Le Hamas, qui a remporté une retentissante victoire aux législatives palestiniennes, se retrouve face au défi de gérer les affaires palestiniennes sans expérience du pouvoir.
La tâche se révèle d'autant plus difficile que le Fatah du dirigeant Mahmoud Abbas, qui a reconnu sa défaite, a rejeté toute participation à un gouvernement avec le groupe radical, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Europe.
«Ceux qui ont remporté (les élections) doivent assumer toutes leurs responsabilités envers notre peuple dans tous les domaines, politique, sécuritaire, économique et national», a affirmé le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat.
Créé en 1987, le Hamas arrive pour la première fois à la tête du pouvoir de manière totalement inattendue et aidé en cela par les électeurs qui ont voté contre le Fatah, accusé de corruption généralisée et d'incurie.
Cette victoire représente «un défi inattendu» pour le Hamas, a estimé Mouan Rabbani, un analyste du centre de recherches International Crisis Group (ICG). Le mouvement «préférerait une coalition avec d'autres partenaires car il ne s'attendait pas à un tel succès: gagner la majorité au Parlement et être en position de former un gouvernement», a-t-il ajouté.
Selon lui, il ne faut pas considérer la position du Fatah comme «finale» et les «discussions vont se poursuivre».
Et ajoute M. Rabbani: îJe ne pense pas que le Hamas souhaite des ministères clés. Il souhaite plus contrôler les portefeuilles comme la Santé, l'Education ou les Affaires sociales».
Le Hamas a réaffirmé au cours de la campagne qu'il refuserait tout contact avec Israël alors que, dans la réalité, les relations entre l'Etat hébreu et l'Autorité palestinienne sont nombreuses et essentielles, dans les domaines de l'économie, des services publics ou encore la santé.
«Nous allons assister au même type de relations que dans les municipalités. Il y aura une coopération là où il y a des besoins et des intérêts communs», a estimé M. Rabbani, précisant que ces relations s'établiraient notamment pour les services ou encore l'approvisionnement en eau ou en électricité.
Le Hamas met lui, en avant, son expérience dans les municipalités qu'il contrôle pour tenter de convaincre sur ses capacités à mener les affaires nationales. «Tout comme nous avons réussi dans les municipalités, nous réussirons au sein du Parlement», a affirmé à l'AFP un porte-parole du mouvement Mouchir al-Masri.
«Les négociations avec Israël ne font pas partie de notre agenda mais le Hamas continuera à gérer les affaires quotidiennes», a-t-il assuré. Mais, a-t-il ajouté, «cela se poursuivra jusqu'à ce que l'on trouve une alternative au sein du monde arabe et musulman».
Le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert a affirmé mercredi que son pays «ne pouvait accepter que le Hamas, dans sa forme actuelle, puisse faire partie de l'Autorité palestinienne».
«Je ne mènerai pas un dialogue politique avec un gouvernement (palestinien) qui ne respecte pas ses engagements les plus fondamentaux et ne lutte pas contre le terrorisme», avait prévenu M. Olmert.
Pour l'analyste palestinien Talal Okal «le Hamas doit entrer en contact avec Israël» car «la vie des Palestiniens et leur politique sont liés» à l'Etat hébreu. «Quiconque veut être responsable doit prendre en compte la situation actuelle», dit-il.
«Les questions difficiles vont lui sauter à la figure, que ce soit celles liées aux affaires internes ou celles liées à la politique étrangère», met en garde M. Okal. AFP
M. Mechâal, installé à Damas et proche du guide spirituel du mouvement islamiste Ahmed Yassine tué en 2003 dans un raid d'hélicoptère israélien à Gaza, prône «la lutte militaire jusqu'à la libération de toute la terre palestinienne».
Grand, brun, moustache et barbe poivre et sel, Khaled Mechâal, 48 ans, est l'un des membres fondateurs du Hamas en 1987 et chef de son bureau politique depuis 1996. Dans le collimateur d'Israël, il fait l'objet le 25 septembre 1997, dans une rue d'Amman, d'une tentative d'assassinat par des agents du Mossad israélien (services de renseignement) qui lui injectent du poison.
Il plonge dans le coma. Furieux, le feu Roi Hussein de Jordanie exige du gouvernement israélien de lui fournir l'antidote en échange de la libération des auteurs de l'attentat. En 1999, M. Mechâal est expulsé avec d'autres dirigeants du Hamas par Amman pour «activités illégales».
Marié depuis 1980, il est père de trois filles et de quatre garçons.
