Place sous sédatifs et assistance respiratoire, Ariel Sharon luttait contre la mort jeudi après une hémorragie cérébrale qui a nécessité une longue intervention chirurgicale et bouleverse la donne politique en Israël et dans la région. Les neurochirurgiens de l'hôpital Hadassah d'Al Qods, où le Premier ministre israélien a été opéré pendant plus de sept heures, ont dit qu'ils étaient parvenus à stopper l'hémorragie.
Ses signes vitaux sont stables, mais Sharon, 78 ans le mois prochain, est dans un état critique et, de l'avis d'autorités médicales, il est plus qu'improbable, même s'il survit, qu'il puisse reprendre pied un jour sur la scène politique.
Shlomo Mor-Yosef, le directeur de l'hôpital où le chef du gouvernement avait été admis en urgence la veille au soir, a précisé jeudi dans la soirée qu'il serait maintenu sous sédatifs, soit en coma artificiel, pendant au moins 48 heures afin de maintenir une faible pression dans la boîte crânienne. «Ce traitement va durer quelque chose comme 48 à 72 heures puis nous essaierons de réveiller progressivement le Premier ministre», a-t-il ajouté. D'après la deuxième chaîne de télévision israélienne, les médecins pourraient tenter de sortir Sharon de son coma artificiel ce dimanche.
Le directeur de l'hôpital Hadassah s'est refusé à tout commentaire sur l'étendue des probables lésions cérébrales provoquées par l'hémorragie, d'un type souvent mortel. Il a relevé cependant que Sharon conservait ses fonctions cérébrales. Les spécialistes de la médecine s'accordent à dire qu'il est improbable que Sharon, victime d'un accident vasculaire cérébral bénin le 18 décembre dernier, s'en sorte sans séquelles. Le quotidien israélien Haaretz rapporte sur son site internet que Sharon a été à moitié paralysé par l'hémorragie. «Avec toute la prudence nécessaire, il semble que l'ère de Sharon à la tête d'Israël soit parvenue à une fin tragique», écrit Aluf Ben, correspondant diplomatique de Haaretz.
Incertitudes en Israel...
En cas de décès ou d'incapacité de Sharon, la victoire annoncée de sa nouvelle formation, Kadima (En Avant), aux élections législatives du 28 mars deviendrait plus incertaine. Ce mouvement classé au centre a été créé par sa volonté et autour de sa personnalité. «Sharon, c'est Kadima, et Kadima, c'est Sharon», résume le quotidien Maariv.
Kadima a recruté à droite, parmi le Likoud que Sharon avait contribué à fonder, et à gauche, attirant notamment le vétéran travailliste Shimon Peres. La disparition, à tout le moins politique, d'Ariel Sharon menacerait l'édifice bâti pour assurer au Premier ministre sa réélection au printemps. L'ancien général, dont les Etats-Unis espéraient qu'il ferait progresser le processus de paix au Proche-Orient, n'a jamais désigné de successeur. «Nous espérons d'instant en instant qu'un miracle se produira», a déclaré Tzachi Hanegbi, ministre et membre de Kadima.
En vertu des dispositions de la Loi fondamentale israélienne en cas d'incapacité temporaire du chef du gouvernement, ses pouvoirs ont été transférés au vice-Premier ministre, Ehud Olmert, pour une période de cent jours. Les élections auront donc bien lieu le 28 mars. Olmert, qui a dû assimiler en un temps très court les secrets les mieux gardés de l'Etat, est considéré comme l'une des personnalités susceptibles de reprendre, ou de tenter de reprendre, le flambeau de Kadima. Depuis qu'il a rallié le gouvernement Sharon en 2003, l'ancien maire de Jérusalem a régulièrement lancé des «ballons d'essai» pour tester d'éventuelles pistes de relance du processus de paix israélo-palestinien.
Tzipi Livni, ministre de la Justice et femme la plus influente dans l'entourage de Sharon, et Shaul Mofaz, ministre de la Défense et ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, sont deux autres de ses successeurs potentiels.
... Et au Proche-Orient
Mais aucun n'a l'envergure du «Bulldozer» qui, aux yeux d'une partie importante de l'opinion publique israélienne, est le seul dirigeant susceptible d'apporter «la paix dans la sécurité».
Sa disparition de la scène politique accentuerait également l'incertitude au Proche-Orient, où des menaces pèsent déjà sur la tenue des élections législatives palestiniennes, le 25 janvier.
