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Vingt-sept familles dans la rue

L'expulsion des habitants de la carrière Farane Jire à Lahjajma a été ordonnée après une plainte du propriétaire

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Vingt-sept familles résidant à la carrière Farane Jire, sise à l'arrondissement Lahjajma, ont été expulsées lundi 20 novembre par les autorités de cet arrondissement.

Les baraques qu'ils habitaient ont été démontées par les forces de l'ordre. Cette expulsion a suscité la colère de nombreuses familles qui habitaient cette carrière il y a 30 ans, voire plus.

Selon nos informations, l'expulsion a été ordonnée par la justice suite à une plainte déposée, en 1998, par le propriétaire des lieux. Ce dernier se plaignait de l'occupation illégale de son terrain. En revanche, les habitants assuraient qu'ils n'ont reçu aucun préavis pour quitter leurs baraques.
«On ne comprend pas le pourquoi de cette expulsion brutale, surtout que l'affaire est toujours instruite au niveau de la cour d'appel », a précisé un habitant. Les juges qui ont rendu ce jugement ont certainement les preuves attestant que les habitants de la carrière étaient des occupants illégaux, mais ce qui est choquant dans cette histoire, c'est leur expulsion en pleine saison des pluies sans leur accorder d'autres solutions d'hébergement. Il fallait voir ces pauvres familles, ces vieillards, ces femmes, ces enfants… dans la rue sous une pluie battante.

C'est plus que douloureux. Ils ont tous quitté leurs baraques avec force au milieu des cris et des larmes de femmes et d'enfants. Même les forces de l'ordre leur ont interdit l'installation d'une tente pour être à l'abri des pluies. Sur place, la souffrance des gens est perceptible. Ces familles demandent seulement de pouvoir vivre dignement. Elles ont besoin d'un logement correct; elles n'acceptent plus d'être traitées comme des moins que rien. Le droit au logement est un droit fondamental. «Cela fait 50 ans que j'habite ici, j'ai toujours payé mon loyer et maintenant je me retrouve dans la rue. Quel pêché ai-je commis pour mériter ce mépris », a affirmé, les larmes aux yeux, une vieille femme.

Cette expulsion, sans solutions d'hébergement, suscite indignation et colère.
« Il est indigne et insupportable de voir expulser et rejeter à la rue dans le plus grand dénuement des personnes vivant déjà dans une telle précarité, sans compter que cela se déroule dans une période où le froid s'installe », a ajouté une autre femme. Les riverains de la carrière s'accordent à dire que le timing pour l'expulsion est mal choisi.

«On ne «chasse» pas le gens en pleine saison des pluies. Avec un peu plus d'intelligence, ils auraient pu attendre le mois de mars ou d'avril», a fait remarquer une dame qui réside non loin de la carrière. L'expulsion est aussi un coup dur pour les enfants qui suivent leurs études dans les établissements scolaires limitrophes.

D'ailleurs, depuis lundi, ils ont raté les cours. Aux dernières nouvelles, les autorités locales ont livré hier aux habitants de la carrière des tantes pour se mettre à l'abri de la pluie.
Un geste louable, mais qui ne résout pas le problème.
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Prolifération des bidonvilles La région du Grand Casablanca, exceptées les communes rurales avoisinantes, compte 370 groupements des bidonvilles abritant 53.915 logements, soit 7,7 % du parc total des logements urbains de la capitale économique du Royaume.

Selon une enquête réalisée par le service de la statistique à la Direction régionale du département de la Prévision économique et du Plan à Casablanca, ces bidonvilles logent 57.463 ménages et près de 300.000 habitants, soit respectivement 8,8 % du nombre total des ménages urbains et 8,6 % de la population urbaine de la région.

Une forte concentration de ces habitations de fortune est enregistrée au niveau des préfectures de Aïn Sebâa-Hay Mohammadi (41,1 %), de Mohammedia (17,1 %), de Sidi Bernoussi (13,3 %), de Aïn Chok-Hay Hassani (9,8 %), de Casablanca-Anfa (9,2 %) et de Ben M'sik-Médiouna (8 %). Pratiquement, chaque arrondissement ou municipalité a ses propres bidonvilles.

L'existence des bidonvilles à Casablanca date du début du vingtième siècle. C'est dans les années 20, à proximité de la centrale thermique des Roches Noires, qu'ont apparu les premières baraques construites à partir de matériaux des plus hétéroclites. Des ouvriers du chantier de construction de la centrale thermique ont choisi la proximité d'une carrière pour implanter leurs logements sommaires. En fait, le mot Karyane (déformation de carrière) sera, à partir de cette date, généralisé au Maroc pour désigner cette forme particulière de quartier installé à proximité de carrières.

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