Dans les territoires palestiniens, le Hamas est dirigé par deux personnalités d'envergure: Ismaël Haniyeh et Mahmoud Zahar, qui ont tous deux participé aux élections de mercredi. A Jérusalem-est, le mouvement radical palestinien a présenté un ancien détenu Mohammed Abou Tir.
Ismaël Haniyeh, la cinquantaine, tête de liste de Hamas aux législatives, était le directeur de cabinet de cheikh Yassine. Il vit dans une modeste maison du camp de réfugiés de Chatti (Gaza).
Candidat aux premières législatives de 1996, Haniyeh a dû renoncer à ses ambitions après le refus de Hamas de participer au scrutin. Il est considéré par les militants de Hamas comme un «pragmatique» et un «homme d'ouverture».
Mahmoud Zahar, la soixantaine, médecin, est considéré comme un «faucon» au sein du Hamas. Membre fondateur dans les années 1970 du Majmaa el-Islami, dont est issu Hamas, il est l'un des plus farouches adversaires du Fatah, le mouvement fondé par Yasser Arafat, qui vient de mordre la poussière aux législatives.
Son fils a été tué en septembre 2003 et M. Zahar a été blessé dans un raid ciblé israélien contre son domicile.
Mohammed Abou Tir, la cinquantaine, ancien détenu de Hamas dans les prisons palestiniennes, contrairement à la plupart des autres dirigeants de son mouvement, il prône des négociations et un accord avec Israël.
Voici les réactions suscitées par la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de mercredi:
Ehud Olmert, Premier ministre israélien par intérim :
«Nous ne négocierons pas avec un gouvernement qui ne respecte pas son engagement le plus fondamental - combattre le terrorisme.»
Saeb Erekat, principal négociateur de l'Autorité palestinienne :
«Nos vies ne seront plus jamais les mêmes. Aujourd'hui, le ciel avait une couleur différente lorsque nous nous sommes réveillés. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle.»
Djibril Radjoub, haut responsable du Fatah en Cisjordanie :
« Le Fatah rejette toute participation à un gouvernement formé par le Hamas.
Le Hamas doit prendre ses responsabilités. Le Fatah agira en tant qu'opposition constructive.»
George Bush, Président des Etats-Unis :
«Un parti politique, pour être viable, doit prôner la paix, de mon point de vue, pour garantir la paix.» «Et vous avez ainsi un aperçu de ma position vis-à-vis du Hamas s'il parvenait aux responsabilités. La réponse est: nous ne traiterons pas avec vous tant que vous n'aurez pas renoncé à votre désir de détruire Israël.»
Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies :
« Tout groupe souhaitant participer au processus démocratique doit en définitive déposer les armes parce que porter des armes et participer (simultanément) à un processus démocratique et siéger au Parlement est fondamentalement contradictoire, et je suis convaincu qu'ils (le Hamas) pensent la même chose.»
Javier Solana, chef de la diplomatie européenne :
«Ces résultats pourraient nous mettre face à une situation entièrement neuve qui devra être analysée par le Conseil (des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne), lundi prochain.»
Benita Ferrero-Waldner, Commissaire européenne aux relations extérieures :
«Ce qui est important c'est que nous affirmions que nous serons heureux de coopérer avec n'importe quel gouvernement si ce gouvernement est prêt à travailler avec des moyens pacifiques.»
Dominique de Villepin, Premier ministre français :
« Nous sommes dans une situation qui m'amène à marquer mon inquiétude.
C'est pour cela que je pense que la concertation avec nos partenaires européens est essentielle et doit être faite rapidement.» «Ce que je souhaite, c'est que les conditions indispensables pour un travail avec un gouvernement palestinien, quel qu'il soit, puissent être remplies.»
Porte-parole de Tony Blair, Premier ministre britannique :
«Chacun doit savoir que nous ne traitons qu'avec ceux qui renoncent au terrorisme. Il s'agit d'une distinction claire: on soutient le terrorisme ou pas.»
Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères :
«Le Hamas doit comprendre que la démocratie va avec le renoncement à la violence. Au Hamas de faire son choix.
«La communauté internationale va attendre du Hamas un rejet en bonne et due forme de la violence et la reconnaissance de l'existence d'Israël.»
Silvio Berlusconi, Président du conseil italien :
«Si c'est vrai (la victoire du Hamas), ce serait malheureusement très, très négatif. Tout ce que nous avions espéré concernant la paix entre Israël et la Palestine serait reporté à on ne sait quand. Espérons que le résultat définitif sera différent.»
