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Les juges d'Outreau plaident la faute collective

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Pour la première fois, des magistrats qui sont intervenus dans l'affaire de pédophilie d'Outreau se sont exprimés pour imputer la responsabilité du fiasco judiciaire à «l'emballement répressif et médiatique».
«L'affaire d'Outreau est à l'image de la justice de tous les jours. Il faut y voir non pas une aberration isolée mais plutôt la révélation paroxystique d'un véritable emballement répressif et médiatique», écrivent cinq magistrats de la cour d'appel de Douai dans une lettre au journal Le Monde, publiée mercredi.

La chambre de l'instruction de Douai, présidée par Didier Beauvais, s'est vu reprocher dans l'affaire d'Outreau d'avoir repoussé des centaines de demandes de remise en liberté présentées par les suspects.


L'acquittement de 13 des 17 suspects lors de deux procès en 2004 et 2005 et la mort en prison d'un 18e en 2002 ont fait de cette affaire la plus grave erreur judiciaire de l'histoire récente du pays.
Les magistrats, dont Didier Beauvais promu depuis conseiller à la Cour de cassation, s'adressent dans leur lettre aux acquittés, détenus pour 12 d'entre eux pendant des années.


«Qu'ils sachent que le souvenir de leurs vies broyées accompagne depuis des mois et des mois notre quotidien et continuera de (nous) hanter encore longtemps», disent Didier Beauvais et les conseillers Pascale Fontaine, Sylvie Karas, Claire Montpied et Sabien Mariette.

Ils écartent implicitement toute erreur personnelle.
«Le verdict permet à certains de redécouvrir la valeur de la présomption d'innocence alors que depuis trois ans, au nom d'une politique sécuritaire de plus en plus envahissante, le législateur a érigé l'incarcération en principe de précaution», disent-ils.

Le crime sexuel étant érigé selon eux en «mal absolu», les magistrats seraient victimes d'une pression pour placer ou maintenir en détention les suspects.
Les signataires mettent aussi en cause les journalistes, coupables d'avoir «jugé d'avance et condamné toutes les personnes impliquées avant de les innocenter médiatiquement».

Ces magistrats ont été mis en cause lors du second procès de l'affaire par les personnes innocentées, qui ont raconté à la barre qu'ils se contentaient d'audiences de pure forme pour examiner leurs demandes sans les écouter et sombraient même parfois, selon eux, dans le sommeil.

L'abbé Dominique Wiel a raconté que Didier Beauvais lui lançait en souriant : «Merci, à la prochaine !», après chacune des 112 audiences en trente mois où il était venu demander sa libération, en vain.


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