Marrakech, 1230, la capitale des Almohades vivait ses derniers jours de gloire, tout comme la dynastie qui portait le même nom. Cette année-là, le Calife de l'époque, Abou Al-Ala'a Al-Ma'moun Idriss Ben Al-Mansour venait de donner sa bénédiction pour la construction de l'église Notre-Dame dans la cité ocre. Autant le geste n'était pas anodin, notamment que la future chapelle devait élire domicile dans les fins fonds de la médina, autant il n'était pas fortuit.
En effet, le « geste » du Calife était aussi bien empreint de reconnaissance que par rapport à un fait historique que l'église des Saints martyrs immortalise aujourd'hui. Reconnaissance car, en perspective de la prise de Marrakech au profit d'un autre prétendant à la succession de Abou Mohammad Al-Âdil, et parmi les 111ventions des rois chrétiens espagnols au Maghreb, on retiendra celle de Ferdinand III de Castille, qui fournit à Al-Ma'moun plus d'une dizaine de milliers de cavaliers. En signe de reconnaissance au roi de Castille, Al-Ma'moun accepta la construction d'une église Notre-Dame à Marrakech (1230).
Quant au fait historique, celui-ci remonte au 16 janvier 1220, lorsque cinq jeunes franciscains, pris pour la seconde fois en flagrant délit de prosélytisme, seront exécutés sur la place publique. A ce propos, les cinq franciscains, qui allaient désormais faire partie de l'histoire de Marrakech, avaient déjà été pris une première fois en plein exercice, suite à quoi ils ont été graciés et renvoyés en Andalousie.
Mais ils avaient trouvé le moyen de s'infiltrer clandestinement au Maroc et reprendre leurs activités, mal leur en a pris, car l'initiative leur coûtera cher. La chapelle verra ainsi le jour sur le lieu de leur exécution, baptisée «lieu du martyr» par l'église.
Durant le protectorat, l'église sera déplacée vers un lieu plus spacieux, en dehors des remparts, dans cet espace qui allait servir de jointure aux quartiers Guéliz et l'Hivernage. D'ailleurs, la rumeur avance que le nom du quartier «Guéliz» viendrait de «Eglise», édifice y ayant élu domicile, en tant que premier monument ayant siégé au futur centre-ville.
Thèse sujette à un démenti général de la part des purs Marrakchis, arguant que « Guéliz » tient son nom de la montagne qui surplombe la ville et qui porte depuis des lustres le même nom (Jbal Guiliz), laquelle représentait la destinée des croyants marrakchis en quête d'isolement spirituel.
L'église des Saints martyrs vécut ainsi, toute seule dans ce vaste espace désert, avant que tout un quartier résidentiel ne vienne l'entourer, fait de villas se tenant à distance. Jusqu'au jour où un chantier pris forme juste en face : le terrain était en pleine gestation et allait bientôt accoucher… d'une mosquée, «Masjid Al-Hay Chatoui» en l'occurrence.
Ayant longuement milité pour l'édification d'une mosquée dans ce quartier, feu Mohamed Al-Mazlani peut être fier de son idée, aujourd'hui, là où il est. C'était au beau milieu des années 90, lorsque ce poète, directeur d'école, a commencé à faire du lobbying pour la construction d'un édifice religieux dans ce terrain vague. L'homme était réputé pour son franc-parler et son audace. «Il n'avait pas froid aux yeux», raconte son frère Tahar, muezzin de la mosquée qui était, alors, le projet qui tenait le plus au cœur du défunt.
L'obsti110n de Mohamed Al-Mazlani finira par porter ses fruits. L'Etat finira par céder le terrain et c'est un mécène qui injectera ses fonds propres pour l'édification de la mosquée. A peine les travaux étaient à moitié réalisés, le vieil homme ne put achever son œuvre, stoppé dans son élan par ses enfants qui voyaient leur futur héritage couler dans du béton infructueux.
D'autres bienfaiteurs prendront le relais, jusqu'au jour où le minaret vint embrasser la nef, permettant ainsi au frère André, tout comme son plus proche voisin, Tahar Al-Mazlani, de se qualifier, aujourd'hui, sans complexe, de frères.
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En 1950, il y avait 450.000 étrangers au Maroc, mais dès que la proclamation de l'indépendance fut prononcée en 1956, le nombre de Chrétiens a commencé à diminuer, au rythme des départs. Aujourd'hui, le nombre de baptisés se situerait autour de 25.000.
Rappelons qu'au Maroc, trois grandes églises existent : le protestantisme, le catholicisme et l'orthodoxie. Au niveau de tout le pays, une trentaine d'églises peut être énumérée (paroisse et cathédrale inclues).
De ces trois églises, le protestantisme est le plus difficile à déchiffrer.