Reuters
La tâche se révèle d'autant plus difficile que le Fatah du dirigeant Mahmoud Abbas, qui a reconnu sa défaite, a rejeté toute participation à un gouvernement avec le groupe radical, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Europe.
«Ceux qui ont remporté (les élections) doivent assumer toutes leurs responsabilités envers notre peuple dans tous les domaines, politique, sécuritaire, économique et national», a affirmé le négociateur palestinien en chef Saëb Erakat.
Créé en 1987, le Hamas arrive pour la première fois à la tête du pouvoir de manière totalement inattendue et aidé en cela par les électeurs qui ont voté contre le Fatah, accusé de corruption généralisée et d'incurie.
Cette victoire représente «un défi inattendu» pour le Hamas, a estimé Mouan Rabbani, un analyste du centre de recherches International Crisis Group (ICG). Le mouvement «préférerait une coalition avec d'autres partenaires car il ne s'attendait pas à un tel succès: gagner la majorité au Parlement et être en position de former un gouvernement», a-t-il ajouté.
Selon lui, il ne faut pas considérer la position du Fatah comme «finale» et les «discussions vont se poursuivre».
Et ajoute M. Rabbani: îJe ne pense pas que le Hamas souhaite des ministères clés. Il souhaite plus contrôler les portefeuilles comme la Santé, l'Education ou les Affaires sociales».
Le Hamas a réaffirmé au cours de la campagne qu'il refuserait tout contact avec Israël alors que, dans la réalité, les relations entre l'Etat hébreu et l'Autorité palestinienne sont nombreuses et essentielles, dans les domaines de l'économie, des services publics ou encore la santé.
«Nous allons assister au même type de relations que dans les municipalités. Il y aura une coopération là où il y a des besoins et des intérêts communs», a estimé M. Rabbani, précisant que ces relations s'établiraient notamment pour les services ou encore l'approvisionnement en eau ou en électricité.
Le Hamas met lui, en avant, son expérience dans les municipalités qu'il contrôle pour tenter de convaincre sur ses capacités à mener les affaires nationales. «Tout comme nous avons réussi dans les municipalités, nous réussirons au sein du Parlement», a affirmé à l'AFP un porte-parole du mouvement Mouchir al-Masri.
«Les négociations avec Israël ne font pas partie de notre agenda mais le Hamas continuera à gérer les affaires quotidiennes», a-t-il assuré. Mais, a-t-il ajouté, «cela se poursuivra jusqu'à ce que l'on trouve une alternative au sein du monde arabe et musulman».
Le Premier ministre israélien par intérim Ehud Olmert a affirmé mercredi que son pays «ne pouvait accepter que le Hamas, dans sa forme actuelle, puisse faire partie de l'Autorité palestinienne».
«Je ne mènerai pas un dialogue politique avec un gouvernement (palestinien) qui ne respecte pas ses engagements les plus fondamentaux et ne lutte pas contre le terrorisme», avait prévenu M. Olmert.
Pour l'analyste palestinien Talal Okal «le Hamas doit entrer en contact avec Israël» car «la vie des Palestiniens et leur politique sont liés» à l'Etat hébreu. «Quiconque veut être responsable doit prendre en compte la situation actuelle», dit-il.
«Les questions difficiles vont lui sauter à la figure, que ce soit celles liées aux affaires internes ou celles liées à la politique étrangère», met en garde M. Okal. AFP
Les principaux dirigeants du parti islamist
Khaled Mechâal, le chef du bureau politique du Hamas, fait partie des principaux dirigeants du mouvement radical palestinien qui vient de remporter les élections législatives.M. Mechâal, installé à Damas et proche du guide spirituel du mouvement islamiste Ahmed Yassine tué en 2003 dans un raid d'hélicoptère israélien à Gaza, prône «la lutte militaire jusqu'à la libération de toute la terre palestinienne».
Grand, brun, moustache et barbe poivre et sel, Khaled Mechâal, 48 ans, est l'un des membres fondateurs du Hamas en 1987 et chef de son bureau politique depuis 1996. Dans le collimateur d'Israël, il fait l'objet le 25 septembre 1997, dans une rue d'Amman, d'une tentative d'assassinat par des agents du Mossad israélien (services de renseignement) qui lui injectent du poison.
Il plonge dans le coma. Furieux, le feu Roi Hussein de Jordanie exige du gouvernement israélien de lui fournir l'antidote en échange de la libération des auteurs de l'attentat. En 1999, M. Mechâal est expulsé avec d'autres dirigeants du Hamas par Amman pour «activités illégales».
Marié depuis 1980, il est père de trois filles et de quatre garçons.
