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L'art moderne égyptien sur la toile

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L'art égyptien ne se limite pas aux statues de pharaons et aux hiéroglyphes. Pour le prouver, trois Egyptiens téméraires ont lancé le premier site internet de vente d'art moderne et contemporain local. «Le but du site Egy-Art est de promouvoir les artistes égyptiens à l'étranger, mais aussi dans leur pays», explique Carina Maamoun, 53 ans.

Avec deux amis, les artistes Ezmeralda Saëkali et Sabry Nashed, elle a décidé de créer le site en novembre 2005 et d'y exposer peintures, dessins, sculptures et mosaïques.

Le lancement se fait sans trompettes ni fanfare. «Nous voulions voir la réaction des internautes et des amateurs d'art, pendant que nous tentions aussi d'améliorer le site», ajoute Mme Maamoun.

Résultat: quelque 5.000 personnes l'ont visité depuis, aux Etats-Unis, au Canada, en Europe, en Australie, dans les pays arabes «et même aux Seychelles», s'enthousiasme Mme Saëkali, 56 ans.
«Cela nous a encouragés à poursuivre nos efforts et à perfectionner le site, qui sera officiellement lancé en mars et ouvert à la vente», ajoute-t-elle. «Mais plus que la vente, nous visons surtout la dissémination de l'art moderne égyptien dans les autres pays. Les Français, par exemple, connaissent mieux l'art pharaonique que n'importe quel Egyptien, mais ils ignorent que des artistes continuent aujourd'hui à créer de belles œuvres en Egypte», dit-elle.

Elle-même et M. Nashed, ancien directeur des musées d'Egypte, exposent leurs œuvres sur le site, avec 27 autres artistes, auxquels s'ajouteront bientôt cinq nouveaux.
«C'est une excellente initiative», estime Hani Anan, mécène
et collectionneur d'art moderne. «Il revient à la société civile de s'activer pour promouvoir les vrais artistes, car les autorités sont inutiles dans ce domaine».
«La marginalisation de la créativité en Egypte est le fruit du contrôle des médias par les appareils de l'Etat et du marché de l'art par quelques personnes», accuse M. Anan.

Abdel Hadi al-Wishahi, un sculpteur de renom, et Racha Souleimane, une peintre, déplorent aussi la mainmise des artistes «officiels» sur le marché. Ces derniers sont cautionnés par le tout-puissant ministère de la Culture et reçoivent la pleine attention des médias, surtout gouvernementaux.
«Par ailleurs, la notion de marchand d'art n'existe pas en Egypte. L'artiste ne peut pas créer et faire la promotion de ses œuvres en même temps», indique Mme Souleimane.

Face à cet horizon souvent bouché, le «véritable artiste se tait et se concentre sur sa création», déclare M. Wishahi. Conscients de cette image peu reluisante du marché de l'art, les trois partenaires d'Egy-Art ont pris des mesures pour rassurer les clients occidentaux. «L'acheteur obtient une garantie signée de l'artiste lui-même que l'œuvre qu'il acquiert est un original», dit Mme Saëkali. Et il a la possibilité de la rendre si elle ne lui plaît pas. Les artistes approchés ont accepté de participer au projet sans hésitation aucune, alors que les sites existant en Egypte sont ceux de galeries ou d'artistes individuels.

Le choix s'est finalement fait parmi des artistes décédés, dont les familles ont gardé les œuvres, des contemporains connus et de jeunes débutants.

Pour l'instant, ils exposent gratuitement sur le site, mais devront plus tard s'acquitter d'une charge de participation. «Ils auront quand même l'occasion d'avoir des œuvres dans une galerie ouverte 24 heures sur 24. Quand les amateurs dormiront au Proche-Orient, ceux des Etats-Unis seront bien réveillés», note en riant Mme Saëkali.
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