Actualité oblige. L'âge de glace numéro 2 traite non de l'extension de la banquise mais de sa fonte. Réchauffement de la planète et espèces en voie d'extinction, menace climatique et menace sur l'évolution : le deuxième épisode de la saga glacière n'est a priori pas marqué du sceau de la franche rigolade. Et pourtant. Il y a du Tex Avery dans cet Age de glace réalisé par Carlos Saldanha, qui était co-réalisateur avec Chris Wedge sur le premier volet.
C'est-à-dire un humour inventif et espiègle, farfelu et gaffeur, insolent et taquin, tendre aussi. De quoi aborder des sujets graves -les phobies, la mort- sous un angle joyeusement existentiel : trouver sa place, affronter ses peurs, choisir sa famille, inventer son avenir. Sid le paresseux manque de reconnaissance et sert de souffre-douleur aux petits “mal-élevés”. Manny le mammouth se croit le dernier de son espèce et se désole de solitude. Diego le tigre craint l'eau comme un chaton.
Ellie le mammouth femelle se prend pour un opossum. Et les deux frères opossum se moquent pas mal de ce qui peut se passer autour d'eux. Autant dire que dans le cratère de glace, où s'est réfugiée la communauté animale, l'heure est grave.
D'autant que la vallée menace d'être inondée par des raz-de-marée glacés qui entraîneront toutes les espèces vers le fond. Seul espoir : une soi-disant embarcation, du type arche de Noé, au fond de la vallée. Toute la colonie décide donc de prendre la route pour sauver sa peau, sous l'œil affamé des vautours. Ce qui avait démarré comme une fuite prend, dès les premières foulées, des allures d'épopée initiatique.
Honnête, humble et pas idiot, le scénario de L'âge de glace 2 n'a rien de terriblement original. Mais le montage est abrasif : dès que l'intrigue s'essouffle, dès que les réparties sont à bout de mordant, Scrat, l'écureuil-rat, prend le relais. Ce petit personnage n'était pas prévu au départ. Il avait juste été créé pour la bande-annonce. Comme il a enthousiasmé les spectateurs dans le premier opus, les scénaristes ont décidé de lui offrir un rôle mineur mais récurrent. Scrat est un personnage d'un ailleurs du film, dedans mais en dehors, rajouté. Même son graphisme diffère.
Scrat ne parle pas, il couine. Obsessionnel et buté, la langue pendue et les yeux globuleux, les griffes et les dents acérées, il poursuit un gland comme si sa vie en dépendait, explose en l'air comme un ballon de baudruche, ou tombe dans des crevasses vertigineuses, défiant les pires prédateurs comme les plus raides sommets de glace, allant jusqu'à se laisser engloutir par des vagues gigantesques ou plonger le bras dans la gorge d'un monstre marin pour sauver son déjeuner.
Le plus piquant, c'est que ce personnage-rajout devient le pilier du film, son fil rouge et son pivot, son running gag et sa ligne de fuite. Scrat, c'est à la fois l'invraisemblable et la petite chose, le surréel et l'hyper-réel. Un modèle d'animation.
La star est tellement plébiscitée qu'elle devrait avoir son film à elle toute seule : un court-métrage prévu pour l'édition DVD. Entre humour noir et burlesque, Scrat est en passe de devenir l'effigie du style Blue Sky, un studio qui fait figure d'outsider entre les géants Dreamworks et Pixar. Il faut dire ce qui est : l'écureuil-rat vole franchement la vedette au fameux trio Manny-Sid-Diego.
Pourtant, les trois compères prennent du galon dans cet épisode. Leurs personnalités s'étoffent et leurs répliques s'affinent, délicieusement méchantes, nerveuses et bien envoyées. Parmi les numéros brillants : Sid en chef de file d'une rave afro et nocturne, le clan des vautours dans un grand numéro de reprise d'un classique de Broadway, et Scrat en petit rat de l'opéra dans un élégant ballet aérien. Sans oublier des détails d'animation étonnants, dans la rapidité d'exécution, l'inventivité et la parodie de gestuelles humains typée façon gang de rue ou rastaquouère. De quoi faire monter la température.
