Le Matin du Sahra : Quelle est la finalité de cette journée nationale de la sécurité routière ?
Karim Ghellab : Il faut rappeler que cette journée a été instituée pour se donner un rendez-vous politique annuel d'évaluation nationale de ce qui se fait en matière de sécurité routière. La journée vise, par ailleurs, une mobilisation générale et action concentrée sur la sécurité routière, ainsi que la sensibilisation.
Il vise enfin à l'ensemble des composantes de la société marocaine, que ce soit les acteurs de la sécurité routière ou autres qu'ils sont tous concernés par ce sujet. Je tiens à rappeler que S.M. le Roi nous avait réunis en comité interministériel de la sécurité routière le 18 février 2005 et nous avait donné un certain nombre d'instruction, notamment pour accélérer la mise en œuvre du dispositif de la sécurité routière. Nous célébrons cette date pour commémorer cet événement et pour constater publiquement les avancées en matière de sécurité routière.
Depuis l'année dernière, des actions réglementaires ont été mises en place, avec notamment l'obligation du port de la ceinture, quel en est le bilan aujourd'hui?
En termes de résultats, nous sommes parvenus à ce que les accidents baissent de manière importante en 2005. Deux chiffres importants sont à relever dans les statistiques provisoires de l'année 2005, le premier est relatif à une baisse de 5,75% dans le nombre des tuées et de moins de 10,55 % des blessés graves. Cette baisse est importante en valeur absolue.
Elle casse, pour la première fois depuis 1996, la tendance à la croissance qui était observée. Lorsqu'on regarde les courbes de nombre des tués, ils croissaient de manière continue depuis 1996 jusqu'à 2003 inclus de quasiment 4,75 % par an. C'était une croissance soutenue contre laquelle les actions mises en œuvre par les pouvoirs publics n'avaient visiblement pas de prise. L'année 2004, nous avons pu stabiliser cette croissance et cette année 2005 nous avons amorcé une tendance à la baisse.
Qu'est-ce qui explique logiquement cette baisse ?
La mise en œuvre du programme stratégique intégré d'urgence, qui est composé de plusieurs actions et notamment la sensibilisation et l'information du public. Les campagnes d'affichage et de communication via les médias ont été très importantes. Le deuxième élément a été le renforcement du dispositif de sécurité qui a été mis en œuvre. Toutes ces actions ont contribué à la baisse de la mortalité des accidents graves. Lorsqu'on regarde les chiffres, ont constate que le nombre des morts et des blessés causés par les accidents ont plus baissé que le nombre lui-même des accidents.
Le port obligatoire de la ceinture de sécurité a également fortement contribué à réduire le nombre des tués de la route.
Le troisième facteur est la présence des brigades de contrôle de la gendarmerie et de la police, ainsi que le renforcement de contrôle qui est n'est certainement pas populaire, mais qui fait parties des mesures très importantes visant à contrer l'insécurité routière. Lorsque je dis le renforcement du contrôle, je parle de l'obligation de faire payer les amandes aux contrevenants.
L'impopularité des brigades de contrôle est certainement liée à l'idée répandue d'un manque de rigueur et de transparence dans le contrôle ?
Autant je suis personnellement convaincu qu'il faut renforcer le contrôle et la présence des brigades, car c'est une action nécessaire, autant je suis conscient que ces contrôles doivent être améliorés. Je dirai qu'il faut rendre la relation entre les différents services de contrôles (police, gendarmerie, etc) et les usagers de la route aussi transparentes que possible. Il faut que les contrôles soient respectueux des droits et des devoirs de chacun.
Sur cette question précise un travail a été fait et un certain nombre de programmes ont été préparés. Dès que nous pouvons ainsi mettre en placeun système automatique de contrôle, nous le faisons. Une étude est en cours et nous allons mettre en place dans les six grandes villes et les grands axes routiers plusieurs radars.
Une expérimentation de ce système de contrôle automatisé a déjà été menée à Rabat. Je suis d'accord pour que l'on améliore le contrôle vers plus de professionnalisation et de rigueur. Il est indispensable, par ailleurs, que ce contrôle se fasse dans le respect des droits des citoyens.
L'automobiliste qui a commis une infraction est donc flashé et reçoit dans un délai court (48 heures) son avis d'infraction à son domicile qui sera connu sur la base des coordonnées mentionnées sur la carte grise.
Il a ainsi un délai pour payer l'infraction. Ce qui tend à rendre la transaction transparente et réglementaire. Le nouveau Code de la route va revenir sur cette notion du contrôle avec une clarification des droits et des devoirs de l'Etat et des citoyens. Les droits seront extrêmement clairs pour ne pas laisser de place à l'interprétation.
Les gens pensent que les agents de contrôle sont investis de la mission de faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat à tout prix ?
Il y a une clarification qui doit effectivement se faire sur la manière dont le contrôle s'effectue, à savoir que l'objectif de ces brigades de contrôle n'est absolument pas de faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat. Le fait est de sanctionner le contrevenant pour que cette sanction ait un rôle éducatif. L'équation que l'on recherche à faire accepter par l'usager est d'arriver à se convaincre que la sanction s'oppose à une contravention et que de fait il s'achemine vers le respect du Code de la route.
