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Groupe Groundation, du reggae en noir et blanc

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Invité du Festival de Casablanca, le groupe Groundation (Etats-Unis) a offert deux spectacles de qualité sur les scènes Rachidi et El Hank. Inconnue du public marocain, cette formation reggae aura été agréablement surprise par l'accueil d'une audience avertie et exigeante. Harrison Stafford, guitariste, chanteur et leader du groupe commente : «... J'ai rencontré des gens chaleureux, enthousiastes, les rues étaient réellement vivantes, on pouvait ressentir une belle atmosphère de liberté et de fête. Ensuite, ils aiment le reggae et c'est un plus !»

Etre Américains, blancs et anglo-saxons ne semble pas prédisposer les membres de Groundation à baigner dans la culture jamaïcaine. Qui dit reggae, pense forcément à une musique aux racines africaines, venue des ghettos de Kingston (Jamaïque). Une musique qui porte les espoirs et les revendications des laissés- pour-compte, et des enfants d'esclaves condamnés à vivre à la marge.
Groundation, eux, sortent de ce cliché sans perdre l'âme du mouvement rasta.

Ayant une formation solide en jazz, ils se sont mis à pratiquer le reggae à l'issue de leurs études suite à la proposition de Harrison. Fils d'un pianiste, son enfance et son adolescence se sont passées entre les Etats-Unis et la Jamaïque. Imprégné par le reggae dès son jeune âge, Harrison a fait le choix de consacrer sa vie à ce style : «... Il fallait que j'étudie la musique de façon sérieuse, et il n'y avait pas de cursus académique pour le reggae ! J'ai opté pour le jazz pour me donner toute la technicité et la liberté d'exprimer mes idées et mes sensations en mélodies... Le jazz est un peu la clé pour atteindre ce but...».

Lors de la création du groupe, la musique était certes au centre, mais le concept avait une portée plus profonde, avec un discours socialement, voire politiquement engagé. Harrison explique : «...Les disparités qu'il y a entre les pays du Nord et ceux du Sud, le paradoxe entre la vie des riches et celle des pauvres, ce système, que les rastas appellent Babylon, qui profite aux puissants du monde au détriment des démunis, les guerres et la domination sont des maux qu'on ne peut ignorer, il faut dire que la musique est un bon véhicule pour la dénonciation, la critique et la conscientisation des foules...nous essayons d'apporter un message de paix et de respect à la face de ceux qui voient la vie comme une compétition...».

Sans avoir de coloration idéologique particulière, Groundation tient des discours très critique de l'administration Bush. Pour Harrison «... Devant un Président qui parle de guerre, de conquête et de domination, j'ai un sentiment de honte pour mon pays. Contre ceux qui conçoivent l'existence comme une accumulation de richesses, ceux qui sont prêt à piétiner la vie pour satisfaire leurs ego malades, nous avons notre musique pour répandre une idée différente de ce que peut être la vie sur Terre ! Partant de l'amour et de la musique qui demeure notre nourriture spirituelle...».

Leur attachement au reggae roots, l'authenticité de leurs chansons, et le feeling qu'ils peuvent dégager sur scène leur ont valu la reconnaissance des noms les plus imposants de la planète reggae, particulièrement en Jamaïque où des grandes figures comme Don Carlos, ou encore Cédric «Congo» Myton ont volontiers accepté de faire des featurings sur leur album «We free again!»
Plus qu'un simple spectacle maîtrisé et reproduit presque machinalement, les concerts de Groundation sont une sorte de communion avec le public présent, sans programme préalable, «... Nous essayons à chaque fois d'établir un vrai contact avec les gens qui nous honorent de leur présence, c'est pour cela que nos spectacles se suivent et ne se ressemblent pas ! Nous voulons partager des moments intenses, en toute modestie, avec le public qui veut bien écouter ce que nous avons à lui communiquer...»
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