Le Festival de Fès des musiques sacrées du monde fait incontestablement la promotion de la capitale spirituelle du Royaume.
En effet depuis le coup d'envoi de la 12e édition, organisée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI par la toute nouvelle Fondation «Esprit de Fès» sur le thème «Harmonies», la ville, vit dans ses différents lieux et monuments historiques, dans le climat de la fête et le rythme de la découverte.
Aussi bien les artistes venus des quatre coins du monde que les festivaliers marocains et étrangers découvrent l'esprit d'un pays, la culture d'une ville séculaire, symbole de tolérance et de cohabitation des confessions et des cultures.
Les observateurs assidus du Festival se rendent compte que cette rencontre hautement culturelle, artistique et académique a brandi la carte de l'animation pour faire la campagne promotionnelle d'une cité de tradition culturelle et spirituelle et ce depuis sa création par Idriss II.
Le musée Batha, ancienne résidence estivale des Rois Alaouites, construite par le Sultan Moulay Hassan 1er au milieu du 19e siècle, est un des exemples de promotion de la ville et de ses monuments illustres.
D'ailleurs ce haut lieu, à la fois Royal et artistique, qui regorge de collections d'œuvre d'art si rares, abrite actuellement une rétrospective étendue sur les 20 dernières années d'André El Baz, artiste-peintre marocain considéré comme l'un des grands noms de la peinture contemporaine.
Le site a drainé dimanche après-midi un public en grande majorité étranger venu assister au concert la Misa Criolla et les musiques des cathédrales latino-américaines des XVII et XVIII e siècle, dirigé par l'Argentin Enzo Gieco flûtiste, compositeur et chef d'orchestre dont la carrière internationale est connue de tous.
Cette belle prestation musicale a été une occasion, pour le public marocain, de découvrir un genre de musique savante.
Les musiciens et chanteurs formant l'ensemble vocal-instrumental «Agripacion musica», se plaçant sous le vieux chêne plusieurs fois centenaire donnant de la fierté aux sensibilités intellectuelles marocaines, ont interprété pour le parterre éclectique, diversifié mais tout de même «harmonieux», un répertoire magique de configurations musicales espagnoles.
Ce concert de musique baroque latino-américaine de pays comme le Guatemala, le Pérou et l'Argentine a ravi l'assistance. Conquise, cette dernière a pris connaissance d'un genre de musique d'églises que des connaisseurs ont défini volontiers comme un phénomène gospel amérindien.
Les voix soprano, mezzo soprano, ténor et basses ont savamment adapté les chants cultes pour reproduire, à l'exemple du negro-spiritual, l'histoire des populations locales d'Amérique Latine.
Toutefois ces chants de prières, qui n'ont été écrits qu'il y a une quarantaine d'années, reflètent l'authenticité historique donnant à un répertoire latino américain sa pleine dimension en reprenant les oeuvres des grandes cathédrales marquant le patrimoine amérindien.
Cette émouvante prestation musicale de «la Misa Criolla» fut une révélation et une consécration à plus d'un titre. Elle est parvenue non seulement à lever le voile sur l'une des œuvres sacrées les plus connues à travers le monde mais également à attirer une foule très nombreuse venue pour la découverte d'un site historique fabuleux.
C'est ainsi que l'on peut dire que le Festival de Fès des musiques sacrées du monde remplit un rôle de promotion d'une cité et de ses monuments considérés comme des joyaux architecturaux.
Cette manifestation, qui véhicule «L'esprit de Fès» à travers le monde, a édifié au fil des ans sa richesse. Elle permet aussi bien aux festivaliers qu'aux représentants des médias étrangers, de la presse écrite et de l'audiovisuels accrédités pour l'occasion, de déambuler à travers les nombreuses ruelles afin de parcourir les labyrinthes de la Médina, de visiter des endroits magiques comme «Dar Tazi», résidence des pachas de la ville construite en 1900 et abritant les veillées soufies à partir de 23 heures, le «Riad Schéhérazade», construit en 1900 selon le modèle architectural arabo-andalou typique des maisons «patriciennes» de Fès, «Bab Boujloud», édifiée au 11e siècle et restaurée sous le règne du Sultan Alaouite Moulay Hafid et l'esplanade de «Bab El Makina», cette porte monumentale bâtie en 1886 du temps de Moulay Hassan Premier.
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Dans le jardin du palais Batha à Fès, sous un chêne plusieurs fois centenaire, des personnalités ont scruté "l'âme de la mondialisation", en soulignant les bienfaits du "savoir partagé" et les dangers de la "libre circulation de la barbarie", à l'ouverture du Festival des musiques sacrées.
