîbi Najat, directrice pédagogique de l'établissement. «On a trouvé des matraques, des clés anglaises, une altère, des ceintures avec boucliers, des chaînes et des bâtons», témoigne t-elle. Pour régler au plus vite le problème l'As116iation des parents d'élève (APE) et l'administration se sont réunies d'urgence et ont décidé le renvoi pour trois jours ouvrables des élèves meneurs.

L'administration en a profité pour obliger les parents à signer un engagement stipulant qu'en cas de récidive, elle a le droit de renvoyer les élèves sans préavis.

Cette décision a bien évidemment provoqué le mécontentement de certains parents qui ont eu peur que l'administration ne profite de la situation pour se débarrasser des enfants difficiles. En réalité, ce que les parents craignent le plus c'est l'exclusion de leurs enfants en plein milieu de l'année scolaire et l'impossibilité de pouvoir les intégrer ailleurs.

Car si cette école a autant de succès, c'est dû au fait que son système éducatif est principalement basé sur le modèle français, un système élitiste dont l'accès n'est pas à la portée de tout le monde. Aussi, en cas d'exclusion, l'élève ne pourra en aucun cas intégrer l'école publique marocaine et encore moins la mission française dont les portes sont fermées. Sans parler du fait qu'une exclusion risque de perturber ces enfants à jamais et d'avoir de fâcheuses conséquences sur leur avenir.

Pour défendre les intérêts de leurs enfants contre tout abus, les parents décident alors de protester. «Si nos enfants sont exclus, ils ne seront acceptés nulle part. Le système de l'école est exclusif. Aucun établissement ne pourra les récupérer! En plus nous avons investi un argent fou dans cette école.

Si nos enfants posent problème, c'est à l'administration de remédier au mal et d'arrêter l'hémorragie. Ils sont des spécialistes dans l'éducation et non de simples commerçants. En plus nos enfants sont des adolescents qui ont besoin d'une assistance et non d'un rejet. Nous, les parents, nous ne sommes pas des pédagogues, c'est à l'école de gérer tout problème au niveau scolaire ou disciplinaire», rouspètent les parents des élèves concernés.

Surprise par ces déclarations, Odyle Suire a tenu à préciser que l'école a depuis toujours mis à la disposition des élèves un bureau d'écoute. «Nous avons toujours été à leur écoute. Une responsable est là en permanence et ils n'ont pas besoin de prendre rendez-vous pour lui parler. Son rôle est justement d'apporter aide et réconfort», dit-elle.

Et d'ajouter : «l'exclusion d'un élève ne se prend pas à la légère, un conseil de professeurs se réunira à l'occasion avec les membres de l'APE (As116iation des parents d'élèves) et un responsable de l'administration. La décision d'un renvoi se décide après maintes réflexions, nous donnons toujours une deuxième chance à l'élève même dans des cas les plus graves».

A titre d'exemple, l'année dernière, un élève a mis le feu en classe et a failli brûler ses camarades. Et malgré son acte, il a bénéficié de l'indulgence du conseil qui lui a donné une deuxième chance afin qu'il finisse l'année scolaire à l'école. «En principe, il devait être renvoyé à la fin de l'année, mais ses parents se sont engagés à le prendre en main et à le suivre de plus près. Le résultat a été positif, puisque là tout est rentré dans l'ordre et l'élève en question est en terminal cette année», poursuit Odyle Suire.

Selon Chaîbi Najat, l'école n'est pas la seule responsable dans ces situations, les parents doivent être présents pour l'éducation de leurs enfants et ils doivent prendre leur responsabilité au sérieux. «Ils ne doivent pas laisser leurs enfants attendre trop longtemps devant la porte avant de venir les chercher car c'est là où les clans se forment.

Un enfant peut être influencé par une mauvaise fréquentation. Les parents doivent prévenir l'administration s'il y a empêchement, celle-ci autorisera l'élève à emprunter la bibliothèque qui est ouverte en permanence», dit-elle. Au vu de ces déclarations, il semblerait que la situation a pris un tournant qu'elle ne devait pas. Car en effet, il semble qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

L'administration de l'école est consciente de son devoir et prend toutes les précautions avant d'exclure un élève. Autre point important, la crainte des parents n'est plus aussi justifiée. Car s'il y a quelques années, ce genre d'école était rare, aujourd'hui ce n'est plus le cas. Sept établissements ont bénéficié de l'homologation à Casablanca : El Jabr en 1989, Maïnonide, ENH et Narcisse Leven en 1992, La Résidence, L'ort, Leon L'africain en 2007.

«Les parents n'ont donc plus rien à craindre. Les élèves exclus auront toujours la possibilité de reprendre leurs études selon le même système d'enseignement», conclut Odyle Suire.

•Journaliste stagiaire
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Le boom des écoles privées

Les établissements scolaires basés sur le système français ont été créés dans les années 80 pour répondre aux besoins des enfants issus de parents vivant jusque-là en France.

Maîtrisant très mal la langue arabe, ils ne pouvaient intégrer le système marocain, et faute de places, les écoles de la mission culturelle française ne peuvent pas absorber tous
ces élèves ni satisfaire toutes les demandes.

C'est ainsi que ces établissements ont vu le jour. Leur programme éducatif est calqué sur le système français. Les élèves se présentent aux examens officiellement programmés par le ministère de l'Enseignement français et ont les mêmes chances que leurs camarades de la mission française.

Beaucoup de parents optent pour ce système d'enseignement, surtout après l'arabisation de l'enseignement marocain, mais la cherté de
ces écoles reste toutefois un choix privilégié pour certains seulement.
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