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Quand l'enfant rejette le nouveau conjoint…

Solidarité entre les parents, confiance, tolérance et compréhension… les mots-clés
«On était bien avant que tu ne viennes, on n'a pas besoin de toi", "tu n'es pas ma mère, tu n'as pas le droit de me donner des ordres", "tu as volé la place de ma

Quand l'enfant rejette le nouveau conjoint…
Epouser un homme ou une femme ayant déjà un enfant est loin d'être facile. L'enfant réagit souvent mal et perçoit le nouvel arrivant comme étant l'ennemi à abattre. Volontairement ou inconsciemment, il peut chercher à mettre en échec cette nouvelle relation. Il se révolte rendant les relations du nouveau couple difficiles, parce qu'au fond de lui, il n'a pas renoncé à réconcilier ses parents.

"Une famille est composée d'un papa et d'une maman qui s'aiment si possible avec une vision unique de l'éducation, un amour filial et des soins assurés aux enfants. La déstabilisation de cette unité centrale perturbe la vie de l'enfant qui a besoin de repères. De ce fait, être confronté à une belle-mère ou au beau- père n'est pas une histoire d'amour à tous les coups", explique le Dr. Ghizlane Benjelloun, pédopsychiatre.

Imane, maman d'un petit garçon de 6 ans témoigne : "Le soir, mon enfant multipliait les tentatives pour me garder auprès de lui. Ce qui déplaisait à mon nouveau conjoint qui accusait le petit de manipulation. Je rétorquais souvent, hors de moi, que mon enfant avait besoin de sa mère… Mais après une nette dégradation de mes relations avec mon mari, j'ai fini par regarder les choses en face et j'ai réagi. Mon fils a fini par comprendre qu'il n'avait pas le monopole sur moi. Que j'étais mère et aussi épouse d'un autre homme que son papa".

En effet, tôt ou tard, l'enfant doit accepter la situation. Les réactions sont alors multiples car les enfants éprouvent des sentiments contradictoires : de l'hostilité franche à la méfiance en passant par la colère, la suspicion ou l'indifférence ou encore le sentiment de trahison, jusqu'à ce que les choses finissent par se calmer. L'âge de l'enfant joue aussi un rôle important dans l'acceptation de l'autre.

Un enfant de 5 ans s'adaptera plus vite qu'un adolescent de 15 ans. "Les conflits entre les enfants et leurs beaux-parents sont connus. Le cliché le plus commun est celui de la belle-mère. Mais il arrive aussi que tout se passe bien, surtout quand il y a des efforts de par et d'autre. Ceci dit, si l'enfant est en bas âge, la recomposition a des chances de réussir. Jeunes, les enfants auront le temps de se reconstruire une autre histoire, une autre famille et une autre image. En fait, plus les choses sont claires et transparentes et mieux les enfants vont s'adapter", souligne Dr. Karoumi Bouchaïb, psychologue. L'objectif étant, en effet, d'instaurer un climat de confiance pour éviter justement de provoquer des conflits.

Hanane, 30 ans, marié à un veuf, père de trois enfants, peine à instaurer une ambiance conviviale au sein de sa nouvelle famille. Les conflits font désormais partie de son quotidien qu'elle a de plus en plus du mal à gérer. "Avant, je vivais chez mes parents. J'étais sereine, tranquille… Aujourd'hui, mon quotidien au retour du boulot, ce sont des pleurs, bagarres, éclats de rire… jusqu'à 21h30 chaque soir. Quand je demande à mon mari d'111venir, il me répond que je finirai par m'y habituer. Les enfants ne ratent pas l'occasion pour me rappeler que tout était mieux avant, que leur mère était beaucoup plus belle, etc.

Je les prends pour ce qu'ils sont : des gosses orphelins de mère et qui acceptent mal que cette dernière soit f remplacée par une autre femme. Je sais qu'il faut donner du temps au temps, mais c'est très dur".
Et c'est là où la relation entretenue avec le parent absent est très importante.

Pour le Dr Karoumi, étant donné que la recomposition familiale est une situation particulière, il faut absolument qu'il y ait une grande entente et une compréhension entre les adultes, notamment les nouveaux mariés qui doivent faire preuve de tolérance, de clairvoyance, de responsabilité... "Les parents divorcés doivent aussi montrer un grand sens de la responsabilité.

Au lieu de compliquer la vie de celui qui a refait sa vie, il faut au contraire faire en sorte que les enfants n'aient pas à en souffrir et faire tout pour créer un climat favorable et stable.
En effet, même si le nouveau conjoint n'a aucun statut juridique vis-à-vis de l'enfant de l'autre, il a des responsabilités et des devoirs envers lui. Mais ce n'est pas seulement en étant sympathique à l'égard de enfant, en lui souriant, en le couvrant de cadeaux ou encore en satisfaisant tous ses caprices que le nouvel arrivant réussira à vivre harmonieusement avec lui. L'idéal est de trouver le bon équilibre. "Généralement, il s'agit de conflits de rivalité, de concurrence… Et il est presque impossible d'éviter les problèmes. En fait, pour que cela cesse, il faut que chacun trouve sa place dans la nouvelle configuration familiale.

Le nouveau conjoint doit faire preuve de patience et de
compréhension. Il doit apprendre à gérer les conflits avec calme et autorité sans se sentir coupable de tout ce qui se passe. Par la suite, quand chacun aura trouvé sa place, la famille retrouvera une sérénité et une stabilité", précise Dr. Ghizlane Benjelloun.

Et le mieux est de beaucoup parler avec l'enfant. Cela n'empêchera pas ce dernier d'avoir parfois des accès de révolte, mais cela peut être une période passagère en tout cas jusqu'à ce qu'arrive le moment où chacun est assuré de sa place dans la nouvelle famille où les droits et les devoirs de tous sont reconnus et les règles de vie établies… A ce moment là, une nouvelle forme de vie familiale peut alors exister et de nouveaux liens se tisser. Avec, pour l'enfant, la certitude d'avoir gardé l'amour de ses parents et gagné la bienveillance d'un autre adulte. Pour le reste, c'est la capacité de chacun à bien vivre avec les autres qui fera la différence. Comme dans toute famille !
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Comment éviter les conflits…


> Etablir des règles
Ne pas se substituer au parent absent en matière d'affection ou d'autorité, mais définir avec le parent présent et les enfants les règles de vie commune

> Communiquer
Il ne faut pas jouer au chef de famille qui décide de tout, alors que l'enfant s'est accoutumé à voir sa mère ou son père se charger de la vie familiale. Plutôt que de tout bouleverser, mieux vaut discuter en couple et devant l'enfant des projets, des modifications dans l'organisation familiale…

> Ne pas mentir
Il ne faut surtout pas jouer la comédie de l'amour à un enfant. Si l'on ne réussit pas à bien s'entendre dès le début, l'enfant sentira le mensonge et perdra toute confiance en ce nouvel adulte. Mieux vaut prendre le temps de s'apprivoiser avec l'autre

> Se respecter
Respecter les habitudes, l'histoire, le territoire de l'enfant et son intimité est très important. Ceci dit, l'enfant doit également respecter le nouveau (lle) conjoint (e). Les vacances sont un excellent moment pour se découvrir et mieux se connaître.
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