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Le Tchad invite l'Onu à intervenir au Darfour

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Le Tchad a accusé dimanche le Soudan de prétexter du conflit au Darfour pour déstabiliser l'ensemble de l'Afrique centrale et exigé de la communauté internationale qu'elle intervienne pour empêcher l'extension des troubles à toute la sous-région. Trois jours après avoir déjoué une attaque rebelle au cœur même de N'Djamena, le gouvernement du Président Idriss Déby a exhorté l'Onu à prendre le contrôle du Darfour et à sanctionner le gouvernement de Khartoum qu'il accuse de recruter et d'armer les insurgés.

Dimanche, la capitale était calme, même si dans Le Journal du Dimanche, Tamara Acyl Ahmat, membre du Front uni pour le changement (Fuc, rebelle), affirme que les insurgés encerclent N'Djamena. Ses affirmations n'ont pas été, dans l'immédiat, confirmées de source indépendante.

Bon nombre de N'Djaménois - la population tchadienne est composée à 50% de musulmans, à 30% de chrétiens et à 20% d'animistes - sont allés normalement à la messe en ce jour de Pâques. La place de l'Indépendance, où le Président Déby avait organisé «un défilé de la victoire» la veille, était déserte.

Le palais présidentiel est, en revanche, toujours gardé par des blindés. Affaibli par des complots et des désertions au sein même de son armée et de son clan, le chef de l'Etat menace d'expulser les quelque 200.000 Soudanais réfugiés du côté tchadien de la frontière au cas où les Nations unies ne parviennent pas à imposer leur autorité au Darfour d'ici le 30juin.

Le Darfour sous mandat de l'Onu ?

L'Union africaine n'a pas été en mesure jusqu'ici de régler la crise du Darfour, a déclaré à l'agence Reuters le ministre tchadien de l'Administration territoriale, le général Mahamat Ali Abdallah Nassour. Nous croyons que le Soudan cherche délibérément à faire du Darfour une sorte de tremplin pour déstabiliser l'ensemble de la sous-région et dont le Tchad constitue la première étape, a-t-il ajouté. Il a accusé l'armée soudanaise d'avoir participé avec son armement lourd à l'attaque de jeudi contre la localité tchadienne d'Adré, dont les assaillants ont été repoussés au Soudan.

D'après lui, quelque 150 rebelles ont péri à Adré et environ 370 autres lors du raid contre N'Djamena.

Les responsables du Fuc ont réfuté ces chiffres, affirmant n'avoir perdu qu'une vingtaine de leurs combattants dans la capitale.

Le ministre a invité la communauté internationale "à prendre ses responsabilités (en) placant le Darfour sous mandat des Nations unies".

Déby, qui brigue un nouveau mandat présidentiel à un scrutin théoriquement prévu le 3 mai, a rompu vendredi les relations diplomatiques avec le Soudan. Khartoum nie vigoureusement apporter son aide à la rébellion tchadienne.

Le président soudanais Omar Hassan el-Béchir, cité par l'agence de presse nationale Suna, a souligné pour sa part que son pays n'avait aucun intérêt à une quelconque instabilité chez son voisin occidental.
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Le gouvernement tchadien reporte sa menace d'arrêter sa production de pétrole


Le gouvernement tchadien a décidé de reporter jusqu'à fin avril sa menace de suspendre sa production de pétrole, initialement prévue à partir du mardi 18 avril, suite à une proposition de médiation des Etats-Unis, a annoncé dimanche soir son porte-parole Hourmadji Moussa Doumgor. «Le gouvernement tchadien décide de reporter la fermeture des vannes jusqu'à l'aboutissement de la médiation américaine», a déclaré le ministre tchadien de la Communication dans un communiqué.

Le Tchad avait annoncé vendredi, au lendemain des combats qui avaient permis à son armée de repousser une offensive des rebelles du Front uni pour le changement (Fuc) devant N'Djamena, qu'il suspendrait sa production de brut (200.000 barils par jour) à partir du 18 avril s'il ne récupérait pas d'ici là ses revenus pétroliers bloqués en raison d'un conflit qui l'oppose à la Banque mondiale. «Suite à la décision du gouvernement d'arrêter l'exploitation du pétrole de Doba, le gouvernement américain s'est proposé d'intervenir pour trouver un compromis avec la Banque mondiale et demande au gouvernement de reporter sa décision d'arrêter l'exploitation et la commercialisation du brut tchadien jusqu'à fin avril», a ajouté M. Doumgor. «Le Premier ministre (tchadien) a reçu l'ambassadeur des Etats-Unis et le consortium pour leur annoncer que le gouvernement accueille avec bienveillance l'offre de médiation du gouvernement américain et qu'il décide de donner du temps à cette médiation dans les délais proposés par le département d'Etat américain, c'est-à-dire jusqu'à fin avril», conclut le communiqué.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du gouvernement a précisé qu'une sous-secrétaire d'Etat américain était attendue «la semaine prochaine» à N'Djamena pour engager la médiation. La Banque mondiale a ordonné en janvier le blocage des revenus pétroliers tchadiens placés sur un compte bancaire britannique et annulé pour 124 millions de dollars de crédits au Tchad, après la décision de N'Djamena de modifier unilatéralement une loi sur la gestion des revenus pétroliers parrainée par l'institution internationale.

Cette révision a notamment supprimé un fonds pour les générations futures sur lequel étaient bloqués 10% des revenus pétroliers du pays et annulé des clauses qui imposaient au Tchad d'affecter en priorité ses pétrodollars à des projets de réduction de la pauvreté. Environ 25 millions de dollars de revenus destinés au Tchad sont bloqués sur un compte bancaire londonien et le consortium producteur du brut tchadien retient depuis le début du conflit avec la Banque mondiale 80 millions supplémentaires qui devaient être versés sur le compte bloqué.

Vendredi, le ministre tchadien des droits de l'Homme, Abderamane Djasnabaille, a justifié l'ultimatum de N'Djamena par «un besoin d'argent urgent pour résoudre les problèmes sociaux du pays». Les critiques du régime tchadien ont immédiatement accusé le régime du président Deby de vouloir utiliser ces fonds pour acheter des armes.

L'extraction du brut tchadien est confiée à un consortium composé des compagnies américaines Exxon-Mobil et Chevron-Texaco et malaisienne Petronas.

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