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La gestion des crises non conventionnelles

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Le Haut commissariat au Plan a eu l'heureuse initiative d'organiser les 19 et 20 janvier 2007 à Casablanca un important séminaire intitulé « Les crises non conventionnelles : nouveaux impératifs, nouvelles postures ». Cette rencontre de haut niveau, qui a attiré un nombreux public, a regroupé des responsables politiques, des opérationnels et des experts du secteur, aussi bien nationaux qu'étrangers.

Qu'appelle-t-on tout d'abord des crises non conventionnelles, ou hors-cadre ? Ce sont des crises graves, causées soit par des éléments naturels (tremblement de terre, cyclone, inondation, tsunami, canicule, pandémie), soit par des actes volontaires malveillants (actes terroristes, attaques des systèmes informatiques, pollution de l'air et de l'eau). Malheureusement, la planète a connu ces dernières années des cas concrets. On peut citer à titre d'exemple le cyclone Katrina à la Nouvelle-Orléans, le tsunami et le sras en Asie, la canicule en France, les actes terroristes à New York, Casablanca, Madrid et Londres.

Ces crises non conventionnelles se traduisent par des pertes humaines et matérielles extrêmement lourdes, et dont les conséquences se prolongent sans fin dans le temps. Ces crises se caractérisent tout d'abord par leur imprévisibilité, leur soudaineté, et peuvent atteindre le niveau de l'inconcevable. Elles se traduisent par la perte de repères, l'effondrement de sens, l'éclatement des champs habituels des acteurs, l'éclosion d'une situation chaotique.

Les mutations qui ont accompagné la modernisation de l'économie mondiale rendent les conséquences plus dangereuses et plus perverses. L'arrêt d'une centrale électrique, non seulement prive d'électricité des millions d'usagers, mais perturbe tous les systèmes d'information liés à la fourniture d'électricité.

L'attaque d'un Hub (port, aéroport, raffinerie) interrompt immédiatement le réseau qu'il dessert. Les perturbations des grands réseaux urbains (eau potable, chauffage, transport, télécoms) peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la ville concernée et la région avoisinante.

Enfin, le dérèglement des systèmes informatiques des établissements financiers (banques, assurances, Bourses) peuvent également causer des dommages considérables.

Face à cette situation, la communauté internationale a pris la mesure des risques encourus, et a créé plusieurs organismes qui leur sont dédiés. On peut citer à titre d'exemple l'Unicri (United nations interregional crime and justice reseach institute), l'Ecma (European crisis management academy), et l'IRGC (International risk governance council).

Les conclusions auxquelles sont parvenus ces différents organismes partent du constat que les dynamismes de crise se mettent sur le registre de l'extrême, et que les socles de référence se disloquent.
Aussi, le dirigeant au plus haut niveau chargé de gérer la crise doit-il lancer quatre lignes de questionnement : De quoi s'agit-il ? Quels sont les pièges et les erreurs majeures à éviter ? Quels sont les acteurs et les réseaux concernés? Quelles initiatives prendre ? Auparavant, et avant la crise, ce responsable doit veiller à la formation de ses équipes, à la préparation théorique par l'établissement de plans d'action, au déroulement d'exercices d'entraînement en associant la population concernée, et au retour d'expérience pour les crises précédentes.

Pendant l'action, il doit tout repenser d'une façon pragmatique face au risque enfin révélé dans sa réalité concrète, et ne pas hésiter à modifier les plans pré-établis, au niveau des actions et de ceux qui sont chargés de les accomplir. Il doit enfin assurer une communication honnête et transparente, afin d'éviter la désinformation et les rumeurs, et penser à la reconstruction.
Ce séminaire est très utile pour notre pays, le Maroc, qui n'a pas été épargné par des crises non conventionnelles ces dernières années.

D'ailleurs, suite au séisme d'Al Hoceima le 24 février 2004, S.M. le Roi avait souligné dans son discours du 25 mars 2004 que malgré les aspects positifs ayant marqué la gestion de cette catastrophe, il a été constaté quelques lacunes au niveau de la préparation des services de l'Etat et des collectivités locales.

C'est dans ce contexte qu'a été créé au ministère de l'Intérieur, et présidé par un wali, le Groupe de travail sur la gestion des crises et des risques.

Ce Groupe de travail est actuellement opérationnel et a pour missions principales de mettre en place une approche globale, de coordonner les activités de planification, d'anticipation et de veille, de capitaliser les enseignements tirés de l'expérience vécue et d'accompagner les provinces et les préfectures dans l'élaboration de leurs propres outils de gestion des risques.

Ce Groupe de travail aurait tout intérêt à tirer avantage des expériences étrangères dans ce domaine.
En conclusion, la gestion des crises non conventionnelles est un sujet sérieux et grave, qui doit attirer l'attention de toutes les composantes de notre pays : Etat, collectivités locales et société civile.

* Président de l'IMRI (Institut marocain des relations internationales)
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