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Le patchwork de Giaccobazi

Une œuvre colorée où se superposent des scènes insolites et drôles, à découvrir à l'IF de Casablanca
Un Fred Aster dansant avec des militants du Parti communiste chinois, une Marilyne Monroe hilare côtoyant une danseuse orientale, un Buck Jones sombre au regard mystérieux «chaperonnant» un petit garçon… La galerie 121 de l'Institut français de Casablanca ressemble à un film nostalgique se passant sur deux écrans et à double niveau.

Le patchwork de Giaccobazi
Le patchwork de Giaccobazi
C'est l'exposition hommage «Gens d'ici et d'ailleurs» du grand artiste français, Jean-pierre Giacobazzi, qui se tiendra à Casablanca jusqu'au 30 novembre. Ceci avant de partir à l'Alliance franco-marocaine de Safi du 6 au 26 décembre et à El Jadida du 5 au 31 janvier 2008.

Patchwork haut en couleur «Gens d'ici et d'ailleurs» est une sorte de regard décalé porté par l'artiste sur les rencontres qui ont meublé sa vie et son parcours.
Dans ces tableaux, on est interpellé par la franchise des couleurs. Jaune, rouge, bleu, vert… les teintes sont triomphantes de vivacité. Pas de nuances, le peintre ne fait pas dans les demi-mesures, sa fascination par les sujets peints s'exprime pleinement sans oublier cette touche légère.

Giacobazzi, qui s'est éteint juillet dernier à l'âge de 66 ans, avait le sens du contact humain et il savait le transmettre, le communiquer à travers des tableaux figuratifs qui ont une certaine structure narrative. Les clins d'œil glissés ici et là au gré des situations et des thèmes peints donnent un aspect ludique et satirique à la peinture de l'artiste. Les titres complètent «le tableau» et confirment cette impression.

Les toiles de Giacobazzi livrent leurs messages sur deux niveaux : un avant et un arrière-plan. Si les personnages qui occupent le devant de la scène accrochent le regard dès l'abord, ce qui se trame derrière donne à la situation une certaine profondeur… c'est un jeu et l'artiste n'a pas peur de se compromettre dans cette manœuvre, on le devine même amusé ! Tandis qu'une gracieuse danseuse flamenco se livre à une belle chorégraphie ondulante, le «metteur en scène» lui offre une scénographie plutôt amusante : la pub des cigarettes «la gitane».

Quand un jeune «flambant neuf» pose pour le pinceau de Giacobazzi avec un air béat, ce dernier s'amuse à habiller l'arrière-plan par une pub de rasoir électrique, pendant que l'artiste peint son autoportrait avec un air bien sage, Betty Boop se fait séductrice en arrière-plan … l'artiste cherche et crée le côté drôle de «la situation». Son pinceau force le sourire quand il ose des combinaisons et des rencontres inattendues. La dérision est un art et chez Giacobazzi c'est une façon de cerner les personnages, les objets et les situations tout en les exaltant avec humour. Devant ses tableaux, on n'est jamais inactifs.

Impossible de se contenter de recevoir, souvent on se surprend à interpréter, à trouver des rapports, à deviner des correspondances pour pouvoir en sourire après. C'est un plaisir qui se mérite ! Le jeu est de mise, il faut savoir prendre partie et l'artiste ne manque pas de moyens pour convaincre. Thèmes, mise en scène, humour… tout y est et Giacobazzi n'oublie pas non plus de noyer ses toiles ensoleillées de lumière. On dirait que les personnages visiblement marocains (accoutrements et compagnie) ont charmé le peintre et exalté son inspiration.

Présents en force, ils s'apprêtent volontiers à ses «superpositions» insolites.
Des rencontres insolites entre acteurs étrangers et femmes marocaines, entre publicités et gens de la vie quotidienne, entre héros de comics et enfants, la toile chez Giacobazzi est un espace de toutes les possibilités. Le temps, les distances n'ont pas de poids. C'est une convivialité colorée que nous propose à voir le peintre avec beaucoup de générosité.
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Biographie de l'artiste

Né à Toulon en France en 1941, Jean-Pierre Giacobazzi a habité jusqu'en 1961 le village du Revest qui a vu naître sa vocation artistique.

Depuis 1970, date de sa première exposition, il n'a eu de cesse d'enrichir et de développer son univers pictural en osmose avec des lieux et des espaces qui hantent son imaginaire et qu'il va, en retour, marquer de son empreinte.
De son vivant, il a exposé dans les plus grandes villes comme à Venise, Bizerte, Milan, Nice, Alger, Jakarta, Oujda, Paris, Ajaccio. On le retrouve encore dans des expositions collectives à La Garde, Hyères, Le Lavandou, La Seyne.Giacobazzi a été l'un des chefs du renouveau de la figuration narrative en France.Son œuvre, toujours engagée, a toujours magnifié la mémoire etl'identité. Son travail exceptionnel a été reconnu internationalement.
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