"La mondialisation n'a de sens que si elle a une âme, un projet collectif universel qui puisse lui donner une orientation, qui puisse agir pour transformer le monde", a souligné samedi le Marocain Mohamed Kabbaj, président du Festival des musiques sacrées de Fès.
M. Kabbaj a noté lors d'une intervention que dans le Coran, "l'harmonie est la preuve irréfutable de l'existence de Dieu et la nécessaire relation entre l'homme et la société". Le 12ème festival de la musique sacrée, qui s'est ouvert vendredi soir, présente sur le thème "Harmonies", des chants spirituels syriens, iraniens, indiens et maliens, ainsi que la musique des cathédrales latino-américaines, les tambours de Tokyo, les chants tibétains, les musiques chrétiennes, sépharades et arabo-andalouses du pourtour méditerranéen, le mugam mystique d'Azerbaïdjan pour se terminer le 10 juin par un concert du malien Salif Keita. Un des moments forts aura lieu jeudi avec la rencontre d'Enrico Macias, chanteur français né en Algérie, et le compositeur, chanteur et luthiste tunisien Lotfi Bouchnak. Le thème de la mondialisation, ses bienfaits et ses dangers, figure également au centre d'une dizaine de colloques prévus lors du festival. "Dans la mondialisation, le respect des identités, des cultures, des religions est quelque chose d'essentiel, un facteur de paix. Les harmonies au pluriel signifient le respect des diversités", a insisté pour sa part le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Il s'est félicité que la pluralité des expressions culturelles ait été reconnue par l'Unesco comme un élément fondateur d'un projet politique. "Si la mondialisation est une chance (...) il ne faut pas oublier que la circulation de l'information permet aussi la circulation de la barbarie (...) c'est la raison pour laquelle nous devons être mobilisés et attentifs de faire en sorte que toutes ces musiques sacrées du monde qui vont résonner durant ce festival ne soient pas un moment d'harmonie précaire", a-t-il ajouté dans le patio du palais Batha, un édifice du XIX ème siècle transformé en 1915 en Musée des Arts et traditions.
Elisabeth Guigou, ancienne ministre française de la Justice est intervenue elle aussi sur ce même thème en citant le célèbre anthropologue français, Claude Lévi-Strauss. Elle a souligné qu'une "société a besoin du réel, du symbolique et de l'imaginaire".
"Si un de ces trois éléments vient à disparaître, la société périclite et court à sa perte. Il faut donc dans la mondialisation d'aujourd'hui respecter les trois critères", a estimé Mme Guigou.
Pour Marc Luycks Ghisi, expert pour la société de la connaissance auprès de la Commission européenne, "le passage de l'économie de l'objet à la société de la connaissance représente un bouleversement plus important que la Renaissance après le Moyen Age". L'expert a toutefois mis en garde contre "les manipulateurs du savoir". Marc Luycks Ghisi a enfin rappelé que Jacques Delors (ancien président de l'Union européenne), avait affirmé, il y a treize ans, que "si l'Europe n'est qu'un marché, cela ne marchera pas. Treize ans plus tard, nous nous apercevons que l'Union européenne est un marché auquel il manque une âme".
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Dans le jardin du palais Batha à Fès, sous un chêne plusieurs fois centenaire, des personnalités ont scruté "l'âme de la mondialisation", en soulignant les bienfaits du "savoir partagé" et les dangers de la "libre circulation de la barbarie", à l'ouverture du Festival des musiques sacrées.
"La mondialisation n'a de sens que si elle a une âme, un projet collectif universel qui puisse lui donner une orientation, qui puisse agir pour transformer le monde", a souligné samedi le Marocain Mohamed Kabbaj, président du Festival des musiques sacrées de Fès.
M. Kabbaj a noté lors d'une intervention que dans le Coran, "l'harmonie est la preuve irréfutable de l'existence de Dieu et la nécessaire relation entre l'homme et la société". Le 12ème festival de la musique sacrée, qui s'est ouvert vendredi soir, présente sur le thème "Harmonies", des chants spirituels syriens, iraniens, indiens et maliens, ainsi que la musique des cathédrales latino-américaines, les tambours de Tokyo, les chants tibétains, les musiques chrétiennes, sépharades et arabo-andalouses du pourtour méditerranéen, le mugam mystique d'Azerbaïdjan pour se terminer le 10 juin par un concert du malien Salif Keita.