En cas de nouveau succès électoral, Sharon semblait en effet déterminé à régler à sa manière le conflit en renonçant à une partie de la Cisjordanie dont il aurait toutefois conservé pour Israël les plus importants blocs de colonies.
Dès mercredi soir, à peine annoncée son hospitalisation, la Maison blanche faisait savoir que George Bush et son épouse Laura priaient pour son rétablissement.
A Paris, Jacques Chirac a dit jeudi son espoir qu'il surmonterait rapidement «la douloureuse épreuve qu'il traverse». Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dont le pouvoir est menacé par l'instabilité et l'insécurité dans la Bande de Gaza, s'est enquis de sa santé auprès des services de Sharon et a exprimé des souhaits de rétablissement.
Le vice-Premier ministre palestinien Nabil Chaas a dit pour sa part n'avoir jamais cru en la foi de Sharon dans le processus de paix mais, a-t-il ajouté, «cela va accroître l'incertitude à laquelle nous sommes déjà confrontés sur le retour au processus de paix».
Initiation accélérée pour Olmert aux secrets d'Israël
Ehud Olmert, désigné dans l'urgence à la tête du gouvernement israélien après l'hémorragie cérébrale d'Ariel Sharon, a été initié aux secrets les mieux gardés du pays, devant assimiler quantité d'informations en un temps extrêmement réduit.
Selon une procédure mise en oeuvre deux fois seulement auparavant dans l'histoire d'Israël, l'ancien maire de Jérusalem a été briefé dès la nuit de mercredi à jeudi par les responsables de l'armée et du renseignement, précise-t-on de sources proches de la sécurité.
L'expertise militaire d'Olmert, qui n'a jamais été qu'officier subalterne dans l'infanterie, est sans commune mesure avec celle de Sharon. Il lui revient pourtant d'assumer maintenant des responsabilités hautement sensibles en matière de sécurité.
De source autorisée, on indique que le Premier ministre par intérim a passé au moins une heure avec le chef du Mossad (espionnage) puis une autre heure avec le directeur du Shin Bet (contre-espionnage). Il s'est également entretenu avec le chef du renseignement militaire et l'aide de camp d'Ariel Sharon. «Il existe des procédures, des chaînes de commandement connues du seul Premier ministre, tout ce qui est lié au programme stratégique clef», précise la même source en faisant allusion aux capacités nucléaires d'Israël.
Israël, même si les autorités ne l'ont jamais confirmé ou démenti, dispose très probablement d'au moins 200 ogives nucléaires suspectibles d'équiper des missiles balistiques ou des avions à longue portée. Mais, en dépit de son rang de vice-Premier ministre, Olmert en ignorait sans doute pratiquement tout, ajoute-t-on de même source.
Dans l'histoire d'Israël, cette procédure de succession accélérée ne s'était produite qu'à deux reprises: en 1968, à la suite de la maladie de Levi Eskhol, et en 1995, après l'assassinat d'Yizthak Rabin. Et encore, dans ce dernier cas, c'est un ancien Premier ministre, Shimon Peres, qui lui avait succédé, facilitant cette passation hors norme des pouvoirs.
Les ministres du Likoud reportent leur démission
Les ministres duLikoud ne démissionneront pas dans l'immédiat comme ils l'avaient prévu en raison de la détérioration soudaine de l'état de santé du chef du gouvernement israélien Ariel Sharon, a annoncé jeudi le ministre israélien de la Santé, Dan Naveh.
Il a déclaré sur les ondes de la première chaîne israélienne que cette démission, prévue dimanche, serait inappropriée et ferait «désordre» dans les circonstances actuelles. «Cela ne va pas avoir lieu», a dit Naveh Les quatre ministres issus du Likoud, dont le ministre des Affaires étrangères Silvan Shalom, devaient démissionner dimanche pour permettre à ce parti de droite de se concentrer sur la campagne pour les législatives anticipées du 28 mars en Israël.
Sharon, qui faisait partie des fondateurs du Likoud, avait quitté cette formation pour créer son propre parti au centre, Kadima.
Placé sous sédatifs et assistance respiratoire, Ariel Sharon luttait jeudi contre la mort après une hémorragie cérébrale qui a nécessité une longue intervention chirurgicale. Le Premier ministre restera dans un coma artificiel pendant 48 à 72 heures, a annoncé jeudi soir Shlomo Mor-Yosef, le directeur de l'hôpital où le chef du gouvernement a été admis en urgence mercredi.