Film américain réalisé par Carlos Saldanha. Avec les voix de Ray Romano (Manny), John Leguizamo (Sid), Denis Leary (Diego), Queen Latifah (Ellie) et Seann William Scott (Crash), pour la version originale. Et les voix de Gérard Lanvin (Manny), Elie Semoun (Sid), Vincent Cassel (Diego), Christophe Dechavanne (Crash), pour la version française. Durée : 1 h 26.
C'est-à-dire un humour inventif et espiègle, farfelu et gaffeur, insolent et taquin, tendre aussi. De quoi aborder des sujets graves -les phobies, la mort- sous un angle joyeusement existentiel : trouver sa place, affronter ses peurs, choisir sa famille, inventer son avenir. Sid le paresseux manque de reconnaissance et sert de souffre-douleur aux petits “mal-élevés”. Manny le mammouth se croit le dernier de son espèce et se désole de solitude. Diego le tigre craint l'eau comme un chaton.
Ellie le mammouth femelle se prend pour un opossum. Et les deux frères opossum se moquent pas mal de ce qui peut se passer autour d'eux. Autant dire que dans le cratère de glace, où s'est réfugiée la communauté animale, l'heure est grave.
D'autant que la vallée menace d'être inondée par des raz-de-marée glacés qui entraîneront toutes les espèces vers le fond. Seul espoir : une soi-disant embarcation, du type arche de Noé, au fond de la vallée. Toute la colonie décide donc de prendre la route pour sauver sa peau, sous l'œil affamé des vautours. Ce qui avait démarré comme une fuite prend, dès les premières foulées, des allures d'épopée initiatique.
Honnête, humble et pas idiot, le scénario de L'âge de glace 2 n'a rien de terriblement original. Mais le montage est abrasif : dès que l'intrigue s'essouffle, dès que les réparties sont à bout de mordant, Scrat, l'écureuil-rat, prend le relais. Ce petit personnage n'était pas prévu au départ. Il avait juste été créé pour la bande-annonce. Comme il a enthousiasmé les spectateurs dans le premier opus, les scénaristes ont décidé de lui offrir un rôle mineur mais récurrent. Scrat est un personnage d'un ailleurs du film, dedans mais en dehors, rajouté. Même son graphisme diffère.
Scrat ne parle pas, il couine. Obsessionnel et buté, la langue pendue et les yeux globuleux, les griffes et les dents acérées, il poursuit un gland comme si sa vie en dépendait, explose en l'air comme un ballon de baudruche, ou tombe dans des crevasses vertigineuses, défiant les pires prédateurs comme les plus raides sommets de glace, allant jusqu'à se laisser engloutir par des vagues gigantesques ou plonger le bras dans la gorge d'un monstre marin pour sauver son déjeuner.
Le plus piquant, c'est que ce personnage-rajout devient le pilier du film, son fil rouge et son pivot, son running gag et sa ligne de fuite. Scrat, c'est à la fois l'invraisemblable et la petite chose, le surréel et l'hyper-réel. Un modèle d'animation.
La star est tellement plébiscitée qu'elle devrait avoir son film à elle toute seule : un court-métrage prévu pour l'édition DVD. Entre humour noir et burlesque, Scrat est en passe de devenir l'effigie du style Blue Sky, un studio qui fait figure d'outsider entre les géants Dreamworks et Pixar. Il faut dire ce qui est : l'écureuil-rat vole franchement la vedette au fameux trio Manny-Sid-Diego.
Pourtant, les trois compères prennent du galon dans cet épisode. Leurs personnalités s'étoffent et leurs répliques s'affinent, délicieusement méchantes, nerveuses et bien envoyées. Parmi les numéros brillants : Sid en chef de file d'une rave afro et nocturne, le clan des vautours dans un grand numéro de reprise d'un classique de Broadway, et Scrat en petit rat de l'opéra dans un élégant ballet aérien. Sans oublier des détails d'animation étonnants, dans la rapidité d'exécution, l'inventivité et la parodie de gestuelles humains typée façon gang de rue ou rastaquouère. De quoi faire monter la température.
Film américain réalisé par Carlos Saldanha. Avec les voix de Ray Romano (Manny), John Leguizamo (Sid), Denis Leary (Diego), Queen Latifah (Ellie) et Seann William Scott (Crash), pour la version originale. Et les voix de Gérard Lanvin (Manny), Elie Semoun (Sid), Vincent Cassel (Diego), Christophe Dechavanne (Crash), pour la version française. Durée : 1 h 26.