Dans les territoires palestiniens, le Hamas est dirigé par deux personnalités d'envergure: Ismaël Haniyeh et Mahmoud Zahar, qui ont tous deux participé aux élections de mercredi. A Jérusalem-est, le mouvement radical palestinien a présenté un ancien détenu Mohammed Abou Tir.
Ismaël Haniyeh, la cinquantaine, tête de liste de Hamas aux législatives, était le directeur de cabinet de cheikh Yassine. Il vit dans une modeste maison du camp de réfugiés de Chatti (Gaza).
Candidat aux premières législatives de 1996, Haniyeh a dû renoncer à ses ambitions après le refus de Hamas de participer au scrutin. Il est considéré par les militants de Hamas comme un «pragmatique» et un «homme d'ouverture».
Mahmoud Zahar, la soixantaine, médecin, est considéré comme un «faucon» au sein du Hamas. Membre fondateur dans les années 1970 du Majmaa el-Islami, dont est issu Hamas, il est l'un des plus farouches adversaires du Fatah, le mouvement fondé par Yasser Arafat, qui vient de mordre la poussière aux législatives.
Son fils a été tué en septembre 2003 et M. Zahar a été blessé dans un raid ciblé israélien contre son domicile.
Mohammed Abou Tir, la cinquantaine, ancien détenu de Hamas dans les prisons palestiniennes, contrairement à la plupart des autres dirigeants de son mouvement, il prône des négociations et un accord avec Israël.
Réactions à la victoire du Hamas
Voici les réactions suscitées par la victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes de mercredi:
Ehud Olmert, Premier ministre israélien par intérim :
«Nous ne négocierons pas avec un gouvernement qui ne respecte pas son engagement le plus fondamental - combattre le terrorisme.»
Saeb Erekat, principal négociateur de l'Autorité palestinienne :
«Nos vies ne seront plus jamais les mêmes. Aujourd'hui, le ciel avait une couleur différente lorsque nous nous sommes réveillés. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle.»
Djibril Radjoub, haut responsable du Fatah en Cisjordanie :
« Le Fatah rejette toute participation à un gouvernement formé par le Hamas.
Le Hamas doit prendre ses responsabilités. Le Fatah agira en tant qu'opposition constructive.»
George Bush, Président des Etats-Unis :
«Un parti politique, pour être viable, doit prôner la paix, de mon point de vue, pour garantir la paix.» «Et vous avez ainsi un aperçu de ma position vis-à-vis du Hamas s'il parvenait aux responsabilités. La réponse est: nous ne traiterons pas avec vous tant que vous n'aurez pas renoncé à votre désir de détruire Israël.»
Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies :
« Tout groupe souhaitant participer au processus démocratique doit en définitive déposer les armes parce que porter des armes et participer (simultanément) à un processus démocratique et siéger au Parlement est fondamentalement contradictoire, et je suis convaincu qu'ils (le Hamas) pensent la même chose.»
Javier Solana, chef de la diplomatie européenne :
«Ces résultats pourraient nous mettre face à une situation entièrement neuve qui devra être analysée par le Conseil (des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne), lundi prochain.»
Benita Ferrero-Waldner, Commissaire européenne aux relations extérieures :
«Ce qui est important c'est que nous affirmions que nous serons heureux de coopérer avec n'importe quel gouvernement si ce gouvernement est prêt à travailler avec des moyens pacifiques.»
Dominique de Villepin, Premier ministre français :
« Nous sommes dans une situation qui m'amène à marquer mon inquiétude.
C'est pour cela que je pense que la concertation avec nos partenaires européens est essentielle et doit être faite rapidement.» «Ce que je souhaite, c'est que les conditions indispensables pour un travail avec un gouvernement palestinien, quel qu'il soit, puissent être remplies.»
Porte-parole de Tony Blair, Premier ministre britannique :
«Chacun doit savoir que nous ne traitons qu'avec ceux qui renoncent au terrorisme. Il s'agit d'une distinction claire: on soutient le terrorisme ou pas.»
Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères :
«Le Hamas doit comprendre que la démocratie va avec le renoncement à la violence. Au Hamas de faire son choix.
«La communauté internationale va attendre du Hamas un rejet en bonne et due forme de la violence et la reconnaissance de l'existence d'Israël.»
Silvio Berlusconi, Président du conseil italien :
«Si c'est vrai (la victoire du Hamas), ce serait malheureusement très, très négatif. Tout ce que nous avions espéré concernant la paix entre Israël et la Palestine serait reporté à on ne sait quand. Espérons que le résultat définitif sera différent.»
Reuters