Un des moments forts aura lieu jeudi avec la rencontre d'Enrico Macias, chanteur français né en Algérie, et le compositeur, chanteur et luthiste tunisien Lotfi Bouchnak.
Le thème de la mondialisation, ses bienfaits et ses dangers, figure également au centre d'une dizaine de colloques prévus lors du festival. "Dans la mondialisation, le respect des identités, des cultures, des religions est quelque chose d'essentiel, un facteur de paix.
Les harmonies au pluriel signifient le respect des diversités", a insisté pour sa part le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Il s'est félicité que la pluralité des expressions culturelles ait été reconnue par l'Unesco comme un élément fondateur d'un projet politique. "Si la mondialisation est une chance (...) il ne faut pas oublier que la circulation de l'information permet aussi la circulation de la barbarie (...) c'est la raison pour laquelle nous devons être mobilisés et attentifs de faire en sorte que toutes ces musiques sacrées du monde qui vont résonner durant ce festival ne soient pas un moment d'harmonie précaire", a-t-il ajouté dans le patio du palais Batha, un édifice du XIX ème siècle transformé en 1915 en Musée des Arts et traditions.
Elisabeth Guigou, ancienne ministre française de la Justice est intervenue elle aussi sur ce même thème en citant le célèbre anthropologue français, Claude Lévi-Strauss. Elle a souligné qu'une "société a besoin du réel, du symbolique et de l'imaginaire".
"Si un de ces trois éléments vient à disparaître, la société périclite et court à sa perte. Il faut donc dans la mondialisation d'aujourd'hui respecter les trois critères", a estimé Mme Guigou.
Pour Marc Luycks Ghisi, expert pour la société de la connaissance auprès de la Commission européenne, "le passage de l'économie de l'objet à la société de la connaissance représente un bouleversement plus important que la Renaissance après le Moyen Age". L'expert a toutefois mis en garde contre "les manipulateurs du savoir". Marc Luycks Ghisi a enfin rappelé que Jacques Delors (ancien président de l'Union européenne), avait affirmé, il y a treize ans, que "si l'Europe n'est qu'un marché, cela ne marchera pas
. Treize ans plus tard, nous nous apercevons que l'Union européenne est un marché auquel il manque une âme".
En effet depuis le coup d'envoi de la 12e édition, organisée sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI par la toute nouvelle Fondation «Esprit de Fès» sur le thème «Harmonies», la ville, vit dans ses différents lieux et monuments historiques, dans le climat de la fête et le rythme de la découverte.
Aussi bien les artistes venus des quatre coins du monde que les festivaliers marocains et étrangers découvrent l'esprit d'un pays, la culture d'une ville séculaire, symbole de tolérance et de cohabitation des confessions et des cultures.
Les observateurs assidus du Festival se rendent compte que cette rencontre hautement culturelle, artistique et académique a brandi la carte de l'animation pour faire la campagne promotionnelle d'une cité de tradition culturelle et spirituelle et ce depuis sa création par Idriss II.
Le musée Batha, ancienne résidence estivale des Rois Alaouites, construite par le Sultan Moulay Hassan 1er au milieu du 19e siècle, est un des exemples de promotion de la ville et de ses monuments illustres.
D'ailleurs ce haut lieu, à la fois Royal et artistique, qui regorge de collections d'œuvre d'art si rares, abrite actuellement une rétrospective étendue sur les 20 dernières années d'André El Baz, artiste-peintre marocain considéré comme l'un des grands noms de la peinture contemporaine.
Le site a drainé dimanche après-midi un public en grande majorité étranger venu assister au concert la Misa Criolla et les musiques des cathédrales latino-américaines des XVII et XVIII e siècle, dirigé par l'Argentin Enzo Gieco flûtiste, compositeur et chef d'orchestre dont la carrière internationale est connue de tous.
Cette belle prestation musicale a été une occasion, pour le public marocain, de découvrir un genre de musique savante.
Les musiciens et chanteurs formant l'ensemble vocal-instrumental «Agripacion musica», se plaçant sous le vieux chêne plusieurs fois centenaire donnant de la fierté aux sensibilités intellectuelles marocaines, ont interprété pour le parterre éclectique, diversifié mais tout de même «harmonieux», un répertoire magique de configurations musicales espagnoles.
Ce concert de musique baroque latino-américaine de pays comme le Guatemala, le Pérou et l'Argentine a ravi l'assistance. Conquise, cette dernière a pris connaissance d'un genre de musique d'églises que des connaisseurs ont défini volontiers comme un phénomène gospel amérindien.