Cela nécessite évidemment un travail de communication et un changement de mentalité à l'intérieur des différentes forces de contrôle, qui est par ailleurs en cours.
Une autre mesure très impopulaire au Maroc est celle du retrait du permis de conduire par l'agent de contrôle de la circulation. Beaucoup estiment que ce retrait doit se faire sur décision de justice ?
C'est vrai que cette mesure de retrait du permis de conduire ne fait pas plaisir à beaucoup de gens, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais, permettez-moi d'expliquer les choses. Le code de la route actuel prévoit, dans un certain nombre de cas, le retrait du permis comme sanction.
Mais, cela peut aussi être discrétionnaire, puisque les cas d'infractions, justifiant le retrait du permis, ne sont pas connues ?
Le nouveau code de la route a pour objectif justement la transparence. Dans le code actuel, il y a des mesures qui laissent le champ ouvert à l'interprétation. Cette interprétation, nous l'avons conscrite dans une circulaire au ministère de la justice et notamment au procureur pour accompagner les brigades de contrôle dans ces mesures de retrait du permis, notamment pour sanctionner les contrevenants et faire payer les amendes... Nous avons ainsi exploité positivement l'interprétation suggérée par le Code de la route. Ces interprétations seront supprimées dans le nouveau code.
Une des causes principales des accidents de la circulation reste la conduite en état d'ivresse. Vous avez introduit la mesure, aujourd'hui controversée, de l'alcotest. Qu'en est-il de sa mise en application ?
Je fais le parallèle ici avec la mesure du retrait du permis. Aujourd'hui, nous savons ce qu'il faut faire pour lutter efficacement contre l'insécurité des routes. Nous avons mis en place un certain nombre d'actions et nous commençons à récolter les bons résultats. Maintenant, cela doit se faire dans la légalité totale (juridique, mais aussi politique).
Les citoyens doivent être au fait de leurs droits et soient capable par eux même de savoir si ce qui se pratique est légal ou pas. L'Etat de droit dans le Maroc d'aujourd'hui nous impose cette démarche.
Nous ne pouvons pas, encore une fois sur un sujet complexe, nous en remettre à des interprétations de la loi actuelle qui ne prévoit pas la mesure de l'alcotest, mais ne l'interdit pas. De fait, elle laisse la place à l'interprétation.
Our être donc en phase parfaitement légale, nous avons préférés inclure les dispositions éducatives et réglementaires correspondant dans le nouveau code de la route. Celui-ci inclut donc l'usage de l'alcotest.
Karim Ghellab : Il faut rappeler que cette journée a été instituée pour se donner un rendez-vous politique annuel d'évaluation nationale de ce qui se fait en matière de sécurité routière. La journée vise, par ailleurs, une mobilisation générale et action concentrée sur la sécurité routière, ainsi que la sensibilisation.
Il vise enfin à l'ensemble des composantes de la société marocaine, que ce soit les acteurs de la sécurité routière ou autres qu'ils sont tous concernés par ce sujet. Je tiens à rappeler que S.M. le Roi nous avait réunis en comité interministériel de la sécurité routière le 18 février 2005 et nous avait donné un certain nombre d'instruction, notamment pour accélérer la mise en œuvre du dispositif de la sécurité routière. Nous célébrons cette date pour commémorer cet événement et pour constater publiquement les avancées en matière de sécurité routière.
Depuis l'année dernière, des actions réglementaires ont été mises en place, avec notamment l'obligation du port de la ceinture, quel en est le bilan aujourd'hui?
En termes de résultats, nous sommes parvenus à ce que les accidents baissent de manière importante en 2005. Deux chiffres importants sont à relever dans les statistiques provisoires de l'année 2005, le premier est relatif à une baisse de 5,75% dans le nombre des tuées et de moins de 10,55 % des blessés graves. Cette baisse est importante en valeur absolue.
Elle casse, pour la première fois depuis 1996, la tendance à la croissance qui était observée. Lorsqu'on regarde les courbes de nombre des tués, ils croissaient de manière continue depuis 1996 jusqu'à 2003 inclus de quasiment 4,75 % par an. C'était une croissance soutenue contre laquelle les actions mises en œuvre par les pouvoirs publics n'avaient visiblement pas de prise. L'année 2004, nous avons pu stabiliser cette croissance et cette année 2005 nous avons amorcé une tendance à la baisse.
Qu'est-ce qui explique logiquement cette baisse ?
La mise en œuvre du programme stratégique intégré d'urgence, qui est composé de plusieurs actions et notamment la sensibilisation et l'information du public. Les campagnes d'affichage et de communication via les médias ont été très importantes. Le deuxième élément a été le renforcement du dispositif de sécurité qui a été mis en œuvre. Toutes ces actions ont contribué à la baisse de la mortalité des accidents graves. Lorsqu'on regarde les chiffres, ont constate que le nombre des morts et des blessés causés par les accidents ont plus baissé que le nombre lui-même des accidents.
Le port obligatoire de la ceinture de sécurité a également fortement contribué à réduire le nombre des tués de la route.