Ses signes vitaux sont stables, mais Sharon, 78 ans le mois prochain, est dans un état critique et, de l'avis d'autorités médicales, il est plus qu'improbable, même s'il survit, qu'il puisse reprendre pied un jour sur la scène politique.
Shlomo Mor-Yosef, le directeur de l'hôpital où le chef du gouvernement avait été admis en urgence la veille au soir, a précisé jeudi dans la soirée qu'il serait maintenu sous sédatifs, soit en coma artificiel, pendant au moins 48 heures afin de maintenir une faible pression dans la boîte crânienne. «Ce traitement va durer quelque chose comme 48 à 72 heures puis nous essaierons de réveiller progressivement le Premier ministre», a-t-il ajouté. D'après la deuxième chaîne de télévision israélienne, les médecins pourraient tenter de sortir Sharon de son coma artificiel ce dimanche.
Le directeur de l'hôpital Hadassah s'est refusé à tout commentaire sur l'étendue des probables lésions cérébrales provoquées par l'hémorragie, d'un type souvent mortel. Il a relevé cependant que Sharon conservait ses fonctions cérébrales. Les spécialistes de la médecine s'accordent à dire qu'il est improbable que Sharon, victime d'un accident vasculaire cérébral bénin le 18 décembre dernier, s'en sorte sans séquelles. Le quotidien israélien Haaretz rapporte sur son site internet que Sharon a été à moitié paralysé par l'hémorragie. «Avec toute la prudence nécessaire, il semble que l'ère de Sharon à la tête d'Israël soit parvenue à une fin tragique», écrit Aluf Ben, correspondant diplomatique de Haaretz.
Incertitudes en Israel...
En cas de décès ou d'incapacité de Sharon, la victoire annoncée de sa nouvelle formation, Kadima (En Avant), aux élections législatives du 28 mars deviendrait plus incertaine. Ce mouvement classé au centre a été créé par sa volonté et autour de sa personnalité. «Sharon, c'est Kadima, et Kadima, c'est Sharon», résume le quotidien Maariv.
Kadima a recruté à droite, parmi le Likoud que Sharon avait contribué à fonder, et à gauche, attirant notamment le vétéran travailliste Shimon Peres. La disparition, à tout le moins politique, d'Ariel Sharon menacerait l'édifice bâti pour assurer au Premier ministre sa réélection au printemps. L'ancien général, dont les Etats-Unis espéraient qu'il ferait progresser le processus de paix au Proche-Orient, n'a jamais désigné de successeur. «Nous espérons d'instant en instant qu'un miracle se produira», a déclaré Tzachi Hanegbi, ministre et membre de Kadima.
En vertu des dispositions de la Loi fondamentale israélienne en cas d'incapacité temporaire du chef du gouvernement, ses pouvoirs ont été transférés au vice-Premier ministre, Ehud Olmert, pour une période de cent jours. Les élections auront donc bien lieu le 28 mars. Olmert, qui a dû assimiler en un temps très court les secrets les mieux gardés de l'Etat, est considéré comme l'une des personnalités susceptibles de reprendre, ou de tenter de reprendre, le flambeau de Kadima. Depuis qu'il a rallié le gouvernement Sharon en 2003, l'ancien maire de Jérusalem a régulièrement lancé des «ballons d'essai» pour tester d'éventuelles pistes de relance du processus de paix israélo-palestinien.
Tzipi Livni, ministre de la Justice et femme la plus influente dans l'entourage de Sharon, et Shaul Mofaz, ministre de la Défense et ancien chef d'état-major de l'armée israélienne, sont deux autres de ses successeurs potentiels.
... Et au Proche-Orient
Mais aucun n'a l'envergure du «Bulldozer» qui, aux yeux d'une partie importante de l'opinion publique israélienne, est le seul dirigeant susceptible d'apporter «la paix dans la sécurité».
Sa disparition de la scène politique accentuerait également l'incertitude au Proche-Orient, où des menaces pèsent déjà sur la tenue des élections législatives palestiniennes, le 25 janvier.
En cas de nouveau succès électoral, Sharon semblait en effet déterminé à régler à sa manière le conflit en renonçant à une partie de la Cisjordanie dont il aurait toutefois conservé pour Israël les plus importants blocs de colonies.
