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Zarqaoui renaît de ses cendres à un moment crucial en Irak

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L'apparition à visage découvert sur Internet pour la première fois du chef de la branche irakienne d'Al-Qaïda, l'énigmatique Abou Moussab Zarqaoui, souvent donné pour mort ou qualifié de «mythe», a mis fin aux spéculations sur son sort, à un moment critique pour l'Irak.

L'homme le plus recherché par les Etats-Unis en Irak, dont la tête est mise à prix pour 25 millions de dollars, a juré de vaincre les Américains, mis en garde les sunnites contre l'engagement dans le processus politique et les a incités à poursuivre le jihad pour instaurer un Etat islamique, dans une vidéo mise en ligne mardi soir sur un site islamiste.

«Pour que Zarqaoui, celui dont le sort a suscité de nombreuses spéculations, sorte de sa cachette, il faut un mobile de taille», estime Yasser Zaatara, un expert jordanien en islamologie.

«La situation politique en Irak prend une tournure dramatique aux yeux de Zarqaoui : l'ambassadeur américain, Zalmay Khalilzad, obtient des acquis sur le terrain avec la participation des forces sunnites au processus politique, ce qui pourrait détourner les insurgés de la résistance. Le moment est très critique.

Zarqaoui sort de sa cachette», ajoute-t-il. Plus de quatre mois après les législatives du 15 décembre, la situation politique semble s'être débloquée en Irak avec la nomination au poste de Premier ministre du chiite Jawad Maliki, qui a aussitôt ouvert des négociations avec les principales formations représentées au Parlement pour l'attribution des ministères. «L'homme (Zarqaoui) a balayé d'une main toutes les spéculations sur son sort après les rumeurs ayant fait état de sa mort aux premiers jours de la guerre en Irak, alors qu'il se trouvait avec le groupe d'Ansar al-Islam dans le Kurdistan irakien», estime Abdelbari Atwan, rédacteur en chef du quotidien arabe londonien «Al-Quds Al-Arabi».

Depuis, l'extrémiste jordanien, qualifié parfois de «mythe» utilisé par les Américains pour justifier la poursuite de leur occupation de l'Irak, ne s'était manifesté que par des enregistrements sonores. Il n'était «apparu» qu'une seule fois... mais la tête cachée par une cagoule. En 2004, il avait été présenté sur une vidéo comme étant le bourreau encagoulé qui avait assassiné l'otage américain Eugene Armstrong. La CIA avait alors affirmé avoir la quasi-certitude que la voix était bien celle de Zarqaoui. «L'homme met aussi fin aux rumeurs sur sa marginalisation politique.

Il veut dire qu'il est toujours à la tête d'Al-Qaïda en Irak, qu'il joue un rôle sur la scène politique», ajoute M. Atwan. Il note aussi que «l'apparition de Zarqaoui, en chair et en os, intervient deux jours après la diffusion d'une bande audio d'Oussama Ben Laden» dans laquelle le chef d'Al-Qaïda a accusé l'Occident de faire la guerre à l'islam.

«J'ai l'honneur d'être membre du Conseil Choura des moudjahidine (NDLR : une instance de huit groupes jihadistes formée le 15 janvier), qui sera le noyau de l'Etat islamique, en étant en même temps l'émir d'Al-Qaïda en Mésopotamie», a déclaré Zarqaoui. Il était visiblement en pleine forme physique, démentant ainsi des informations faisant état d'une blessure et de maladie.
Il avait disparu de la scène médiatique depuis le triple attentat suicide contre des hôtels à Amman, le 9 novembre, que son groupe avait revendiqué.

Des dignitaires tribaux irakiens ont affirmé en mars que des tribus sunnites, excédées par la campagne de terreur contre leurs notables, avaient déclaré la guerre aux groupes affiliés à Zarqaoui. Houdayfa Azzam, le fils de Abdallah Azzam, maître à penser de ben Laden, a récemment affirmé que la «résistance» en Irak avait remplacé Zarqaoui par un Irakien, Abdallah ben Rached Al-Baghdadi, à la tête de l'insurrection et l'avait cantonné à l'action militaire, loin de toute politique. Mais à en croire des internautes islamistes, Zarqaoui est toujours à la tête de la branche irakienne d'Al-Qaïda, même s'il a délégué une partie de son pouvoir à «un adjoint irakien».
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