Menu
Search
Mardi 23 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 23 Décembre 2025
Menu
Search

Place à l'art contemporain

Une première au Maroc portée par deux signatures, Darsi et El Baz

No Image
Pour la première fois au Maroc, une galerie marchande, à savoir Venise Cadre, abrite une exposition d'art contemporain. Souvent jugé comme «inconsommable», l'art contemporain dans ses différentes déclinaisons s'est vu limité aux musées ou autres expositions «non lucratives». Cette fois, c'est Hassan Darsi et Mohamed El Baz qui vont montrer leurs travaux respectifs à Casablanca jusqu'au 4 décembre. Avis aux amateurs et autres curieux pour découvrir une autre vision de l'art bien loin des sentiers battus de la création dite classique.

Pour Hassan Darsi, ce sont là des années de fascination… pour la dorure. Moyennant des coupures dorées multiformes, il construit un univers à part. C'est un jeu permanent qui met en vedette l'éclat leurrant de l'or. Au-delà des connotations luxueuses du métal précieux, l'artiste explore toutes les possibilités offertes par les bandes adhésives.

Matériau essentiel dans sa démarche, le doré s'apprêtera à différents supports et à différentes surfaces. Les objets ordinaires s'inventent avec Darsi une autre vie, une autre signification. Ses moyens ? Un décalage volontaire et un certain chamboulement de la vision et de la perception. Le contraste entre la sobriété de la démarche qui consiste à un collage de dorures sur une surface et la luxure de l'or accentue encore cette impression de décalé, chère au cœur de Darsi. «Cette manipulation, quasi-minimaliste, est aux antipodes de la débauche sémantique inhérente aux attributs culturels que l'on confère à l'or.

La conjoncture entre le minimalisme du mode d'emploi et la dépense de significations crée un décalage qui brouille nos modes de perception», décrit Aziz Daki, commissaire de l'exposition.
Miroirs minuscules, éclats fragmentés… la matière de Darsi n'est autre que les débris de bandes adhésives ayant servi à envelopper quelques objets qui se trouvent une deuxième vie sur ses surfaces. Ses œuvres sont d'ailleurs baptisées insolitement «Chute», 1, 2, 3 ou 4. Ce sont là sous nos yeux les chroniques visuelles d'un processus créatif à part, fait de récupération et de recyclage artistique. Les images «tordues» reflétées par cette œuvre exceptionnelle rappellent son côté interactif. Sa subjectivité bien assumée en fait une parcelle d'identité.

Chaque visiteur laissant un fragment de son être, une trace de son passage sur les œuvres, apporte au travail de Darsi une profondeur supplémentaire. Attention ! C'est une œuvre qui se nourrit de vous, de votre regard et de vos visions… à vous de «voir»!
C'est le même cas pour Mohamed El Baz qui absorbe le monde autour de lui pour le livrer enfin agrémenté de cet éclat qu'on seulement les esprits inspirés. «Bricoler l'incurable», c'est ainsi qu'il nomme ses travaux qui sont pour lui une façon «d'être moderne».

Profondément marquée par une citation du philosophe roumain Cioran, l'artiste axe sa quête sur ce bricolage qui mène droit à la modernité.
Sans trop d'éclat, l'artiste appréhende la manœuvre en toute simplicité. Il photographie des scènes de la vie de tous les jours et joue sur une sorte de superpositions d'images et de néons multicolores. Des enfants jouant avec une balle, aux vues panoramiques en passant par les portraits intimistes et les plans découpés… El Baz arrive à trouver une esthétique à la plus ordinaire des vues. Moyennant le néon, il booste le rendu final d'une démarche artistique faite de mariages et de superpositions bien connotatifs.

Ainsi des poupées dénudées lorgnent un micro virtuel, une tête de mort troublante sert d'arrière-plan à un pistolet menaçant tandis que des pendentifs dorés défilent derrière un pendu désespéré.
El Baz aime jouer sur les insinuations et la structure narrative, qui se passe sur deux niveaux et qu'il a inventée, l'aide dans sa démarche. C'est une œuvre ouverte qui raconte la fascination de l'artiste par l'éclat des néons et par la banalité des scènes quotidiennes d'une vie ordinaire.
-----------------------------------------------------

Deux peintres, deux univers

Deux artistes, deux univers, deux processus créatifs… c'est une exposition à double identité qui s'offre au public. Mais avant d'y aller, il est nécessaire de se défaire de ses préjugés et de ses idées préconçues quant à l'art et son essor, car on sera certainement surpris par l'approche des deux artistes qui se réunissent le temps d'une exposition.

Chacun à sa façon, Darsi et El Baz nous entraînent dans les dédales de leurs recherches. Si le premier s'est laissé fasciné par l'éclat de l'or et par sa fragmentation, le second ne cache pas son éblouissement par les scènes ordinaires de la vie courante et par le pétillement des néons. Chacun des deux artistes appréhende la vie et la création d'une façon artistiquement affectée.
Lisez nos e-Papers