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«Mohammed, Sceau des Prophètes»

Expédition de Dsât-oul-‘Oschaïra

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‘Abdallah, fils de Dja'sch, et ses compagnons furent très heureux de cette révélation. Le Prophète fit parvenir le verset aux musulmans de La Mecque pour qu'ils pussent répondre aux infidèles qoraïschites.
Les Qoraïschites envoyèrent quelqu'un pour racheter les deux prisonniers.

Le Prophète répondit : Nous n'acceptons pas leurs prix. Nous avons perdu deux de nos gens ; Sa'd, fils d'Abou-Waqâç et ‘Otba, fils de Ghazawân, dont nous n'avons pas de nouvelles. Quand ceux-ci réapparaîtront, nous vous renverrons ces prisonniers. Mais si nous acquérons la certitude qu'on les a tués, nous mettrons aussi à mort ces deux hommes. Sa'd et ‘Otba, en recherchant leur chameau, étaient venus jusqu'à Nadjrâne. Ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent à Médine au mois de scha'bân. Alors le Prophète, considérant les deux prisonniers comme leur rançon, les renvoya à La Macque, après en avoir reçu le prix.

Dans le même mois de scha'bân, au milieu du mois, Dieu ordonna au Prophète de ne plus se tourner pendant la prière vers Al Qods, mais vers la Kaâba. Les Arabes, en priant, se tournaient vers la Kaâba, tandis que les juifs et les chrétiens se tournaient vers Al Qods où était le temple bâti par Salomon, fils de David, endroit illustre, vers lequel se tournaient également Moïse et Jésus. Lorsque le Prophète reçut sa mission prophétique à La Mecque, Il se tournait, en priant, vers la Kaâba.

Comme les idolâtres de La Mecque, en adorant les idoles, se tournaient aussi vers La Mecque, quand le Prophète vint à Médine où dominait le culte des chrétiens et des juifs qui se tournaient vers Al Qods, Dieu Lui ordonna de se tourner également, en priant, vers Al Qods, afin de ne pas les contrarier et pour qu'ils Lui fussent favorables. Le Prophète fut ainsi. Cependant, il désirait que le point vers lequel il devrait se tourner en priant fut la Kaâba, qui avait été aussi la Qibla d'Abraham et d'Ismaël.

Il priait journellement Dieu d'exaucer ce désir ; enfin, au milieu du mois de scha'bân de la seconde année de l'Hégire, le mardi, Dieu révéla le verset suivant : “Nous avons vu que tu tournais ton visage vers le ciel. Mais Nous voulons que tu te tournes vers une Qibla qui te plaira. Tourne-toi vers le saint temple. (Sur. II, vers. 139). La raison de cette révélation fut que les juifs et les chrétiens disaient au Prophète : Ô Mohammed, si ta religion est différente que la nôtre, comment se fait-il que tu tournes en priant vers le même point que nous. Le Prophète, ayant invoqué Dieu, reçut le verset que nous venons de dire.

Le Prophète était venu à Médine au mois de rabî'a premier. Au mois de moharrem de l'année suivante, il remarqua que les juifs célébraient un jeûne, le dix du mois, en appelant ce jour ‘Aschourâ. Le Prophète leur demanda pourquoi ils distinguaient ce jour. Ils répondirent : C'est le jour où Dieu a fait noyer Pharaon dans la mer, et où Il a délivré Moïse qui a jeûné ce jour-là pour rendre grâce à Dieu ; depuis lors nous aussi nous consacrons chaque année ce jour au jeûne. Le Prophète ordonna aux musulmans de jeûner, eux aussi, ce jour en leur disant : Je suis plus digne de suivre l'exemple de mon frère Moïse, fils d'Amrân.

Ensuite, le Prophète, voyant que les chrétiens jeûnaient pendant cinquante jours, désira avoir dans sa religion un jeûne pareil. A la fin du mois de scha'ban de cette même année, Dieu établit le jeûne du mois de ramadan, en révélant le verset suivant : “Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés” (Sur. II, vers. 179), c'est-à-dire aux juifs et aux chrétiens. Jésus n'avait ordonné qu'un jeûne de trente jours ; ce sont les chrétiens eux-mêmes qui ont porté ce chiffre à cinquante.

Moïse aussi n'avait dû observer le jeûne que pendant trente jours, les trente jours du mois dou-lq'da, le temps de sa conversation avec Dieu ; mais il y ajouta onze autres jours. Le Prophète, 111rogé sur l'époque de ce jeûne de trente jours, reçut le verset suivant : “Au mois de ramadan, dans lequel a été révélé le Coran”, etc. (Sur. II, vers. 181). Mohammed ben-Djarîr a rapporté ce récit (relatif au jeûne de Moïse) en fort beaux termes.

