Menu
Search
Mardi 23 Décembre 2025
S'abonner
close
Mardi 23 Décembre 2025
Menu
Search

Tour du monde en peinture

Le père de l'art modeste, Hervé Di Rosa, présente une exposition unique à la Villa des Arts

No Image
Hervé Di Rosa poursuit son tour du monde qui l'a mené depuis 1990 en Afrique, en Amérique, en Asie et en Europe. Pour sa quinzième étape, le père de l'art modeste a choisi de s'arrêter dans la ville blanche où il a présenté mercredi une collection qui rassemble les meilleures de ses œuvres. Le public marocain suivra donc les pas de l'artiste globe-trotter dans un voyage où seules la beauté de l'image, la richesse de la matière et la diversité de la technique sont les repères.

En effet, ce sont ces trois éléments qui font l'unicité de l'œuvre d'Hervé Di Rosa. L'artiste s'imprègne de tout ce qu'il voit. Pour lui, l'art n'est pas très éloigné de la vie. Au début, son travail est inspiré d'histoires populaires qui l'entouraient.

Il déclare: «Mon travail était aussi influencé par les «comics» américains que par la BD belge, le cinéma français, les grands illustrateurs européens et l'underground américain… ». Ce n'est qu'à la fin des années 80 que l'envie de voir et de toucher d'autres images et d'autres objets a poussé notre artiste à faire le tour de la culture urbaine et à entamer donc en 1992 un tour du monde où il est parti à la recherche de la manière dont s'exprimait le génie populaire ailleurs.

C'était, en fait, son alibi pour aller à la rencontre de l'autre. Et Hervé Di Rosa appareille pour un voyage infini sans contraintes de temps ou d'espace en quête d'images qui peuplent notre vie quotidienne mais auxquelles nous ne portons jamais aucune attention. C'est devant ces représentations qui nous paraissent si banales qu'Hervé Di Rosa s'émerveille.

Que ce soit des enseignes de boutiques, des graffiti ou des produits de l'art populaire…le peintre les recherche à chacune des étapes de son voyage. De son parcours, l'artiste globe-trotter partage son passage à Tunis, au Bénin, à Kumasi au Ghana, à Foumban au Cameroun, à Durban en Afrique du Sud, à Addis-Abeba en Ethiopie, à la Havane à Cuba, à Mexico en Mexique, Binh Duòng au Vietnam, à Sofia en Bulgarie puis finalement à Miami aux Etats-Unis. Dans chacun de ces pays, Hervé Di Rosa va à la rencontre d'artisans et met leurs techniques au service de son univers pictural, un métissage que l'artiste apprécie particulièrement. «J'aime que la main de l'autre, sa pratique ainsi que sa culture interviennent dans mon travail.

J'amène mon univers dans lequel j'essaie d'intégrer d'autres techniques et d'autres matériaux découverts dans différents pays.
Cette collaboration avec l'ailleurs, ses artisans, ses moyens et ses procédés m'aident à me mettre sous la peau de mille artistes», ajoute Hervé Di Rosa. L'artiste, en modeste apprenti, mixe son œuvre avec celle de l'autre en y ajoutant un savoir-faire et des techniques venus d'ailleurs.

Les œuvres présentées à la Villa des Arts s'imprègnent de différents modes d'expression et de diverses techniques locales. Ainsi, on retrouve le maniement des couleurs à la détrempe, à l'œuf apporté de Bulgarie, la technique de la laque et la nacre du Vietnam, les appliqués en coton, tissés main, teints et cousus avec l'aide des frères Yémadjé du Bénin, les peintures sur peaux de zébu et de chèvre dans la tradition des artistes moines de Lalibela en Ethiopie…
Après cette multitude de techniques découvertes dans
de nombreux pays, Hervé Di Rosa s'arrête au Maroc, le temps de la réalisation d'œuvres inédites.

Rappelez-vous en janvier dernier, lors de son passage à l'Institut français de la ville, l'artiste avait déclaré «être intéressé par la réalisation de 2 ou 3 pièces en collaboration avec des artisans locaux». A cette époque, Hervé Di Rosa était encore en phase de repérage mais six mois plus tard, il nous revient avec des œuvres originales où son style unique embrasse harmonieusement celui de l'artisan marocain.

Le plasticien a cette fois été interpellé par les décors qui ornent les portières et les flancs des camions, notamment les images féeriques des bavettes (des pièces en caoutchouc attachées à l'arrière des camions pour protéger des giclées d'eau et de boue).

A son regard affiné et sensible d'artiste, s'est ajoutée la main savante de l'artisan. C'est avec un certain Zouhir Tafoukt, un jeune homme célèbre dans la corporation des routiers qu'Hervé Di Rosa a travaillé. Outre les bavettes, l'artiste a réalisé avec d'autres artisans une oeuvre présentant deux touristes sur un tapis volant dans le ciel du Maroc.

Ce choix exprime une autre invitation au voyage ou tout simplement une nouvelle idée pour dire que l'aventure continue et qu'Hervé Di Rosa ne compte pas s'arrêter là. «Ce voyage pour moi, c'est comme une toile d'araignée que je tisse à travers le monde pour essayer de rentrer en contact à ma manière avec d'autres cultures, d'autres images, d'autres objets et d'autres sens autres que les miens…
---------------------------------------------

Qui est Hervé Di Rosa ?

Hervé Di Rosa fut avec son frère Richard Di Rosa un des principaux artisans du mouvement français de la «Figuration Libre», renouveau de la peinture dans les années 80, une peinture décomplexée empruntant souvent à la BD, au rock et au graffiti.

Il a créé la série télévisée «les Renés» mis en images au studio d'animation Pipangaï pour Canal+.
Hervé Di Rosa a ,par ailleurs, créé le Musée de l'art modeste à sa ville natale Sètes.
Lisez nos e-Papers