Menu
Search
Mardi 30 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 30 Décembre 2025
Menu
Search

Aïcha El Wafi à la rencontre de son fils Zacarias Moussaoui

No Image
Aicha El-Wafi, la mère du Français Zacarias Moussaoui, seul à comparaître aux Etats-Unis pour le procès du 11-Septembre, a, une nouvelle fois, traversé l'Atlantique le week-end pour voir, «en enfer», son cadet, qui risque la peine de mort.

Lundi, le procès de «Zac», comme on l'appelait en famille, entrera dans le vif du sujet, avec le début des débats au fond devant le tribunal d'Alexandria, dans la banlieue de Washington, tout près du Pentagone où s'était écrasé un des avions du 11 septembre 2001.

L'accusation cherchera à prouver que Moussaoui a provoqué la mort des victimes, en cachant aux agents du FBI (police fédérale) qui l'avaient arrêté le 16 août 2001 les «frères d'Al-Qaïda», dont il s'est revendiqué.
Aïcha El-Wafi, 59 ans, s'installera sans doute sur un des bancs du public réservés à la défense, près de la porte en bois par laquelle entrera Zacarias, qu'elle n'a pas vu depuis une audience en juillet 2002. Réussira-t-elle à glisser quelques mots au prisonnier en combinaison verte ? «Je veux lui dire que je suis là, que je pense à lui et c'est tout», a-t-elle confié lors d'un entretien téléphonique.

Samedi, cette petite femme brune au rire contagieux et aux changements d'humeur soudains est arrivée de France où elle réside, à l'aéroport de Washington, et s'est jetée en pleurs dans les bras de deux amis venus l'attendre. Cette fois, elle n'a pas parlé aux journalistes qui l'attendaient. Une exception : depuis 2001, lorsque son fils a été inculpé de complicité avec les auteurs des attentats, elle s'affiche sur tous les plateaux de télévision, y compris CNN. En octobre 2003, la juge en charge de l'affaire, Leonie Brinkema, avait interdit à l'accusation de requérir la peine de mort. «Un grand jour», racontait-elle peu après, pleine de joie. Désormais, la rage l'habite.

La décision a été cassée en appel. Zacarias Moussaoui a plaidé coupable, le 22 avril 2005, contre l'avis de sa mère. De colère, elle a cessé de l'appeler en prison. Il risque une injection mortelle.

«J'espère que le peuple américain n'est pas aveugle au point de gober ce que raconte le procureur (...). Il est islamiste, il l'a reconnu. Il est Al-Qaïda, il l'a reconnu. Mais il n'a commis aucun délit nulle part», s'emporte-t-elle. Aïcha El-Wafi est une femme complexe. Bien avant l'embrigadement de son fils pour la cause du jihad, elle a eu une vie difficile.Mariée à 14 ans, elle est arrivée en France, venant du Maroc avec déjà deux petites filles, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années. Elle a encore deux garçons, quitte en 1971 un mari selon elle violentet et place ses enfants en orphelinat.

Elle fait des ménages, décroche un poste de fonctionnaire, puis installe sa famille dans un pavillon à Narbonne (sud), alors que Zacarias est adolescent.
Aujourd'hui, ses deux filles aînées ont des problèmes psychiatriques. Son cadet, 37 ans, atteint d'une «probable schizophrénie» selon les avocats, risque la mort. Abd Samad Moussaoui, le troisième, a publié un livre «Zacarias Moussaoui, mon frère», où il dépeint une mère manipulatrice, «irritable voire violente», dont Zacarias s'est éloigné très tôt.

La voix d'Aïcha El-Wafi, pleine d'émotion, ne manquait pourtant pas de sincérité mercredi : «Vous allez en parler lorsqu'il va rentrer au four, c'est trop tard», s'énervait-elle.

Zacarias «c'est moi qui l'ai mis au monde et je vais le voir en enfer, c'est tout. Je vais être dans l'enfer moi aussi».
Lisez nos e-Papers