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L'économie marocaine face à la mondialisation

Par Jawad Kerdoudi
Président de l'IMRI

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On parle de plus en plus ces derniers temps de globalisation et de mondialisation. De quoi s'agit-il effectivement ? On peut la traduire par l'ouverture progressive des frontières, avec la suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires. Remarquons tout d'abord que la mondialisation est très ancienne, dès lors que des produits et des services ont été échangés entre pays différents. Deux éléments l'ont favorisée à partir du XVIIIe siècle : la révolution industrielle en Angleterre, et la théorie économique.

C'est en effet au XVIIIe siècle que l'économiste anglais Adam Smith prônait pour la première fois la division et la spécialisation du travail, et traçait la théorie des avantages absolus. Au XIXe siècle, l'économiste anglais David Ricardo établissait la théorie des avantages comparatifs. Au XXe siècle, l'économiste suédois Bastil Ohlin élargissait la théorie de Ricardo aux facteurs de production : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production de biens, qui utilisent des facteurs qu'il possède en abondance. Le phénomène s'est accéléré à la fin du XXe siècle et au début de ce millénaire, puisque le commerce international qui ne représentait que 18% du PIB mondial en 1985, s'est élevé à 28,5% du PIB mondial en 2005.

La promotion de la mondialisation a été favorisée par les organisations internationales spécialisées, telles que la Chambre de commerce internationale, le Gatt, la Cnuced, et l'OMC, qui est née à Marrakech en 1994. De même, se sont constitués dans le monde des espaces économiques régionaux, tels que l'Union européenne, l'Alena, le Mercosur, l'Apec, l'AELE, dont le fondement est la conclusion d'accords de libre-échange ayant pour but la suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires.

Parallèlement, ont été élaborées par des organisations internationales des pratiques du commerce international régulièrement appliquées par les opérateurs. Ces pratiques concernent aussi bien le contrat commercial, que la logistique, l'assurance, les modes de paiement et le financement. Tout cela a contribué à l'expansion du commerce international et des investissements directs étrangers, et a favorisé la globalisation de l'économie mondiale.

Chaque pays tente de trouver sa place sur le marché mondial, en offrant des produits et des services dans le meilleur rapport qualité/prix, et essaie d'attirer sur son sol le maximum d'investissements étrangers.
Qu'en est-il de notre pays, le Maroc ?
L'économie marocaine a été longtemps protégée derrière ses frontières, et n'a pas évolué au rythme des exigences de la mondialisation. Heureusement, ces dernières années, le Maroc a libéralisé son économie et a accentué son ouverture par la signature d'accords de libre-échange avec l'Union européenne, les Etats-Unis d'Amérique, la Turquie, et les pays arabes.

A l'échéance 2012, pratiquement tous les produits industriels provenant de ces pays pourront entrer au Maroc en exonération de droits de douane. Cette politique libérale présente des avantages, mais également des dangers, si des mesures d'accompagnement énergiques ne sont pas prises. Le Maroc doit en un mot améliorer sa compétitivité, pour se protéger des importations, pour stimuler les exportations, et pour attirer le maximum d'investissements directs étrangers. Cela passe par la réforme de l'administration, qui doit être compétente, efficace, et intègre.

Un soin tout particulier doit être accordé au département de la Justice, qui doit sécuriser aussi bien les investissements nationaux qu'étrangers. Le département de l'Education doit également améliorer la qualité de ses enseignements, pour fournir tant aux secteurs public que privé, les cadres et les compétences dont ils ont besoin. Le secteur de l'agriculture vivrière doit être rénové, car il n'est pas compétitif sur le marché mondial. Une partie de la céréaliculture, cultivée en zone non-irriguée doit être convertie en d'autres spéculations, notamment les arbres fruitiers.

Une nouvelle politique doit être conçue et appliquée pour la promotion des exportations marocaines, car le déficit de la balance commerciale est énorme, et les exportations ne couvrent que la moitié des importations. Une réforme fiscale doit être entreprise pour simplifier et réduire les impôts. Une plus grande flexibilité doit être recherchée dans le marché du travail, et dans la politique des changes.

Une politique plus dynamique doit être initiée sur le plan énergétique, pour réduire la dépendance de notre pays vis-à-vis du pétrole, en développant l'utilisation d'autres sources d'énergie : gaz et énergies renouvelables. La politique de privatisation doit être poursuivie pour toutes les entreprises publiques, qui opèrent sur le marché concurrentiel. Enfin, les secteurs public et privé doivent améliorer leur gouvernance par un effort d'organisation et par la formation. Heureusement, notre pays dispose d'avantages comparatifs, dus à son positionnement géographique, à son climat, et à sa force de travail, de qualité et moins coûteuse qu'en Europe.

Ce qui le prédispose à se spécialiser dans certains secteurs de services, comme le tourisme, et dans les secteurs industriels qui ont été identifiés par le Plan Emergence : offshoring, automobile, aéronautique, électronique, agro-industrie, produits de la mer, textiles.

En ce qui concerne le secteur maritime, la position exceptionnelle du port de Tanger-Med permettra de capter une grande partie du trafic qui transite par le détroit de Gibraltar, et rejaillira favorablement sur le développement de la zone Nord du Maroc.

En conclusion, on peut énoncer que le rouleau compresseur de la mondialisation est en marche. La globalisation n'est pas imposée d'en haut, mais remonte du bas, et cela malgré les résistances issues du protectionnisme, de l'unilatéralisme, de l'isolationnisme ou de l'atavisme. Le mieux pour notre pays est de s'adapter à cette situation, en redoublant d'efforts pour prendre le meilleur de la mondialisation.

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