A l‘expiration du mois de ramadan, le Prophète établit l'obligation de l'aumône à la fête de la rupture du jeûne. Ce jour, il sortit de Médine, se rendit à Moçalla, y fit la prière et recommanda, dans le sermon, l'aumône de la rupture du jeûne.
L'année suivante, au mois de moharrem, le Prophète laissa les musulmans libres de jeûner ou non le jour d'Aschourâ. Quelques-uns observèrent ce jeûne, d'autres ne l'observèrent pas.

Au mois de ramadan de la même année, le Prophète sortit de Médine pour livrer le combat de Badr, qui eut lieu le vendredi dix-septième jour du mois. L'histoire de ce combat, qui est très important, n'a pas été rapportée en détail par Mohammed ben-Djarîr dans cet ouvrage. Cependant, elle est connue par les recueils des expéditions du Prophète et par les commentaires du Coran ; car il n'a été révélé sur aucune autre expédition du Prophète un aussi grand nombre de versets du Coran.

Ce fut la première victoire de l'Islam, la première victoire du Prophète sur les infidèles. Nous avons recueilli, autant que nous avons pu, tant dans cet ouvrage que dans le commentaire (de Tabari) et dans le livre des Expéditions du Prophète, les éléments pour compléter ce récit. Dans la seconde année de l'Hégire, le premier jour du mois de ramadan, le pProphète fut averti qu'une caravane mecquoise, chargée de nombreuses marchandises, venait de Syrie sous la conduite d'Abou-Sofyân, fils de H‘arb, d'Amrou, fils d'Aç, et d'autres personnages considérables de La Mecque.

Dans le livre des Expéditions, il est dit qu'ils étaient en tout soixante dix personnes. Cette nouvelle fut apportée au Prophète par Gabriel, qui Lui dit : Pars à la recherche de la caravane ; elle passera près des puits de Badr, elle ne peut pas éviter de passer par cet endroit. Le Prophète fit réunir ses compagnons et donna l'ordre de partir dans le temps même du jeûne. Dieu m'a promis, leur dit-il, de me livrer leurs biens, de glorifier ma religion et de nous rendre maîtres de leurs personnes.

Il ne leur dit point : Nous prendrons la caravane. Mais les hommes pensèrent qu'ils la prendraient et qu'ils n'auraient pas de grands efforts à faire. Soixante dix hommes partirent en toute hâte. Le lendemain, le Prophète, après avoir établi comme son lieutenant à Médine Abou Lobâba, fils d'Abdou'l-Moundsir, partit Lui-même avec trois cent treize hommes.

D'après une autre version, Il n'avait avec Lui que trois cent treize hommes ou, d'après une autre plus exacte, trois cent quatorze hommes. Ils partirent précipitamment, sans prendre leur armement complet. Deux d'entre eux avaient des chevaux, soixante-dix étaient montés sur des chameaux, les autres étaient à pied. Le Prophète montait sa chamelle ‘Adhbâ, ainsi appelée parce qu'on lui avait fendu les oreilles. Ces troupes étaient composées de soixante dix-huit Mohâdjir et de deux cent trente-six Ançâr. Parmi les Mohâdjir, il y avait Abou-Bakr, ‘Omar, fils d'Al-Khattab, ‘Ali, fils d'Abou-Tâlib, et ‘Othmân, fils d'Affân.

La femme d'Othman, Roqayya, fille du Prophète, était très malade. Le Prophète ordonna à ‘Othmân de s'en retourner, à cause de la maladie de sa femme. Le chef des Ançar était Sa'd, fils de Mo'âds, qui était chef de tous les Khazradj. Tous étaient d'avis qu'ils étaient assez nombreux pour attaquer la caravane, et le Prophète n'emmena pas un plus grand nombre d'hommes.

Arrivé à la première étape, le Prophète passa ses troupes en revue. Il renvoya cinq hommes comme étant trop jeunes, à savoir : ‘Abdallah, fils d'Amrou, Râfi', fils de Khodaïj, Zaïd, fils de Thâbit, Osa¨d, fils de Zhahîr, et Amrou, fils d'Abou-Waqqâç, d'111venir auprès de Mohammed pour qu'Il l'emmenât avec Lui. Les quatre autres durent s'en retourner. Ensuite, le Prophète marcha en toute hâte sur Badr pour couper le chemin à Abou Sofyân.