Le troisième facteur est la présence des brigades de contrôle de la gendarmerie et de la police, ainsi que le renforcement de contrôle qui est n'est certainement pas populaire, mais qui fait parties des mesures très importantes visant à contrer l'insécurité routière. Lorsque je dis le renforcement du contrôle, je parle de l'obligation de faire payer les amandes aux contrevenants.
L'impopularité des brigades de contrôle est certainement liée à l'idée répandue d'un manque de rigueur et de transparence dans le contrôle ?
Autant je suis personnellement convaincu qu'il faut renforcer le contrôle et la présence des brigades, car c'est une action nécessaire, autant je suis conscient que ces contrôles doivent être améliorés. Je dirai qu'il faut rendre la relation entre les différents services de contrôles (police, gendarmerie, etc) et les usagers de la route aussi transparentes que possible. Il faut que les contrôles soient respectueux des droits et des devoirs de chacun.
Sur cette question précise un travail a été fait et un certain nombre de programmes ont été préparés. Dès que nous pouvons ainsi mettre en placeun système automatique de contrôle, nous le faisons. Une étude est en cours et nous allons mettre en place dans les six grandes villes et les grands axes routiers plusieurs radars.
Une expérimentation de ce système de contrôle automatisé a déjà été menée à Rabat. Je suis d'accord pour que l'on améliore le contrôle vers plus de professionnalisation et de rigueur. Il est indispensable, par ailleurs, que ce contrôle se fasse dans le respect des droits des citoyens.
L'automobiliste qui a commis une infraction est donc flashé et reçoit dans un délai court (48 heures) son avis d'infraction à son domicile qui sera connu sur la base des coordonnées mentionnées sur la carte grise.
Il a ainsi un délai pour payer l'infraction. Ce qui tend à rendre la transaction transparente et réglementaire. Le nouveau Code de la route va revenir sur cette notion du contrôle avec une clarification des droits et des devoirs de l'Etat et des citoyens. Les droits seront extrêmement clairs pour ne pas laisser de place à l'interprétation.
Les gens pensent que les agents de contrôle sont investis de la mission de faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat à tout prix ?
Il y a une clarification qui doit effectivement se faire sur la manière dont le contrôle s'effectue, à savoir que l'objectif de ces brigades de contrôle n'est absolument pas de faire rentrer l'argent dans les caisses de l'Etat. Le fait est de sanctionner le contrevenant pour que cette sanction ait un rôle éducatif. L'équation que l'on recherche à faire accepter par l'usager est d'arriver à se convaincre que la sanction s'oppose à une contravention et que de fait il s'achemine vers le respect du Code de la route.
Cela nécessite évidemment un travail de communication et un changement de mentalité à l'intérieur des différentes forces de contrôle, qui est par ailleurs en cours.
Une autre mesure très impopulaire au Maroc est celle du retrait du permis de conduire par l'agent de contrôle de la circulation. Beaucoup estiment que ce retrait doit se faire sur décision de justice ?
C'est vrai que cette mesure de retrait du permis de conduire ne fait pas plaisir à beaucoup de gens, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais, permettez-moi d'expliquer les choses. Le code de la route actuel prévoit, dans un certain nombre de cas, le retrait du permis comme sanction.
Mais, cela peut aussi être discrétionnaire, puisque les cas d'infractions, justifiant le retrait du permis, ne sont pas connues ?
Le nouveau code de la route a pour objectif justement la transparence. Dans le code actuel, il y a des mesures qui laissent le champ ouvert à l'interprétation. Cette interprétation, nous l'avons conscrite dans une circulaire au ministère de la justice et notamment au procureur pour accompagner les brigades de contrôle dans ces mesures de retrait du permis, notamment pour sanctionner les contrevenants et faire payer les amendes... Nous avons ainsi exploité positivement l'interprétation suggérée par le Code de la route. Ces interprétations seront supprimées dans le nouveau code.
Une des causes principales des accidents de la circulation reste la conduite en état d'ivresse. Vous avez introduit la mesure, aujourd'hui controversée, de l'alcotest. Qu'en est-il de sa mise en application ?
Je fais le parallèle ici avec la mesure du retrait du permis. Aujourd'hui, nous savons ce qu'il faut faire pour lutter efficacement contre l'insécurité des routes. Nous avons mis en place un certain nombre d'actions et nous commençons à récolter les bons résultats. Maintenant, cela doit se faire dans la légalité totale (juridique, mais aussi politique).
Les citoyens doivent être au fait de leurs droits et soient capable par eux même de savoir si ce qui se pratique est légal ou pas. L'Etat de droit dans le Maroc d'aujourd'hui nous impose cette démarche.
Nous ne pouvons pas, encore une fois sur un sujet complexe, nous en remettre à des interprétations de la loi actuelle qui ne prévoit pas la mesure de l'alcotest, mais ne l'interdit pas. De fait, elle laisse la place à l'interprétation.
Our être donc en phase parfaitement légale, nous avons préférés inclure les dispositions éducatives et réglementaires correspondant dans le nouveau code de la route. Celui-ci inclut donc l'usage de l'alcotest.
