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«La butane de trois kilos est une véritable bombe à retardement»

Sous l'égide des ministères de la Santé, de l'Energie et des Mines, le premier congrès de l'Association marocaine de brûlologie, s'est tenu à Casablanca, en association avec le «14th Mediteranian Council Burns and Fire Desasters» et l'Association interna

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Le Matin du Sahara : Quels objectifs espérez-vous atteindre à travers ce genre de manifestation ?
Pr El Hassan Boukind : Je voudrais d'abord signaler qu'il s'agit d'une tradition que nous avons instaurée avec les spécialistes des pays de la Méditerranée et qui consiste à nous réunir, une fois par an, pour échanger nos informations et débattre des problèmes de prise en charge des brûlés. Nous en sommes déjà à la 14e édition.

Comment se porte la brûlologie au Maroc ?
Je peux vous assurer qu'il y a eu beaucoup d'avancées depuis quelques années. Il faut savoir que l'histoire de la prise en charge de la brûlure au Maroc remonte à la deuxième guerre mondiale.

C'est là que nos médecins ont commencé à se spécialiser dans la brûlure et c'est dans les années 40 que deux pionniers français de la brûlologie et de la chirurgie réparatrice sont arrivés dans notre pays. Le premier était installé à Casablanca et l'autre à Meknès. C'est pour cette raison que les centres de ces deux villes sont les plus connus. Par la suite, il y a eu l'ouverture d'un deuxième centre dans les années 70 et 80 à la CNSS Derb Ghalef.

Malheureusement, il est entrain d'être fermé. Dans les années 90, il y a eu l'ouverture du service des brûlés à l'hôpital d'instruction militaire Mohammed V et tout récemment, S.M. le Roi Mohammed VI a inauguré le Centre national des grands brûlés et de la chirurgie plastique à Casablanca qui aura une capacité de 45 lits. Dans la même optique, le plan national projette de créer un centre national ainsi que des centres et des services régionaux.

Le ministère de la Santé a déjà programmé 4 centres régionaux à Rabat, Oujda, Agadir et Marrakech. On peut donc dire qu'il y a une dynamique qui se crée de ce côté-là. En parallèle, nous avons plus de spécialistes qui optent pour cette discipline. En revanche, là où il faut un effort, c'est au niveau de la prise en charge des brûlés. Malheureusement le traitement coûte très cher et il est lourd de conséquence sur le plan vital, étant donné que les brûlures peuvent engendrer la mort et des séquelles irréversibles.

Raison pour laquelle il faudrait mettre le point sur la prévention qui concerne tout un chacun. Ce n'est pas uniquement l'affaire des médecins ou du gouvernement.

La brûlologie est une discipline qui fait appel à plusieurs spécialités. Lesquelles ?

La brûlologie, qui prend en charge le traitement de la brûlure, fait appel à au moins trois axes principaux qui sont : la réanimation, la chirurgie et la rééducation. Ces traitements sollicitent également la contribution d'autres spécialistes, à savoir les psychologues, les assistantes sociales sans oublier les infirmières, qui, elles, constituent une véritable cheville ouvrière.

Avez-vous des statistiques sur le nombre de brûlés traités dans les services de brûlologie au Maroc ?

Des études ont été menées dans ce sens, mais les données dont nous disposons sont anciennes. Néanmoins sachez que dans les services des urgences, toutes spécialités confondues, 2% des patients sont des brûlés. Ce qui constitue un chiffre assez important. Il l'est d'autant plus que tous les brûlés ne se font pas soignés dans les hôpitaux. Il y en a qui préfèrent recourir aux moyens traditionnels.

La brûlure n'en reste pas moins une pathologie Et ce à cause de notre façon de faire au Maroc. Par exemple, dans les maisons, l'aire de jeu et la cuisine sont dans une même partie. Ce qui engendre beaucoup d'accidents domestiques.
Il y a également, l'utilisation de la bouteille de butane de trois kilos qui est une véritable bombe à retardement, comme l'a signalé le ministre de l'Energie et des Mines. On reçoit dans nos hôpitaux des familles décimées par ces bouteilles.
Il y a aussi les bougies, encore utilisées dans certains villages, et qui continuent à faire des ravages surtout parmi les bébés.

Les chiffres sont donc sont importants et pour les réduire, il y a un nombre de comportement qui doit être adopté par tout citoyen. Il faudrait d'abord commencer par trouver une solution à la problématique de la bouteille de trois kilos et ensuite effectuer un travail de sensibilisation et d'éducation auprès de la population.

En quoi le traitement d'un enfant brûlé diffère-t-il de celui d'un adulte ?

Il s'agit d'un apport totalement différent dans le sens technique. Et aussi dans la manière d'aborder la chose, vue la différence qui existe entre la physiologie de l'enfant et celle de l'adulte.

Les bons réflexes à avoir en cas de brûlure


Les brûlures sont des lésions du revêtement cutané, provoquées par le contact avec des flammes, un liquide bouillant ou un objet chaud (dans 85% des cas), par le passage de courant électrique dans le corps (dans 7% des cas), par le contact avec des produits chimiques (dans 7% des cas) et par le froid et les radiations (dans 1% des cas). Les brûlures sont malheureusement des accidents courants de la vie quotidienne, qui se produisent le plus souvent à la maison et touchent principalement les plus jeunes (un brûlé sur trois est un enfant ou un nourrisson).

Alors quand un accident survient, le professeur Boukind conseille de mettre la brûlure vite sous l'eau. « Il faut arroser la brûlure en fonction de son étendu et de son degré».
Et de préciser : «Quand vous sortez de la plage avec la peau toute rouge et que vous avez mal, cela veut dire que vous avez une brûlure de premier degré. Quand vous avez des cloques, c'est le deuxième degré et quand elle est sèche et que vous avez moins mal, c'est le troisième degré.

Mais si, au-delà de 10 % de la surface corporelle est atteinte, et quand la brûlure est profonde, il faut pas hésiter à aller voir un médecin».
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