Arrivé à la seconde station, Il fut informé que la caravane n'était pas encore passée. Il fit halte, en s'écartant de la route, afin de ne pas être aperçu par la caravane, quand elle viendrait et pour qu'elle ne prît pas la fuite. Gabriel vint annoncer au Prophète que Dieu l'assisterait de toute manière dans son entreprise. Ensuite Mohammed dépêcha deux des principaux Mohâdjir : Tal'hâ, fils d'Obaïd-Allah, et Sa'd, fils de Zaïd, fils de Naufal. Montés sur des chameaux, ils furent envoyés dans le désert pour épier la marche d'Abou-Sofyân.

Ces deux hommes s'égarèrent dans le désert et ne revinrent pas pour prendre part au combat de Badr. Le Prophète fit partir deux autres Mohâdjir, également montés sur des chameaux, l'un nommé Basbas, fils d'Amrou, le Djohaïnite ; l'autre, Adi, fils d'Abou Zaghba, le Djohainite. Il leur ordonna de se rendre auprès des puits de Badr et d'y prendre des informations sur la marche de la caravane.

Les Arabes, dans le désert, ont la coutume quand une caravane vient faire halte près d'un puits ou à une station, d'y apporter des provisions et des vivres pour les vendre aux gens de la caravane et de faire avec eux des affaires en vendant et en achetant. Arrivés près de Badr, les deux Djohainites y virent un homme qui avait apporté des provisions et qui les avait déposées là, en attendant la caravane. Ils s'approchèrent du puits, firent coucher leurs chameaux et vinrent pour 111roger cet homme. Alors, ils aperçurent deux femmes qui s'adressaient réciproquement des réclamations. L'une disait à l'autre : Rends-moi l'argent que tu me dois.

L'autre répondit : Demain, la caravane arrivera près de ce puits, je vendrai quelque chose et te rendrai ton argent. Les deux émissaires, en attendant ces paroles, ne dirent rien, remplirent d'eau leurs outres, montèrent sur leurs chameaux, partirent et vinrent avertir le Prophète.

Ils n'eurent pas plus tôt quitté le puits, qu'Abou-Sofyân et ‘Amrou, fils d'Aç, y arrivèrent, seuls. Abou-Sofyân, en passant sur le territoire de Yathrib, s'était enquis des mouvements du Prophète et de ses compagnons. S'étant avancé encore de deux étapes, il avait quitté la caravane en disant à ses gens : restez ici, j'irai au puits de Badr pour m'enquérir si quelqu'un de Yathrib, des compagnons de Mohammed, est à la recherche de notre caravane.

Abou Sofyân et ‘Amrou, fils d'Aç, vinrent donc à Badr, donnèrent de l'eau à leurs chameaux, burent eux-mêmes, remplirent leurs outres et questionnèrent l'homme qui était assis près du puits. 111rogé par eux sur son nom et sur le nom de sa tribu, il leur dit qu'il s'appelait Medjdî, fils d'Amrou, de la tribu de Djohaïma.

Abou Sofyân lui demanda ensuite : As-tu quelques renseignements sur les brigands de Yathrib ? Est-ce que quelqu'un d'entre eux est venu à ce puits avant nous ? Medjdî répondit : Tout à l'heure deux hommes y sont venus, ont bu, ont abreuvé leurs chameaux, sont remontés sur leurs montures et sont repartis. – Ne t'ont-ils rien dit ? demanda Abou-Sofyân. – Non. Abou-Sofyân demanda ensuite à quel endroit les chameaux étaient restés. S'y étant rendu, il trouva leur crottin : en prenant un peu, il l'éparpilla. Des noyaux de dattes en sortirent. Il dit à ‘Amrou, fils d'Aç : ces hommes étaient de Médine. Mohammed est sur nos traces, Lui ou des gens envoyés par Lui. – Comment le sais-tu ? Lui demanda ‘Amrou.

Abou-Soufyân dit : Les gens de Médine, seuls dans le ‘Hedjâz, donnent à manger aux chameaux des noyaux de dattes. Ils remontèrent ensuite sur leurs chameaux et revinrent à l'endroit où était leur caravane, à deux étapes de Badr. Abou-Soufyân engagea immédiatement un homme nommé Dhamdham, fils d'Amrou, de la tribu de Ghifâr, qui possédait un chameau très rapide, et le dépêcha à La Mecque.

Cet homme promit de s'y rendre en trois jours, quoique la caravane en fut éloignée de six journées de marche. Abou-Soufyân lui recommanda, quand il entrerait dans la ville, de crier secours.
Il lui dit : rends-toi sur le mont Abou-Qobaïs et crie, de façon à être entendu de tous les habitants de La Mecque, que tu es parti, envoyé par moi, de telle station ; pour leur annoncer que Mohammed et les brigands de Médine sont sur mon chemin et que, s'ils tiennent à leurs biens, ils arrivent ; sinon qu'ils ne trouveront plus rien.