Les voix soprano, mezzo soprano, ténor et basses ont savamment adapté les chants cultes pour reproduire, à l'exemple du negro-spiritual, l'histoire des populations locales d'Amérique Latine.
Toutefois ces chants de prières, qui n'ont été écrits qu'il y a une quarantaine d'années, reflètent l'authenticité historique donnant à un répertoire latino américain sa pleine dimension en reprenant les oeuvres des grandes cathédrales marquant le patrimoine amérindien.
Cette émouvante prestation musicale de «la Misa Criolla» fut une révélation et une consécration à plus d'un titre. Elle est parvenue non seulement à lever le voile sur l'une des œuvres sacrées les plus connues à travers le monde mais également à attirer une foule très nombreuse venue pour la découverte d'un site historique fabuleux.
C'est ainsi que l'on peut dire que le Festival de Fès des musiques sacrées du monde remplit un rôle de promotion d'une cité et de ses monuments considérés comme des joyaux architecturaux.
Cette manifestation, qui véhicule «L'esprit de Fès» à travers le monde, a édifié au fil des ans sa richesse. Elle permet aussi bien aux festivaliers qu'aux représentants des médias étrangers, de la presse écrite et de l'audiovisuels accrédités pour l'occasion, de déambuler à travers les nombreuses ruelles afin de parcourir les labyrinthes de la Médina, de visiter des endroits magiques comme «Dar Tazi», résidence des pachas de la ville construite en 1900 et abritant les veillées soufies à partir de 23 heures, le «Riad Schéhérazade», construit en 1900 selon le modèle architectural arabo-andalou typique des maisons «patriciennes» de Fès, «Bab Boujloud», édifiée au 11e siècle et restaurée sous le règne du Sultan Alaouite Moulay Hafid et l'esplanade de «Bab El Makina», cette porte monumentale bâtie en 1886 du temps de Moulay Hassan Premier.
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Au son des musiques du monde, Fès scrute l'âme de la mondialisation
Dans le jardin du palais Batha à Fès, sous un chêne plusieurs fois centenaire, des personnalités ont scruté "l'âme de la mondialisation", en soulignant les bienfaits du "savoir partagé" et les dangers de la "libre circulation de la barbarie", à l'ouverture du Festival des musiques sacrées.
"La mondialisation n'a de sens que si elle a une âme, un projet collectif universel qui puisse lui donner une orientation, qui puisse agir pour transformer le monde", a souligné samedi le Marocain Mohamed Kabbaj, président du Festival des musiques sacrées de Fès.
M. Kabbaj a noté lors d'une intervention que dans le Coran, "l'harmonie est la preuve irréfutable de l'existence de Dieu et la nécessaire relation entre l'homme et la société". Le 12ème festival de la musique sacrée, qui s'est ouvert vendredi soir, présente sur le thème "Harmonies", des chants spirituels syriens, iraniens, indiens et maliens, ainsi que la musique des cathédrales latino-américaines, les tambours de Tokyo, les chants tibétains, les musiques chrétiennes, sépharades et arabo-andalouses du pourtour méditerranéen, le mugam mystique d'Azerbaïdjan pour se terminer le 10 juin par un concert du malien Salif Keita. Un des moments forts aura lieu jeudi avec la rencontre d'Enrico Macias, chanteur français né en Algérie, et le compositeur, chanteur et luthiste tunisien Lotfi Bouchnak. Le thème de la mondialisation, ses bienfaits et ses dangers, figure également au centre d'une dizaine de colloques prévus lors du festival. "Dans la mondialisation, le respect des identités, des cultures, des religions est quelque chose d'essentiel, un facteur de paix. Les harmonies au pluriel signifient le respect des diversités", a insisté pour sa part le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Il s'est félicité que la pluralité des expressions culturelles ait été reconnue par l'Unesco comme un élément fondateur d'un projet politique. "Si la mondialisation est une chance (...) il ne faut pas oublier que la circulation de l'information permet aussi la circulation de la barbarie (...) c'est la raison pour laquelle nous devons être mobilisés et attentifs de faire en sorte que toutes ces musiques sacrées du monde qui vont résonner durant ce festival ne soient pas un moment d'harmonie précaire", a-t-il ajouté dans le patio du palais Batha, un édifice du XIX ème siècle transformé en 1915 en Musée des Arts et traditions.