Dès mercredi soir, à peine annoncée son hospitalisation, la Maison blanche faisait savoir que George Bush et son épouse Laura priaient pour son rétablissement.
A Paris, Jacques Chirac a dit jeudi son espoir qu'il surmonterait rapidement «la douloureuse épreuve qu'il traverse». Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dont le pouvoir est menacé par l'instabilité et l'insécurité dans la Bande de Gaza, s'est enquis de sa santé auprès des services de Sharon et a exprimé des souhaits de rétablissement.
Le vice-Premier ministre palestinien Nabil Chaas a dit pour sa part n'avoir jamais cru en la foi de Sharon dans le processus de paix mais, a-t-il ajouté, «cela va accroître l'incertitude à laquelle nous sommes déjà confrontés sur le retour au processus de paix».
Initiation accélérée pour Olmert aux secrets d'Israël
Ehud Olmert, désigné dans l'urgence à la tête du gouvernement israélien après l'hémorragie cérébrale d'Ariel Sharon, a été initié aux secrets les mieux gardés du pays, devant assimiler quantité d'informations en un temps extrêmement réduit.
Selon une procédure mise en oeuvre deux fois seulement auparavant dans l'histoire d'Israël, l'ancien maire de Jérusalem a été briefé dès la nuit de mercredi à jeudi par les responsables de l'armée et du renseignement, précise-t-on de sources proches de la sécurité.
L'expertise militaire d'Olmert, qui n'a jamais été qu'officier subalterne dans l'infanterie, est sans commune mesure avec celle de Sharon. Il lui revient pourtant d'assumer maintenant des responsabilités hautement sensibles en matière de sécurité.
De source autorisée, on indique que le Premier ministre par intérim a passé au moins une heure avec le chef du Mossad (espionnage) puis une autre heure avec le directeur du Shin Bet (contre-espionnage). Il s'est également entretenu avec le chef du renseignement militaire et l'aide de camp d'Ariel Sharon. «Il existe des procédures, des chaînes de commandement connues du seul Premier ministre, tout ce qui est lié au programme stratégique clef», précise la même source en faisant allusion aux capacités nucléaires d'Israël.
Israël, même si les autorités ne l'ont jamais confirmé ou démenti, dispose très probablement d'au moins 200 ogives nucléaires suspectibles d'équiper des missiles balistiques ou des avions à longue portée. Mais, en dépit de son rang de vice-Premier ministre, Olmert en ignorait sans doute pratiquement tout, ajoute-t-on de même source.
Dans l'histoire d'Israël, cette procédure de succession accélérée ne s'était produite qu'à deux reprises: en 1968, à la suite de la maladie de Levi Eskhol, et en 1995, après l'assassinat d'Yizthak Rabin. Et encore, dans ce dernier cas, c'est un ancien Premier ministre, Shimon Peres, qui lui avait succédé, facilitant cette passation hors norme des pouvoirs.
Les ministres du Likoud reportent leur démission
Les ministres duLikoud ne démissionneront pas dans l'immédiat comme ils l'avaient prévu en raison de la détérioration soudaine de l'état de santé du chef du gouvernement israélien Ariel Sharon, a annoncé jeudi le ministre israélien de la Santé, Dan Naveh.
Il a déclaré sur les ondes de la première chaîne israélienne que cette démission, prévue dimanche, serait inappropriée et ferait «désordre» dans les circonstances actuelles. «Cela ne va pas avoir lieu», a dit Naveh Les quatre ministres issus du Likoud, dont le ministre des Affaires étrangères Silvan Shalom, devaient démissionner dimanche pour permettre à ce parti de droite de se concentrer sur la campagne pour les législatives anticipées du 28 mars en Israël.
Sharon, qui faisait partie des fondateurs du Likoud, avait quitté cette formation pour créer son propre parti au centre, Kadima.
Placé sous sédatifs et assistance respiratoire, Ariel Sharon luttait jeudi contre la mort après une hémorragie cérébrale qui a nécessité une longue intervention chirurgicale. Le Premier ministre restera dans un coma artificiel pendant 48 à 72 heures, a annoncé jeudi soir Shlomo Mor-Yosef, le directeur de l'hôpital où le chef du gouvernement a été admis en urgence mercredi.
