Selon le rapport, ce progrès dramatique se manifeste aussi dans les efforts de la Campagne d'atteindre les plus pauvres, ceux qui vivent au-dessous de 1 $US par jour. Au Maroc, le microcrédit a également connu un grand succès. D'après les chiffres collectés au 30 juin 2007 par la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM), le nombre de clients actifs est de 1.242.205 dont 63% sont des femmes. Le montant total des prêts en cours s'élève à 4.529.106.716 DH. Quant au nombre total des prêts distribués depuis la création, il est de 5.370.818 ce qui est équivaut à un montant total des prêts distribués depuis la création à 19.159.967.228 DH.
«Le secteur de la microfinance au Maroc a lui aussi connu de grands progrès. Il y a eu la création en décembre 2006 du fonds « Jaïda » de 100 millions de DH. Il y a eu également l'inauguration par S.M. le Roi du Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire. Il s'agit sans aucun doute de deux grands événements majeurs. Sans parler de l'accroissement du nombre de bénéficiaires», déclare Rida Lamrini, président de la FNAM de l'Association de microcrédit Inmaa. Cependant, même si le nouveau rapport vante les louanges et le succès de la microfinance à travers le monde, il est le premier à évaluer le danger auquel le mouvement de microfinance fait face : celui de devenir une victime de son propre succès.
Le rapport aborde le lancement en avril 2007 d'une offre publique de vente d'une institution de microfinance (IMF) mexicaine, «Compartamos», qui a gagné près de 450 $US millions et qui a élevé l'estimation de l'organisation à 1.4 $US billion. Cela a été possible en partie grâce aux profits élevés de l'IMF précipités par les taux d'intérêt et d'autres frais qui excédaient les 100% par an.
Face à cela, le lauréat du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a déclaré être choqué, car selon lui, le microcrédit a pour mission d'aider les pauvres à sortir de la pauvreté et à les protéger des usuriers. « Il ne s'agit pas d'en créer les nouveaux. Une vraie institution de microfinance doit maintenir les taux d'intérêt aussi près du coût de financement que possible. Il n'y a pas de justification des taux d'intérêt près de 100% », a-t-il déclaré. Au Maroc, le risque qu'une association de microcrédit (AMC) dévie de sa mission première qu'est la lutte contre la pauvreté existe également. «Il y a un danger effectivement. La course vers le nombre peut se faire au détriment de la qualité. Ce risque existe aussi parce que la loi marocaine impose aux AMC d'être viables opérationnellement et financièrement au bout de cinq ans. Le succès du microcrédit au Maroc est dû au travail de proximité et à l'accompagnement mené par les AMC.
Nous ne devons donc pas oublier ce point », précise Rida Lamrini. Selon lui, une certaine concurrence commence à naître entre les 13 AMC que compte le Maroc, d'où l'idée de travailler sur un déploiement géographique concerté, de façon à ce que tout le territoire marocain puisse être couvert. Par ailleurs, les AMC pensent sérieusement à la transformation institutionnelle, c'est-à-dire passer du statut d'association au statut d'une institution commerciale. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une réflexion en cours, mais cela ne saurait tarder. «Un autre aspect négatif qui se ressent de plus en plus est relatif à la qualité du portefeuille. Nous commençons à voir les premiers signes d'endettement croisé (c'est-à-dire contracter plusieurs prêts à la fois). Ce n'est pas un problème en soi, si la capacité d'endettement du bénéficiaire le permet», poursuit Rida Lamrini.
Aussi, la mise en place d'une centrale des risques est aujourd'hui plus que nécessaire. Le chantier est actuellement poursuivi activement. Le logiciel a été testé au niveau de chaque AMC. «Maintenant, il faut opérer une montée en charge pour le tester réellement», dit Rida Lamrini. Lors de la conférence de Halifax tenue en novembre 2006, la Campagne du Sommet du microcrédit s'est fixée deux nouveaux objectifs : travailler pour garantir que 175 millions des familles les plus pauvres, en particulier les femmes, puissent accéder au crédit pour le travail indépendant et puissent bénéficier d'autres services financiers et commerciaux d'ici la fin de 2015; et travailler aussi pour garantir que 100 millions des familles les plus pauvres franchissent le cap de un dollar par jour ajusté à la parité du pouvoir d'achat (PPA) d'ici la fin de 2015.
