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La crise est au cerveau ce que la toux est aux poumons

Une maladie neurologique souvent incomprise mais soignable

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L'épilepsie est une maladie neurologique. Ce n'est ni une maladie mentale, ni une maladie contagieuse. Etymologiquement, son nom signifie «prise par surprise», car la survenue des crises est inopinée. «Avoir une crise d'épilepsie ne signifie pas être épileptique. C'est la répétition des crises qui définit la maladie. On ne parle de la maladie que lorsque les crises se répètent spontanément, sans facteur déclenchant identifié.

Pour avoir une épilepsie (épilepsie-maladie), il faut au moins deux crises sans cause apparente», déclare Pr. Mouslim Chebbi, neurologue. Selon ce dernier, une crise d'épilepsie est un symptôme «d'agression» cérébrale qui peut survenir à l'état isolé dans des circonstances très diverses : traumatisme crânien, fièvre, infection, prise de toxiques,... Cette crise est occasionnelle. Cette maladie reste mal connue.

Le public n'en retient que ses manifestations les plus spectaculaires : cris, convulsions, «bave aux lèvres», perte de connaissance… Il existe aussi des crises beaucoup moins spectaculaires avec seulement une baisse intermittente de l'attention ; chez les enfants, à l'école, les instituteurs trouvent qu'ils sont parfois ailleurs, dans les nuages, on appelle cette crise «petit mal». Et de préciser, «l'épilepsie en tant que maladie, se traduit, en des termes simples, par un dérèglement passager de l'activité électrique du cerveau, c'est une maladie du système nerveux.

La crise épileptique va dérégler d'un seul coup l'équilibre de milliards de neurones excitateurs et inhibiteurs, qui se trouvent dans le cerveau qui va permettre le déclenchement, par la décharge simultanée, de toute une population de neurones». La crise d'épilepsie, toujours de courte durée (de 1 à 10 min) s'arrête d'elle-même.

Elle se concrétise par des mouvements convulsifs, des tremblements, une perte de connaissance, une chute, une rotation de la tête ou des yeux, des contractions des muscles du corps, des hallucinations, des sensations de déjà-vu… «Les signes dépendent de l‘intensité de la crise, l'épilepsie pouvant être généralisée (touchant tout le cortex cérébral) ou partielle (une partie du cortex seulement)», explique le professeur.

Pendant des siècles, ces crises ont été traduites par l'intervention de forces surnaturelles, diaboliques ou divines, suscitant frayeur et effroi, jusqu'à ce que la science et précisément dans les années 1940, avec l'arrivée de l'électro-encéphalogramme (EEG), bouleverse l'approche de la maladie dans le monde, qui est alors définitivement placée dans le champ neurologique.

Malgré cette révolution scientifique, la quasi-majorité des concitoyens continue à croire en la «possession» d'esprits maléfiques (leriah ou mselmine selon les régions). Prenons le cas de Alaa, un jeune Marocain de 20 ans, vivant en Belgique. Même s'il est à des milliers de kilomètres du Maroc, ses crises d'épilepsie ont été, pendant plus de six ans, interprétées par ses parents comme «leriah». «Depuis mes 11 ans, on m'a fait partir au pays au moins cent fois pour me faire exorciser, j'ai vu tous genres de fqih et j'ai été dans une multitudes de mausolées, sans oublier les liali (veillées) de aissaoua, gnaoua et hmadcha. La dernière étape m'a mené à la zaouia boutchichia et mes crises persistaient», nous raconte-t-il.

Le destin a mis sur son chemin justement à ladite zaouia un neurologue qui a pu déceler son «mal». Alaa était simplement épileptique. Aujourd'hui, il suit un traitement et mène une vie normale. Ses parents, pourtant tous les deux cadres dans des entreprises belges, ont cédé aux multitudes de croyances surnaturelles sans penser un seul instant à le présenter à un médecin.
Pas besoin de citer la panoplie de swarite (clés), bkhour et séances interminables d'exorcisme que subissent toutes les personnes qui font une crise d'épilepsie.