Il est composé de deux Eglises reconnues par l'Etat marocain: l'Eglise Anglicane et l'Eglise Evangélique.
En effet, le « geste » du Calife était aussi bien empreint de reconnaissance que par rapport à un fait historique que l'église des Saints martyrs immortalise aujourd'hui. Reconnaissance car, en perspective de la prise de Marrakech au profit d'un autre prétendant à la succession de Abou Mohammad Al-Âdil, et parmi les 111ventions des rois chrétiens espagnols au Maghreb, on retiendra celle de Ferdinand III de Castille, qui fournit à Al-Ma'moun plus d'une dizaine de milliers de cavaliers. En signe de reconnaissance au roi de Castille, Al-Ma'moun accepta la construction d'une église Notre-Dame à Marrakech (1230).
Quant au fait historique, celui-ci remonte au 16 janvier 1220, lorsque cinq jeunes franciscains, pris pour la seconde fois en flagrant délit de prosélytisme, seront exécutés sur la place publique. A ce propos, les cinq franciscains, qui allaient désormais faire partie de l'histoire de Marrakech, avaient déjà été pris une première fois en plein exercice, suite à quoi ils ont été graciés et renvoyés en Andalousie.
Mais ils avaient trouvé le moyen de s'infiltrer clandestinement au Maroc et reprendre leurs activités, mal leur en a pris, car l'initiative leur coûtera cher. La chapelle verra ainsi le jour sur le lieu de leur exécution, baptisée «lieu du martyr» par l'église.
Durant le protectorat, l'église sera déplacée vers un lieu plus spacieux, en dehors des remparts, dans cet espace qui allait servir de jointure aux quartiers Guéliz et l'Hivernage. D'ailleurs, la rumeur avance que le nom du quartier «Guéliz» viendrait de «Eglise», édifice y ayant élu domicile, en tant que premier monument ayant siégé au futur centre-ville.
Thèse sujette à un démenti général de la part des purs Marrakchis, arguant que « Guéliz » tient son nom de la montagne qui surplombe la ville et qui porte depuis des lustres le même nom (Jbal Guiliz), laquelle représentait la destinée des croyants marrakchis en quête d'isolement spirituel.
L'église des Saints martyrs vécut ainsi, toute seule dans ce vaste espace désert, avant que tout un quartier résidentiel ne vienne l'entourer, fait de villas se tenant à distance. Jusqu'au jour où un chantier pris forme juste en face : le terrain était en pleine gestation et allait bientôt accoucher… d'une mosquée, «Masjid Al-Hay Chatoui» en l'occurrence.
Ayant longuement milité pour l'édification d'une mosquée dans ce quartier, feu Mohamed Al-Mazlani peut être fier de son idée, aujourd'hui, là où il est. C'était au beau milieu des années 90, lorsque ce poète, directeur d'école, a commencé à faire du lobbying pour la construction d'un édifice religieux dans ce terrain vague. L'homme était réputé pour son franc-parler et son audace. «Il n'avait pas froid aux yeux», raconte son frère Tahar, muezzin de la mosquée qui était, alors, le projet qui tenait le plus au cœur du défunt.
L'obsti110n de Mohamed Al-Mazlani finira par porter ses fruits. L'Etat finira par céder le terrain et c'est un mécène qui injectera ses fonds propres pour l'édification de la mosquée. A peine les travaux étaient à moitié réalisés, le vieil homme ne put achever son œuvre, stoppé dans son élan par ses enfants qui voyaient leur futur héritage couler dans du béton infructueux.
D'autres bienfaiteurs prendront le relais, jusqu'au jour où le minaret vint embrasser la nef, permettant ainsi au frère André, tout comme son plus proche voisin, Tahar Al-Mazlani, de se qualifier, aujourd'hui, sans complexe, de frères.
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Une trentaine d'églises au Maroc
Au Maroc, toute la population est officiellement musulmane, à l'exception d'une minorité d'Israélites (3000 à 4000 fidèles). L'Eglise catholique a été officiellement reconnue au Maroc par une lettre de feu Hassan II au Pape Jean- Paul II, datée du 30 décembre 1983.En 1950, il y avait 450.000 étrangers au Maroc, mais dès que la proclamation de l'indépendance fut prononcée en 1956, le nombre de Chrétiens a commencé à diminuer, au rythme des départs. Aujourd'hui, le nombre de baptisés se situerait autour de 25.000.
Rappelons qu'au Maroc, trois grandes églises existent : le protestantisme, le catholicisme et l'orthodoxie. Au niveau de tout le pays, une trentaine d'églises peut être énumérée (paroisse et cathédrale inclues).
De ces trois églises, le protestantisme est le plus difficile à déchiffrer.
Il est composé de deux Eglises reconnues par l'Etat marocain: l'Eglise Anglicane et l'Eglise Evangélique.
