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Tayeb Habi, un éditeur qui veut sauver la mémoire du pays

Membre de l'Académie du Var, de Toulon (France), Tayeb Habi est un historien ayant exercé dans la Fonction publique jusqu'à 1983, mais sans jamais se détacher de sa grande passion que sont les livres et la lecture. Tayeb Habi a repris en mains les Edition

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Membre de l'Académie du Var, de Toulon (France), Tayeb Habi est un historien ayant exercé dans la Fonction publique jusqu'à 1983, mais sans jamais se détacher de sa grande passion que sont les livres et la lecture. Tayeb Habi a réussi également à rassembler un groupe de professeurs marocains et européens autour de la création d'une revue intitulée «Maroc-Europe». Une belle aventure qui a cessé après douze numéros faute de moyens financiers. Tayeb Habi décide de poursuivre sa passion en créant «Les cahiers Maroc-Europe».

Le Matin : Après votre reprise en mains des Editions La Porte et de la Librairie aux Belles Images, vous avez créé un département spécial pour l'édition des livres d'histoire. Pourquoi ce choix plus précisément ?

Tayeb Habi :
D'abord, moi-même j'aime beaucoup tout ce qui est en rapport avec l'histoire du Maroc. Puis j'ai trouvé que ce genre d'écriture marche bien, surtout en langue française. Pour l'édition en arabe de livres historiques, je ne peux rien vous dire parce que je n'ai aucune notion exacte. C'est un monde qui m'est complètement étranger pour le moment, mais je pense que les ouvrages anciens doivent faire l'objet de recherches par des connaisseurs en la matière, puisque ceux qui sont en vente actuellement dénaturent d'une manière un peu exagérée l'histoire du Maroc.

Il sera donc difficile pour ceux qui veulent écrire cette Histoire de connaître les vrais événements depuis 1912 jusqu'à maintenant, car plusieurs versions existent sur cette même période. Et c'est là où mon rôle, en tant qu'éditeur, est de pousser certains camarades, qui ont vécu les événements depuis 1956, de faire des recherches plus authentiques sur cette période très cruciale pour notre pays.

Je peux affirmer que tout ce que j'ai lu jusqu'à maintenant est pratiquement erroné. Ou bien les gens n'osent pas dire toute la vérité ou bien ils exagèrent.

A mon avis, il serait souhaitable qu'il y ait une commission de professionnels qui puisse faire le tri entre ce qui s'est réellement passé et tout ce qui a été exagéré. A un certain moment, j'avais obtenu d'un organisme français un gros budget dans le but de faire des recherches sur l'histoire du Maroc entre 1912 et 1956, dans les coins les plus lointains du pays, pour avoir des témoignages de vieux Marocains qui ont participé à la résistance, et d'autres qui ont servi les Français, mais malheureusement cette expérience n'a pas abouti parce qu'on n'a pas été encouragés.

Mais ce qui n'a pas été fait avant devrait l'être maintenant pour sauver la mémoire de notre pays, sachant que cette tranche de l'histoire marocaine est très importante avec un accident qui a eu ses bienfaits et ses inconvénients qu'il faut bien déterminer.

Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans l'Histoire du Maroc?

Personnellement, je suis amoureux de la période du XIXe siècle. Ce qui nous manque le plus dans cette époque est l'ère de Moulay Slimane. C'est là où nous travaillons avec notre commission d'historiens sur la bibliographie du Maroc pour déterrer tous les livres intéressants, même ceux écrits en arabe.

C'est un travail de longue haleine qui demande beaucoup d'efforts et de recherches, mais qui peut donner de très bons résultats. Et si nous pouvons sortir deux ouvrages par an, ce sera pas mal.

Pensez-vous que l'édition au Maroc est en bonne santé ?

L'édition au Maroc ne peut pas être en bonne santé. Son vrai problème est le manque de lecture où il n'y a vraiment pas d'encouragement. Le gros effort est fait par les services culturels français, mais il n'y aucune raison pour que les organismes marocains cèdent complètement la place.

Le ministère de la Culture fait beaucoup plus que ce qui a été accompli avant, mais cela reste très insuffisant. Un autre problème reste celui des prix qui demeurent assez chers pour la majorité des citoyens marocains. Nous nous rendons compte que ceux qui aiment lire n'ont pas les moyens et ceux qui en ont préfèrent autre chose. C'est toute une problématique qu'il faut régler de part et d'autre. Mais des fois, il faut dire qu'on ne peut pas baisser le prix d'un livre à cause de son coût de revient.

Quand le livre sort de l'imprimerie, il coûte déjà la somme X. Au Maroc cette somme est multiplié par 2,5 à 3, alors qu'en France ce chiffre varie de 7 à 11 parce que sur cette marge il y a aussi la remise au libraire. Et c'est là où des organismes comme les banques ou autres peuvent aider la culture en subventionnant des ouvrages, car le ministère ne peut pas à lui seul participer à l'édition de tous les livres, il faut que d'autres organismes s'investissent dans ce domaine.

Que peut apporter votre appartenance à l'Académie du Var de Toulon ?

D'abord, c'est un honneur pour le Maroc que d'être choisi par une commission de professionnels, puis c'est une occasion pour moi de travailler à favoriser le rapprochement et mieux raffermir les liens entre nos deux civilisations, entre nos deux cultures et nos deux langues. Donc, à travers le dialogue et l'échange, nous pourrons aboutir à des préoccupations semblables, échafauder ensemble des projets utiles et contribuer à réaliser un même rêve.
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