Ceci équivaudrait, s'il l'on compte une moyenne de cinq personnes par famille, à ce que 875 millions d'individus en profiteraient et que 500 millions pourraient vivre avec plus d'un dollar par jour. Ce qui permettrait d'atteindre ainsi l'objectif de développement du millénaire quant à la réduction de la moitié de la pauvreté absolue. Un objectif certes ambitieux, mais qui peut être atteint si tout le monde y met du sien et surtout si la lutte contre la pauvreté reste la première priorité !
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«Pendant que la Banque mondiale discute, 26.500 enfants meurent chaque jour de la malnutrition et de maladies qui peuvent être prévenues. Près de 90 millions enfants ne vont pas à l'école…La Banque mondiale doit donc s'engager et investir des fonds pour atteindre les plus pauvres soit ceux qui vivent avec 1 $US par jour, mais aussi exiger l'emploi des outils économiques de mesure de la pauvreté.
L'objectif est d'aider des millions de familles à trouver un chemin digne à sortir de la pauvreté», résume Daley-Harris dans son rapport.
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Au Maroc, le microcrédit se caractérise essentiellement par le prêt solidaire dont les montants varient entre 500 et 5.000 DH. Il existe également d'autres formes de prêts individuels dont les montants sont plus importants allant jusqu'à 50.000 DH, montant fixé par la loi 18-97 relative au microcrédit.
Cependant, fait remarquable, toutes les expériences menées jusqu'à ce jour dans le monde se sont soldées par un taux de remboursement des prêts supérieur à 95 %.
«Le secteur de la microfinance au Maroc a lui aussi connu de grands progrès. Il y a eu la création en décembre 2006 du fonds « Jaïda » de 100 millions de DH. Il y a eu également l'inauguration par S.M. le Roi du Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire. Il s'agit sans aucun doute de deux grands événements majeurs. Sans parler de l'accroissement du nombre de bénéficiaires», déclare Rida Lamrini, président de la FNAM de l'Association de microcrédit Inmaa. Cependant, même si le nouveau rapport vante les louanges et le succès de la microfinance à travers le monde, il est le premier à évaluer le danger auquel le mouvement de microfinance fait face : celui de devenir une victime de son propre succès.
Le rapport aborde le lancement en avril 2007 d'une offre publique de vente d'une institution de microfinance (IMF) mexicaine, «Compartamos», qui a gagné près de 450 $US millions et qui a élevé l'estimation de l'organisation à 1.4 $US billion. Cela a été possible en partie grâce aux profits élevés de l'IMF précipités par les taux d'intérêt et d'autres frais qui excédaient les 100% par an.
Face à cela, le lauréat du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a déclaré être choqué, car selon lui, le microcrédit a pour mission d'aider les pauvres à sortir de la pauvreté et à les protéger des usuriers. « Il ne s'agit pas d'en créer les nouveaux. Une vraie institution de microfinance doit maintenir les taux d'intérêt aussi près du coût de financement que possible. Il n'y a pas de justification des taux d'intérêt près de 100% », a-t-il déclaré. Au Maroc, le risque qu'une association de microcrédit (AMC) dévie de sa mission première qu'est la lutte contre la pauvreté existe également. «Il y a un danger effectivement. La course vers le nombre peut se faire au détriment de la qualité. Ce risque existe aussi parce que la loi marocaine impose aux AMC d'être viables opérationnellement et financièrement au bout de cinq ans. Le succès du microcrédit au Maroc est dû au travail de proximité et à l'accompagnement mené par les AMC.