Alors que selon les médecins, chacun d'entre nous peut être frappé d'épilepsie, indépendamment de son âge, de son origine sociale ou de ses antécédents familiaux. L'épilepsie ne peut pas toujours être guérie. En règle générale, son traitement consiste en l'administration de médicaments. «Les antiépileptiques sont des médicaments destinés à combattre les symptômes de l'épilepsie. Ils ne peuvent pas éliminer les causes de la maladie, mais sont capables d'en supprimer les manifestations. Le médecin choisira le médicament et le mode de traitement (un ou plusieurs médicaments) en fonction de la forme d'épilepsie.

II conseillera au malade d'adopter un mode de vie approprié (p.ex. suffisamment de sommeil), d'éviter les facteurs déclenchants et de veiller à ne pas retomber dans les situations favorisant l'apparition des crises.

Dans certains cas, un traitement chirurgical peut être envisagé», déclare le Pr. Chebbi. Sauf dans les rares cas où une maladie mentale est également présente, l'épilepsie n'affecte pas l'intelligence.
En général, si la personne est bien soignée, elle peut mener une vie normale, avec certaines restrictions.
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La crise, dangereuse ?

La crise d'épilepsie n'est généralement pas dangereuse : l'épileptique se blesse rarement au cours d'une crise et il n'a pas besoin de l'intervention d'un médecin ou d'hospitalisation dans la plupart des cas. S'il est habitué aux crises, l'épileptique sait ce qu'il doit faire lorsqu'il reprend connaissance. En revanche, s'il s'agit d'une première crise, que la personne a des difficultés respiratoires, ou qu'elle se blesse, il faut systématiquement alerter les secours.

Il n'est pas possible d'avaler sa langue pendant une crise d'épilepsie. C'est une idée reçue. Par contre, il est fréquent de se mordre la langue pendant une crise.

La crise d'épilepsie n'est pas une fatalité. Une fois diagnostiquées, la majorité des maladies épileptiques sont contrôlables par une prise quotidienne d'antiépileptiques. Les crises s'arrêtent généralement après la mise en route du traitement, et il est parfois possible de l'arrêter (sous avis médical).
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DIFFÉRENTS ASPECTS

Une crise généralisée, c'est l'entièreté du cerveau qui est concernée. Par exemple :
> La crise tonico-clonique (aussi appelée «grand mal») : C'est la plus connue, la plus spectaculaire, mais pas la plus fréquente.
Cette crise va de pair avec une brusque perte de connaissance. La personne tombe, son corps se raidit puis se détend.

Tout le corps est ensuite agité par des mouvements saccadés incontrôlés. La crise peut s'accompagner de perte d'urine et/ou de morsure de la langue.
Elle ne dure que 2 à 3 minutes, mais est souvent suivie d'un sommeil profond.

> L'absence. Cette forme de crise est fréquente. La personne présente une courte perte de conscience, pendant laquelle elle est «absente».
Souvent, le seul signe visible d'une absence est un air rêveur, parfois accompagné d'un clignement des yeux. Il y a rarement chute lors de ce type de crise.
Une crise partielle, c'est une partie du cerveau qui fonctionne mal.
> La crise partielle simple. Seule une petite partie du cerveau présente une activité anormale (par exemple: celle qui commande les mouvements de la main, du bras, de la jambe) et la personne reste consciente.

> La crise partielle complexe. Une partie plus étendue du cerveau fonctionne mal. La conscience est plus ou moins perturbée.
Les signes extérieurs sont très variés : confusion, gestes automatiques, comme mâchonner, déglutir, tripoter ses vêtements, se déplacer. En général, la crise cesse après quelques minutes. Ensuite, la personne est fatiguée, perdue ou retrouve rapidement son état antérieur.
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Devant une crise d'épilepsie

Ce qu'il faut faire
- Rester calme.
- Glisser un coussin sous la tête du malade.-
- Desserrer les vêtements autour du cou.
- Faire de la place autour du malade.
- Noter la durée de la crise.
- Après la crise, proposer au malade de l'aider ou de le raccompagner chez lui.

> Après la disparition des convulsions
- Allonger le malade confortablement.
- Veiller à ce que le malade puisse respirer librement.
- Proposer de l'emmener dans un endroit où il peut se reposer.
> Ce qu'il ne faut pas
faire
- Modifier la position du malade.
- Essayer de juguler les spasmes.
- Essayer de relever le malade.
- Glisser quelque chose entre les dents du malade.
- Lui donner à boire.
- Après la crise: ne pas imposer inutilement sa présence au malade.
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