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M. Miloud Châabi adresse une lettre au «Matin»

Suite à un article publié par notre journal sur son groupe et l'activité immobilière au Maroc

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Nous remercions M. Miloud Chaâbi de l'intérêt qu'il veut bien prendre à l'exacte information publiée dans nos colonnes. Cependant, il nous semble nécessaire de contester quelques-uns de ses attendus et les griefs formulés au traitement réservé à un dossier où, contrairement à ce qu'il affirme, nous nous sommes contentés de lister et non de commenter.

Le président du groupe Chaâbi a le droit de ne pas être d'accord avec les informations que nous avons publiées. Il ne peut en revanche mettre en doute nos sources, dont la grande partie reste connue et publique, puisqu'elles sont susceptibles d'être consultées par tout un chacun auprès des organismes ou des institutions concernées.

Il ne peut aucunement et décemment avancer que Le Matin a été manipulé à des fins de dénigrement et avec l'objectif de nuire à son image et ses intérêts. Nous n'avons jamais écrit que M. Chaâbi "concurrence" le groupe Addoha, mais plutôt le contraire. L'expression est que Addoha est devenu un "concurrent direct", comme la CDG mobilisée également dans l'habitat social. Il y a nuance dans l'affirmation.

Quant aux propos que M. Chaâbi a tenus lors de sa conférence de presse, il ne faut pas être clerc pour y voir – même sur un ton aussi allusif – qu'ils visaient le groupe ONA et susciteraient un flot de réflexions et de commentaires. D'ailleurs, quelques-uns ne se sont pas empêchés de le penser et même de l'écrire.

L'expression d'une «course vers les premières marches du podium», relève d'une métaphore qui résume mais n'insulte nullement l'honneur. Elle fait partie de la compétition et de la transparence qu'il revendique. Sur un point essentiel, relevant des procédures, nous avons mis en évidence les acquisitions et souligné surtout que pour 90%, elles passaient par le biais des appels d'offres, le reste revenant à des procédures de gré à gré pour les grands projets, «notamment, avions-nous écrit, les grands groupes comme Addoha et Chaâbi»…

L'encadré publié aux côtés de l'article en question n'a pas non plus trouvé grâce aux yeux du président Chaâbi. Pourtant, il constitue ni plus ni moins la liste, il est vrai, détaillée pour la première fois des opérations engagées par lui pour développer et élargir tout au long de dernières décennies le périmètre de son groupe.

En le publiant, en le titrant notamment «pionnier et bénéficiaire avant les autres opérateurs», nous ne manifestions nulle animosité et loin de nous l'idée d'y voir autre chose qu'une réalité patente, à savoir, comme le rappelle M. Chaâbi dans sa lettre, le groupe qu'il préside «est fort d'une expérience de 50 ans dans la construction et la promotion immobilières». Pionnier, que oui ! Bénéficiaire également, car il y a cinquante ans, nul n'eut à ce point prétendu s'improviser – le président en conviendra – opérateur immobilier sans le soutien décisif de l'Etat. M. Miloud Chaâbi, tout à son honneur et à son opiniâtreté, a réuni les deux exigences : être pionnier et bénéficiaire.

Cependant, il croit relever «nos allégations concernant l'acquisition au dirham symbolique de terrains, dénuées de tout fondement». Nous ne saurions nous lancer dans la polémique à cet égard, mais nous nous contentons – par devoir déontologique – de rappeler que par courrier de septembre 2006, son groupe a saisi le wali de la région Chaouia-Ouardigha lui confirmant son intention de réaliser «une cimenterie dans la région», à l'endroit relevant de « l'ethnie Ouled El Houari, commune Beni Yagrine » (extrait de la lettre, signée A.El Guermai, administrateur).

En revanche, dans la lettre qu'il nous a adressée, il se fait fort de nier qu'il s'agisse d'une cimenterie… Des exemples de ce genre, où nous voyons les éléments d'un processus administratif ordinaire, sont multiples. Ils ne peuvent, en effet, constituer à nos yeux un argumentaire quelconque.

C'est la raison pour laquelle nous les banalisons et les prenons à leur juste mesure. Oui, comme tous les autres opérateurs, grands et petits, le groupe Chaâbi a bel et bien bénéficié des incitations et des facilités de l'Etat.

Il n'y a aucune honte ni complexe à en éprouver !
A Marrakech, à Aârsat Boukraâ, n'y a-t-il pas une parcelle de 15.000 m? , sise dans la commune urbaine d'Annakhil, au district de Sidi Youssef Ben Ali qui lui a été cédée en… 1988 au prix de 300.000 dirhams, soit 20 dirhams le mètre carré ? Ses habitants ne risquaient-ils pas d'être délogés sans être indemnisés ? A la propriété Yousra 18 de quelque 107 hectares, située au Douar Khlifa Brik sur la route de Casablanca, n'est-il pas opposé à plusieurs familles qu'il s'est efforcé d'expulser ? A Chichane, Soumal et Khlifa Brik, plus de 200 habitants occupant près de 4 hectares attendent leur indemnisation avant d'être évacués, quand bien même ils seraient sous un verdict de la justice ? Cette affaire a suscité des manifestations de solidarité pour dénoncer l'évacuation sans indemnisation…A Marrakech encore, sur l'avenue Prince Moulay Abdellah, le groupe a acquis des terrains habités à bas prix, s'efforce d'évacuer les familles sans les indemniser, recourt à la justice et obtient gain de cause.

Or, la décision rendue ne sera pas pour autant mise à exécution parce que les autorités ne savent comment recaser les familles et sont confrontées à un grave problème social : celui des familles entières dans la rue.

Toujours dans la même ville, ne déplore-t-on pas la construction d'un deuxième Aswaq as-Salam dans l'avenue Hassan II, près de la Coopérative sans autorisation du Conseil municipal ?
De même que M. Chaâbi affirme que «la teneur de l'article est dénuée de tout fondement et que les informations fournies sont destinées à nous induire en erreur», nous nous sommes interrogés à juste titre, pour notre part et avec d'autres, si sa réponse à propos des autres opérateurs lors de la conférence de presse n'était pas inspirée ou simplement suggérée ? Nous ne pourrions adhérer à cette forme de réquisitoire, elle ramènerait la contribution de notre journal à un vulgaire article, à un faux.

Ce qui n'est ni notre habitude ni notre objectif. Ce qui surprendrait, c'est moins le contenu de l'article que l'agitation et l'exploitation qui en auraient été crées, occultant ainsi un débat porteur. Car il reflète en tout état de cause à peu près exactement l'opinion des opérateurs et de l'opinion. A preuve, l'intérêt manifeste suscité auprès de certains organes qui se sont fendus d'interviews, de communiqués et de commentaires.

Dans le souci d'impartialité qui anime notre journal, nous publions ainsi la lettre que M. Miloud Chaâbi nous a adressée en le priant de croire à notre neutralité dans ce dossier, à défaut d'objectivité qui n'existe pas dans l'absolu, sinon dans la relativité de l'information « corrigée par l'effort de celui qui informe». Nous ne sommes ni juges ni justiciers.
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