Nous ne devons donc pas oublier ce point », précise Rida Lamrini. Selon lui, une certaine concurrence commence à naître entre les 13 AMC que compte le Maroc, d'où l'idée de travailler sur un déploiement géographique concerté, de façon à ce que tout le territoire marocain puisse être couvert. Par ailleurs, les AMC pensent sérieusement à la transformation institutionnelle, c'est-à-dire passer du statut d'association au statut d'une institution commerciale. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une réflexion en cours, mais cela ne saurait tarder. «Un autre aspect négatif qui se ressent de plus en plus est relatif à la qualité du portefeuille. Nous commençons à voir les premiers signes d'endettement croisé (c'est-à-dire contracter plusieurs prêts à la fois). Ce n'est pas un problème en soi, si la capacité d'endettement du bénéficiaire le permet», poursuit Rida Lamrini.
Aussi, la mise en place d'une centrale des risques est aujourd'hui plus que nécessaire. Le chantier est actuellement poursuivi activement. Le logiciel a été testé au niveau de chaque AMC. «Maintenant, il faut opérer une montée en charge pour le tester réellement», dit Rida Lamrini. Lors de la conférence de Halifax tenue en novembre 2006, la Campagne du Sommet du microcrédit s'est fixée deux nouveaux objectifs : travailler pour garantir que 175 millions des familles les plus pauvres, en particulier les femmes, puissent accéder au crédit pour le travail indépendant et puissent bénéficier d'autres services financiers et commerciaux d'ici la fin de 2015; et travailler aussi pour garantir que 100 millions des familles les plus pauvres franchissent le cap de un dollar par jour ajusté à la parité du pouvoir d'achat (PPA) d'ici la fin de 2015.
Ceci équivaudrait, s'il l'on compte une moyenne de cinq personnes par famille, à ce que 875 millions d'individus en profiteraient et que 500 millions pourraient vivre avec plus d'un dollar par jour. Ce qui permettrait d'atteindre ainsi l'objectif de développement du millénaire quant à la réduction de la moitié de la pauvreté absolue. Un objectif certes ambitieux, mais qui peut être atteint si tout le monde y met du sien et surtout si la lutte contre la pauvreté reste la première priorité !
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Position de la Banque mondiale
Dans le rapport 2007 de la Campagne du Sommet du microcrédit, Daley-Harris, l'auteur du rapport, demande au président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, d'investir plus de fonds dans les programmes de microcrédit. Depuis octobre 2007, de nombreuses réunions ont eu lieu mais sans résultat.«Pendant que la Banque mondiale discute, 26.500 enfants meurent chaque jour de la malnutrition et de maladies qui peuvent être prévenues. Près de 90 millions enfants ne vont pas à l'école…La Banque mondiale doit donc s'engager et investir des fonds pour atteindre les plus pauvres soit ceux qui vivent avec 1 $US par jour, mais aussi exiger l'emploi des outils économiques de mesure de la pauvreté.
L'objectif est d'aider des millions de familles à trouver un chemin digne à sortir de la pauvreté», résume Daley-Harris dans son rapport.
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Définition des plus pauvres
La Campagne du Sommet du microcrédit définit «les plus pauvres» comme étant ceux qui se situent dans la moitié inférieure de la population vivant sous le seuil de pauvreté national ou tous ceux qui, comme plus de 1 milliard de gens, vivent avec moins de 1 $US par jour ajusté à la parité du pouvoir d'achat (PPA), lorsqu'ils souscrivent à un programme de microfinance.Au Maroc, le microcrédit se caractérise essentiellement par le prêt solidaire dont les montants varient entre 500 et 5.000 DH. Il existe également d'autres formes de prêts individuels dont les montants sont plus importants allant jusqu'à 50.000 DH, montant fixé par la loi 18-97 relative au microcrédit.
Cependant, fait remarquable, toutes les expériences menées jusqu'à ce jour dans le monde se sont soldées par un taux de remboursement des prêts supérieur à 95 %.