La controverse sur le voile islamique se durcit en Grande-Bretagne, où le cas d'une jeune institutrice refusant d'enlever son «niqab» (voile intégral) cristallise désormais la méfiance croissante entre les communautés.
Quelques milliers de musulmanes seulement portent cette forme particulière de voile ne laissant voir que les yeux. Mais toute la communauté, forte de 1,6 million de membres, paraît de plus en plus sur la défensive.
«Ce qui s'est produit ces derniers mois, c'est un tir de barrage pour diaboliser la communauté musulmane, à un point tel que la communauté a maintenant peur et se sent vulnérable», s'est plaint jeudi sur la BBC Muhammad Abdul Bari, le président du MCB, la principale association musulmane du pays.
Quelques heures plus tôt, les prud'hommes du West Yorkshire (nord de l'Angleterre) avaient estimé qu'Aishah Azmi, une institutrice de 24 ans, suspendue pour avoir refusé d'enlever son «niqab», n'avait subi ni discrimination ni harcèlement. Elle a été suspendue à juste titre, ont-ils conclu, parce que les enfants comprenaient mal ses cours quand elle portait ce voile intégral.
Une mauvaise compréhension : c'est aussi ce qu'avait invoqué Jack Straw, ministre des Relations avec les députés, qui a lancé la polémique il y a deux semaines. Il avait pris soin de distinguer le «niqab» du simple foulard islamique.
Dans une prise de position modérée, M. Straw avait souligné la liberté de chacun, tout en s'inquiétant de voir les communautés s'éloigner les unes des autres.
Mais le débat initial sur le niqab a vite dérivé sur le voile en général.
Il pourrait à nouveau évoluer en une querelle sur la «Britishness», un barbarisme qu'on pourrait se traduire en français par «Britannicité».
Le Sun a ainsi publié vendredi en Une la photo de Mme Azmi, ou plutôt de son visage entièrement voilé. Dans une légende en gros caractères rouges, la jeune femme paraît interpeller les 10 millions de lecteurs du quotidien populiste: «C'est VOUS qui devez vous intégrer».
Reste à savoir si c'est le voile qui «marque une séparation» entre les musulmans et le reste de la société, comme l'a jugé mardi le Premier ministre Tony Blair, ou bien s'il est moins toléré parce que l'Islam est moins accepté qu'auparavant dans le pays.
Par tradition en Grande-Bretagne, le port du voile est admis partout, y compris à l'école et dans les administrations. Cette tolérance profite aussi aux sikhs, la vue de policiers portant un turban avec leur uniforme est banale.
Mais les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont commencé de changer la donne pour les musulmans. La guerre en Irak à partir de 2003, puis les attaques-suicides de juillet 2005 à Londres (56 morts, 700 blessés) ont accentué leur sentiment d'être une communauté à l'écart.
Alors que la lutte contre l'islamisme est devenue une priorité absolue de l'Etat, «il serait naïf d'imaginer que le débat national sur le voile et sur les femmes musulmanes en général peut être hermétiquement séparé de la ‘'guerre contre le terrorisme'», analysait cette semaine en tant que musulmane britannique la juriste Maleiha Malik, du King's College de Londres.
Quelques milliers de musulmanes seulement portent cette forme particulière de voile ne laissant voir que les yeux. Mais toute la communauté, forte de 1,6 million de membres, paraît de plus en plus sur la défensive.
«Ce qui s'est produit ces derniers mois, c'est un tir de barrage pour diaboliser la communauté musulmane, à un point tel que la communauté a maintenant peur et se sent vulnérable», s'est plaint jeudi sur la BBC Muhammad Abdul Bari, le président du MCB, la principale association musulmane du pays.
Quelques heures plus tôt, les prud'hommes du West Yorkshire (nord de l'Angleterre) avaient estimé qu'Aishah Azmi, une institutrice de 24 ans, suspendue pour avoir refusé d'enlever son «niqab», n'avait subi ni discrimination ni harcèlement. Elle a été suspendue à juste titre, ont-ils conclu, parce que les enfants comprenaient mal ses cours quand elle portait ce voile intégral.
Une mauvaise compréhension : c'est aussi ce qu'avait invoqué Jack Straw, ministre des Relations avec les députés, qui a lancé la polémique il y a deux semaines. Il avait pris soin de distinguer le «niqab» du simple foulard islamique.
Dans une prise de position modérée, M. Straw avait souligné la liberté de chacun, tout en s'inquiétant de voir les communautés s'éloigner les unes des autres.
Mais le débat initial sur le niqab a vite dérivé sur le voile en général.
Il pourrait à nouveau évoluer en une querelle sur la «Britishness», un barbarisme qu'on pourrait se traduire en français par «Britannicité».
Le Sun a ainsi publié vendredi en Une la photo de Mme Azmi, ou plutôt de son visage entièrement voilé. Dans une légende en gros caractères rouges, la jeune femme paraît interpeller les 10 millions de lecteurs du quotidien populiste: «C'est VOUS qui devez vous intégrer».
Reste à savoir si c'est le voile qui «marque une séparation» entre les musulmans et le reste de la société, comme l'a jugé mardi le Premier ministre Tony Blair, ou bien s'il est moins toléré parce que l'Islam est moins accepté qu'auparavant dans le pays.
Par tradition en Grande-Bretagne, le port du voile est admis partout, y compris à l'école et dans les administrations. Cette tolérance profite aussi aux sikhs, la vue de policiers portant un turban avec leur uniforme est banale.
Mais les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ont commencé de changer la donne pour les musulmans. La guerre en Irak à partir de 2003, puis les attaques-suicides de juillet 2005 à Londres (56 morts, 700 blessés) ont accentué leur sentiment d'être une communauté à l'écart.
Alors que la lutte contre l'islamisme est devenue une priorité absolue de l'Etat, «il serait naïf d'imaginer que le débat national sur le voile et sur les femmes musulmanes en général peut être hermétiquement séparé de la ‘'guerre contre le terrorisme'», analysait cette semaine en tant que musulmane britannique la juriste Maleiha Malik, du King's College de Londres.