Dhamdham partit, la caravane restant à la distance de deux étapes de Badr, de même que le Prophète qui l'attendait à son passage près des puits.
Avant l'arrivée de Dhamdham à La Mecque, Atika, fille d'Abdou L'Mottalib et tante du Prophète, fit un rêve; il lui sembla voir un homme monté sur un chameau arriver à La Mecque, s'arrêter dans la vallée et s'écrier: «Habitant de La Mecque, n'allez pas car on vous tuerait; quiconque y ira n'en reviendra pas!». Il s'avança, toujours monté sur son chameau, vint sur la terrasse de la Kaâba et répéta son cri. Ensuite, il lança du sommet du mont «Abou Qobaïs» une pierre qui coula en bas et se brisa en plusieurs morceaux qui atteignirent toutes les maisons de la ville.

Au matin, Atika raconta son rêve à Abbas, fils d'Abdou L'Mottalib. Celui-ci, effrayé, dit à sa sœur: «Ce songe est fort triste, tous les habitants de La Mecque doivent craindre d'être atteints par un grand malheur. Garde le secret et ne raconte ton rêve à personne, je verrai ce qu'il y aura à faire». Abbas sortit très soucieux et alla pour faire ses tournées autour du temple.

Il y rencontra Otba, fils de Rabiâa, qui était son ami, et alla s'asseoir auprès de lui. Otba lui dit: «Que t'est arrivé, ta figure est altérée?». «Rien», dit Abbas. «Si, il t'est arrivé quelque chose», reprit Otba et il insista. Abbas lui dit: «Il ne faut pas qu'on le sache». – «On ne le saura pas», répliqua Otba. Alors Abbas lui raconta le rêve qu'avait fait Atika. Otba, en sortant du temple, rencontra Abou Djah et lui fit part de ce récit. Abou Djahl dit: «Ne t'en préoccupe pas, les Béni Haschim sont tous menteurs, hommes et femmes». Délivrés des mensonges de Mohammed, nous tombons maintenant dans ceux des femmes des Béni Haschim.

Le lendemain, dans le temple, il aborda Abbas et lui dit: «Qu'est-ce que ce rêve d'Atika dans lequel tu rapportes qu'elle aurait vu telle et telle chose ?». Abbas répondit: «Je n'en ai aucune connaissance».
«Si, tu le connais, dit Abou Dkahl, on me l'a rapporté comme venant de toi. Si ce rêve ne se réalise pas, nous écrirons sur une feuille que nous suspendrons à la porte de la Kaâba que dans le monde entier il n'y a pas de plus grands menteurs tant parmi les hommes que parmi les femmes que les Béni Haschim, afin que votre imposture soit connue de tous les Arabes». Abbas, qui était un homme réservé et endurant, quitta la réunion et revint à la maison.

Abou Djahl et tous les autres racontèrent le fait chez eux, à leurs femmes. Atika fut informée des paroles qu'Abou Djahl avait adressées à Abbas. Le soir, Atika et les autres filles d'Abdou L'Mottalib et toutes les femmes de Béni Haschim vinrent chez Abbas et lui dirent: «Pourquoi laisses-tu Abou Djahl tenir des propos sur les femmes de Béni Haschim et sur les filles d'Abdou L'Mottalib, en ta présence, sans lui répondre et sans rien dire? Il dit que tous les hommes et toutes les femmes des Béni Haschim sont des menteurs. Jusqu'à quand supporteras-tu cela ? S'il fait cet écrit, il déshonorera les Béni Haschim parmi les Arabes.

Si tu veux rien lui dire, autorise-nous à aller trouver Abou Djahl pour répliquer aux paroles qu'il a dites. Nous n'avons pas voulu te manquer de respect». Abbas dit: «Il n'osera pas faire cet écrit. S'il m'en dit encore quelque chose, je lui répondrai. Rentrez chez vous».

Le lendemain, Abbas vint au temple et alla s'asseoir à sa place. Les Qoraïschites avaient pris place, chacun dans un cercle. Tout à coup, des cris se firent entendre dans la vallée et tous se précipitèrent hors de la ville dans la direction de la voix. Pendant ce temps, Abbas accomplissait ses tournées autour du temple.

Ces cris étaient poussées par Dhamdham, qui était arrivé et qui fit comme Abou Qobaïs et cria de façon à être entendu de tous les habitants. Ceux-ci furent stupéfaits car il n'y avait pas un seul chef de famille qui n'eût dans la caravane un capital.
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