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«il faut régler le problème de l'ensemble du Proche-Orient»

La crise aux Proche et Moyen-Orient, qui vient de connaître une pause par la cessation des hostilités, est tout à fait exceptionnelle par sa durée, le nombre de ses victimes, ses conséquences politiques et militaires, son issue incertaine. Elle est aussi

«il faut régler le problème de l'ensemble du Proche-Orient»
Et pourtant, la France, fidèle à sa présence traditionnelle au Liban – et en particulier dans la Finul créée en 1978 à l'initiative du Président Giscard d'Estaing –, a réussi à s'entendre avec les Etats-Unis pour une résolution sur l'arrêt des hostilités et, par la voix du Président de la République, à s'engager militairement et politiquement pour l'extension de la Finul destinée à accompagner les efforts du gouvernement libanais pour reprendre, en principe, le contrôle de son territoire. Jacques Chirac a été le premier à souligner le rôle des forces extérieures, sans aller toutefois jusqu'à nommer l'Iran qui, aujourd'hui, affiche la tutelle qu'il exerce sur le Hezbollah.

Ce n'est pas nouveau. Voici plus de vingt ans que l'on sait que les mouvements installés au sud du Liban, avant même que le nom de Hezbollah n'apparaisse, ont un lien très fort avec l'Iran. La France le sait plus que personne, puisqu'en 1986 les preneurs d'otages français obéissaient aux ordres de Téhéran. Il est singulier que pendant plus de vingt ans on ait occulté ce lien entre l'Iran et le Hezbollah.
Quant à la Syrie, déjà en 1986, elle était l'auxiliaire de l'Iran, ce qu'elle est aujourd'hui encore, même si sa politique d'intervention permanente au Liban – dont témoigne l'assassinat de Rafic Hariri – n'a pas cessé avec le retrait de ses forces.

La guerre qui vient d'avoir lieu atteint directement et indirectement la région ; s'y ajoutent le désordre irakien et l'absence de perspectives pour la solution de la question Israël-Palestine. Avec ses répercussions dans le monde arabe, elle est si grosse de menaces pour la situation internationale que l'on peut s'étonner que l'on ait renoncé si vite au projet de force internationale
d'«imposition», et non de «maintien», de la paix sous le chapitre VII de la Charte qui autorise le recours à la force. C'est pourtant la question «clef». Ce que l'on a appelé injustement le «recul» ou les ambiguïtés de la France s'expliquent ainsi. L'expérience acquise au cours de la crise des Balkans n'a pas servi.

Le drame des Balkans de 1991 à 1995 (guerre serbo-croate, massacres de Bosnie) avait deux causes essentielles. La «Forpronu» ne pouvait recourir à la force et le commandement des opérations militaires dépendait en dernier recours des Nations unies, qui n'ont jamais été équipées pour ce genre de mission. La décision du président de la République en 1995 de donner ordre aux Casques bleus de répliquer aux forces serbes changea la donne.

A partir des accords de Dayton, le commandement militaire revint à l'Otan. Une sorte de nouvelle organisation internationale se mit en place tant bien que mal, sous l'égide de l'Onu, y compris, sinon surtout, pour le Kosovo : autorisation juridique du Conseil de sécurité, commandement militaire dépendant d'un ou plusieurs États, en l'occurrence l'Otan.

C'est ainsi que les Balkans ont cessé d'être la «poudrière» de l'Europe comme aux XIXe et XXe siècles et que plusieurs des Etats successeurs de l'ex-Yougoslavie se préparent à rejoindre l'Union européenne. C'est la politique de George Bush en Irak qui a mis fin à cette heureuse tentative pour mettre de l'ordre dans une situation internationale héritée de l'effondrement du système soviétique et de la fin de la guerre froide.

Quand les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n'envisagent pas de participer, comme la France, à une force internationale, en raison de leur implication dans la guerre en Irak, cela ne devrait qu'inciter d'avantage à la prudence. D'autant plus que le fait d'être la seule grande puissance dans une opération de maintien ou d'imposition de la paix est plutôt source de vulnérabilité : que l'on se souvienne des critiques accumulées contre l'intervention française au Rwanda, pourtant sous l'égide de l'Onu et conforme à toutes les règles.
Pour conclure :
1 - Souhaitons, dans l'immédiat, que la Finul élargie, sous commandement français, ait des pouvoirs analogues au chapitre VII de la Charte. On peut penser que c'est ce qu'a obtenu Jacques Chirac à l'issue de ses discussions avec le Secrétaire général de l'Onu, Kofi Annnan.

2 - L'enjeu n'est pas le seul Liban mais tout le Moyen-Orient et le monde arabe. Il est préférable que l'entreprise réussisse et ne soit pas affaiblie par la crainte, souvent illusoire, d'opposer l'Occident au monde arabe et à l'Islam. George Bush senior, lors de la guerre du Golfe, avait su faire.

3 - Sans doute faudrait-il accélérer la réforme du Conseil de sécurité en l'élargissant à de grands pays non européens.

4 - La responsabilité des Nations unies est engagée plus que jamais. Que ses responsables n'ajoutent pas à la crise de «leadership» dont souffrent l'Europe et les Etats-Unis.

*Ambassadeur de France,
ancien ministre des Affaires étrangères,
ancien ambassadeur au Maroc
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