Syriana est le nom que la CIA donne au Moyen-Orient, configuré selon ses vues. Et c'est exactement ce qui se joue dans le film de Stephen Gaghan, nouvelle fiction de gauche américaine après The Constant Gardener de Fernando Meirelles et Munich de Steven Spielberg : dénoncer la mainmise des compagnies pétrolières internationales sur le monde, l'Amérique en pleine conquête orientale, l'Orient saisit par la fièvre capitaliste dont le conquérant lui présente le ragoûtant modèle, le tout orchestré par des organisations officielles, mafieuses ou industrielles qui passent des accords au nom de leurs intérêts respectifs… “ Tout est lié ”, dit l'affiche.
Mais cette quête de complexité dans ce film d'espionnage, qui se veut forcément un peu politique et un peu polémique, vire à la mélasse. Inutile de chercher du sens - géopolitiquement parlant - dans l'entremêlement de fils narratifs qui font la trame de Syriana. De Washington à Dubaï en passant par Genève et Beyrouth, Stephen Gaghan (Traffic) signe un film aux enjeux mondialisés, tant dans le scénario que dans les images. On aura rarement fait autant de route en classe affaire au cinéma.
Le problème, c'est que ce vidéo rama king size qui défile en accéléré noie les intrigues dans une addition d'actions sérieusement opaques.
Il est apparemment question d'une fusion entre un géant du pétrole américain et un roi du forage implanté au Kazakhstan, d'un avocat noir américain qui enquête sur ladite fusion (Jeffrey Whrigt), d'un trader américain installé en Suisse (Matt Damon) qui part à la rencontre d'un émir aux yeux bleus réformateur et progressiste (Alexander Siddig), et d'un agent de la CIA vétéran du Moyen-Orient (George Clooney) qui cherche à redonner un peu de sens à ce qu'il a fait toute sa vie.
A l'inverse des films d'espionnage traditionnels, Syriana emmêle plus qu'il ne démêle. Ce qui sauve l'ambition politique du film, c'est son attention à l'humain, certes toute hollywoodienne puisqu'il s'agit, du coup, de mettre en avant l'intimité des personnages, mais pas seulement. En témoigne l'histoire de ce père et de ce fils pakistanais exilés dans une raffinerie du Golfe où ils travaillent dans des conditions aussi pénibles que désespérées. Film-spectacle, Syriana parvient à faire transparaître un peu de leur vie quotidienne et de ses douloureuses perspectives, tel le terrorisme religieux fanatique.
En témoigne aussi le personnage interprété par George Clooney, de toute évidence le plus convaincant du film. Négligé, bedonnant, arabophone, familier des rouages du Hezbollah et de la CIA, et des mercenaires sans frontières, en perte de vitesse au niveau de sa vie personnelle pour avoir trop bourlingué, en décalage avec la vie des quidams et avec la marche d'un monde dans lequel il tente malgré tout d'intervenir, l'agent George Clooney au pays de l'or noir est à la fois ambigu, crédible et attachant.
Il campe une sorte de héros moderne (voir L'Espion qui venait du froid de Martin Ritt) se déplaçant sur la surface du globe comme Tintin, c'est-à-dire avec une capacité surhumaine à être toujours là où il faut pour les besoins du scénario. Il a, comme ennemi suprême, la toute puissance technologique de la plus grande puissance du monde qui n'hésite pas à tuer pour sauver sa tirelire géante. Et comme alliés métaphoriques un bon émir et un bon financier qui font office de contrepoids salutaires.
Film américain réalisé par Stephen Gaghan. Avec : George Clooney (Bob Barnes), Matt Damon (Bryan), Alexander Siddig (le prince Nasir), Jeffrey Wright (Bennett), Chris Cooper (Pope), Amanda Peet (Julie). Durée : 2h06.
Mais cette quête de complexité dans ce film d'espionnage, qui se veut forcément un peu politique et un peu polémique, vire à la mélasse. Inutile de chercher du sens - géopolitiquement parlant - dans l'entremêlement de fils narratifs qui font la trame de Syriana. De Washington à Dubaï en passant par Genève et Beyrouth, Stephen Gaghan (Traffic) signe un film aux enjeux mondialisés, tant dans le scénario que dans les images. On aura rarement fait autant de route en classe affaire au cinéma.
Le problème, c'est que ce vidéo rama king size qui défile en accéléré noie les intrigues dans une addition d'actions sérieusement opaques.
Il est apparemment question d'une fusion entre un géant du pétrole américain et un roi du forage implanté au Kazakhstan, d'un avocat noir américain qui enquête sur ladite fusion (Jeffrey Whrigt), d'un trader américain installé en Suisse (Matt Damon) qui part à la rencontre d'un émir aux yeux bleus réformateur et progressiste (Alexander Siddig), et d'un agent de la CIA vétéran du Moyen-Orient (George Clooney) qui cherche à redonner un peu de sens à ce qu'il a fait toute sa vie.
A l'inverse des films d'espionnage traditionnels, Syriana emmêle plus qu'il ne démêle. Ce qui sauve l'ambition politique du film, c'est son attention à l'humain, certes toute hollywoodienne puisqu'il s'agit, du coup, de mettre en avant l'intimité des personnages, mais pas seulement. En témoigne l'histoire de ce père et de ce fils pakistanais exilés dans une raffinerie du Golfe où ils travaillent dans des conditions aussi pénibles que désespérées. Film-spectacle, Syriana parvient à faire transparaître un peu de leur vie quotidienne et de ses douloureuses perspectives, tel le terrorisme religieux fanatique.
En témoigne aussi le personnage interprété par George Clooney, de toute évidence le plus convaincant du film. Négligé, bedonnant, arabophone, familier des rouages du Hezbollah et de la CIA, et des mercenaires sans frontières, en perte de vitesse au niveau de sa vie personnelle pour avoir trop bourlingué, en décalage avec la vie des quidams et avec la marche d'un monde dans lequel il tente malgré tout d'intervenir, l'agent George Clooney au pays de l'or noir est à la fois ambigu, crédible et attachant.
Il campe une sorte de héros moderne (voir L'Espion qui venait du froid de Martin Ritt) se déplaçant sur la surface du globe comme Tintin, c'est-à-dire avec une capacité surhumaine à être toujours là où il faut pour les besoins du scénario. Il a, comme ennemi suprême, la toute puissance technologique de la plus grande puissance du monde qui n'hésite pas à tuer pour sauver sa tirelire géante. Et comme alliés métaphoriques un bon émir et un bon financier qui font office de contrepoids salutaires.
Film américain réalisé par Stephen Gaghan. Avec : George Clooney (Bob Barnes), Matt Damon (Bryan), Alexander Siddig (le prince Nasir), Jeffrey Wright (Bennett), Chris Cooper (Pope), Amanda Peet (Julie). Durée : 2h06.