Elisabeth Guigou, ancienne ministre française de la Justice est intervenue elle aussi sur ce même thème en citant le célèbre anthropologue français, Claude Lévi-Strauss. Elle a souligné qu'une "société a besoin du réel, du symbolique et de l'imaginaire".
"Si un de ces trois éléments vient à disparaître, la société périclite et court à sa perte. Il faut donc dans la mondialisation d'aujourd'hui respecter les trois critères", a estimé Mme Guigou.
Pour Marc Luycks Ghisi, expert pour la société de la connaissance auprès de la Commission européenne, "le passage de l'économie de l'objet à la société de la connaissance représente un bouleversement plus important que la Renaissance après le Moyen Age". L'expert a toutefois mis en garde contre "les manipulateurs du savoir". Marc Luycks Ghisi a enfin rappelé que Jacques Delors (ancien président de l'Union européenne), avait affirmé, il y a treize ans, que "si l'Europe n'est qu'un marché, cela ne marchera pas. Treize ans plus tard, nous nous apercevons que l'Union européenne est un marché auquel il manque une âme".
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Au son des musiques du monde, Fès scrute l'âme de la mondialisation
Dans le jardin du palais Batha à Fès, sous un chêne plusieurs fois centenaire, des personnalités ont scruté "l'âme de la mondialisation", en soulignant les bienfaits du "savoir partagé" et les dangers de la "libre circulation de la barbarie", à l'ouverture du Festival des musiques sacrées.
"La mondialisation n'a de sens que si elle a une âme, un projet collectif universel qui puisse lui donner une orientation, qui puisse agir pour transformer le monde", a souligné samedi le Marocain Mohamed Kabbaj, président du Festival des musiques sacrées de Fès.
M. Kabbaj a noté lors d'une intervention que dans le Coran, "l'harmonie est la preuve irréfutable de l'existence de Dieu et la nécessaire relation entre l'homme et la société". Le 12ème festival de la musique sacrée, qui s'est ouvert vendredi soir, présente sur le thème "Harmonies", des chants spirituels syriens, iraniens, indiens et maliens, ainsi que la musique des cathédrales latino-américaines, les tambours de Tokyo, les chants tibétains, les musiques chrétiennes, sépharades et arabo-andalouses du pourtour méditerranéen, le mugam mystique d'Azerbaïdjan pour se terminer le 10 juin par un concert du malien Salif Keita.
Un des moments forts aura lieu jeudi avec la rencontre d'Enrico Macias, chanteur français né en Algérie, et le compositeur, chanteur et luthiste tunisien Lotfi Bouchnak.
Le thème de la mondialisation, ses bienfaits et ses dangers, figure également au centre d'une dizaine de colloques prévus lors du festival. "Dans la mondialisation, le respect des identités, des cultures, des religions est quelque chose d'essentiel, un facteur de paix.
Les harmonies au pluriel signifient le respect des diversités", a insisté pour sa part le ministre français de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres. Il s'est félicité que la pluralité des expressions culturelles ait été reconnue par l'Unesco comme un élément fondateur d'un projet politique. "Si la mondialisation est une chance (...) il ne faut pas oublier que la circulation de l'information permet aussi la circulation de la barbarie (...) c'est la raison pour laquelle nous devons être mobilisés et attentifs de faire en sorte que toutes ces musiques sacrées du monde qui vont résonner durant ce festival ne soient pas un moment d'harmonie précaire", a-t-il ajouté dans le patio du palais Batha, un édifice du XIX ème siècle transformé en 1915 en Musée des Arts et traditions.
Elisabeth Guigou, ancienne ministre française de la Justice est intervenue elle aussi sur ce même thème en citant le célèbre anthropologue français, Claude Lévi-Strauss. Elle a souligné qu'une "société a besoin du réel, du symbolique et de l'imaginaire".
"Si un de ces trois éléments vient à disparaître, la société périclite et court à sa perte. Il faut donc dans la mondialisation d'aujourd'hui respecter les trois critères", a estimé Mme Guigou.
Pour Marc Luycks Ghisi, expert pour la société de la connaissance auprès de la Commission européenne, "le passage de l'économie de l'objet à la société de la connaissance représente un bouleversement plus important que la Renaissance après le Moyen Age". L'expert a toutefois mis en garde contre "les manipulateurs du savoir". Marc Luycks Ghisi a enfin rappelé que Jacques Delors (ancien président de l'Union européenne), avait affirmé, il y a treize ans, que "si l'Europe n'est qu'un marché, cela ne marchera pas
. Treize ans plus tard, nous nous apercevons que l'Union européenne est un marché auquel il manque une âme".
