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Abdelkébir Tissir, un ailier percutant

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Par une chaude journée du mois d'août 1956, le foyer de la famille Tissir est égayé par la naissance d'un superbe bébé que les parents ont nommé Abdelkébir. Avant lui, deux garçons couraient déjà derrière un ballon dans les ruelles du quartier Loubila, non loin de la foire, là où des dizaines de jeunes ont fait leurs premières armes.

Les frères Tissir, Mbarek et Brahim, ont fait plus tard les beaux jours du WAC, du TAS et du RAC, les clubs phares de la capitale économique. Autant dire que Abdelkébir a grandi au milieu d'une première génération de sportifs. A 7 ans, il ne gambadait plus mais était devenu la mascotte du quartier au terrain « Chouinti ».

C'est son frère Brahim qui était titulaire de l'équipe A, qui l'a soutenu pour intégrer l'équipe B. Il s'est même essayé comme gardien de but quand il avait 13 ans. Mais très vite, il est attiré par les filets. Fin dribbleur, il décide de jouer dorénavant aux avant-postes et ne le regrettera pas. Abdelkébir va devenir au fil des saisons l'un des plus percutants buteurs du championnat et même de la sélection nationale.

Il commença par signer avec des équipes corpos, comme Filatis et la RAD. Ailier rapide, Abdelkébir va se mettre en évidence à l'âge de 17 ans et attirer l'attention des techniciens de la RAPC, un club dont les anciens se rappellent et qui évoluait en 2e division.

C'est dans ce club que les frères Merry, Krimou et Mustapha, ont débuté avant de connaître des fortunes diverses, ainsi que Kala l'un des fers de lance du RAC. L'entraîneur Bouchaïb Ounass découvrit un talent et depuis, Tissir devint titulaire à part entière. Il est tellement talentueux qu'en 79, Fontaine, alors entraîneur des Lions de l'Atlas, fait appel à lui. Abdelkébir participe aux éliminatoires de la Coupe du monde 1982. Il s'en rappelle comme si c'était hier : « C'était le bonheur pour moi, se souvient-il. Nous avions de rudes adversaires comme l'Egypte, le Sénégal et surtout le Cameroun qui nous a éliminé à Kénitra grâce à leur attaquant Tokoto. Chicha du WAC avait raté un penalty.

C'était la désillusion dans notre camp, mais ce fut une belle expérience pour moi car j'ai été souvent appelé avec l'équipe nationale par la suite. » Il avait comme coéquipiers Dolmy, Limane, Moh, Jawad Andaloussi, Abellatif (KAC), Boussati, Jamal, Aziz Bouderbala, Zaki, Chicha et bien d'autres encore. En 1980, il apprend par un pur hasard que sa licence a atterri au MAT de Tétouan qui était en première division et où il retrouva Keita, qui évolua plus tard avec le WAC, Lahcen du Stade

Marocain, Robio, etc. Il évolua comme ailier gauche, et le public de la colombe blanche se souviendra d'un attaquant à la pointe de vitesse phénoménale. Il ne va pas s'éterniser à Tétouan puisque l'année suivante, sans prendre son avis, les dirigeants du MAT le transfère au club des FAR. « Je n'ai jamais compris ce qui se tramait dans mon dos. A chaque fois que les dirigeants voulaient me transférer, ils ne me consultaient pas, soupire-t-il .Ce fut le cas avec mon premier club, la RAPC, puis le Moghreb de Tétouan, les FAR, le Raja. Des négociations avaient lieu, et du jour au lendemain je me retrouvais dans une équipe. J'ai toujours eu ce problème de papiers.

On me disait à chaque fois: «Abdelkébir, tes papiers sont chez telle équipe» et je partais sans trop comprendre ce qui s'était passé. » Cela fait partie du long parcours de Tissir, qui ne savait pas refuser ce qu'on lui proposait. Avec les FAR, il joua aux côtés de joueurs chevronnés à l'image de Dahan, Driss, Timoumi, Lemriss, Chicha, Laghrissi, Khairi, Tniouni, autant de vedettes entraînées par Guy Cluseau puis Barinaga.

Il talonna Boussati au classement des meilleurs buteurs du championnat. « Il m'a dépassé d'un but parce que je n'avais pas joué sept matchs lors de cette saison, se rappelle Tissir, pour la simple raison que j'avais eu une mésentente avec le comité du MAT qui voulait me transférer chez les militaires sans mon avis. Mais j'ai fini par accéder aux vœux de ces dirigeants et j'ai été titularisé dès mon arrivée contre le MAS à Fès.

J'ai toujours été attiré par le but et cette place de second derrière Boussati était le fruit d'un travail inlassable mené avec mes nouveaux coéquipiers. » Tissir va rester une saison à Rabat et en 83, il revient à Casablanca dans le plus prestigieux des clubs, en l'occurrence le Raja où il trouve Houmane puis Lamari en tant qu'entraîneurs. Si avec le premier, le courant passait bien, en revanche avec le second, il y a eu des hauts et des bas. « Je ne savais pas ce qu'avait Lamari contre moi, explique aujourd'hui Abdelkébir. J'ai eu beaucoup de difficultés de communication avec lui tant au sein du Raja qu'en équipe nationale dont il fut également l'entraîneur. »

Il est accueilli à bras ouvert par ses nouveaux partenaires Dolmy, feu Beggar, Fethi, Souadi, Hajri, Mokhliss, Seddiki. Il attendait toujours un titre mais il eut moins de chance que les autres. En 80 et 81, il gardera un bon souvenir de son passage avec l'équipe nationale qui disputa deux tournois, l'un en Malaisie et l'autre en Chine, avec Lamari et Labsir.

Il fut promu meilleur buteur. En 84-85, il rejoint la CLAS où il évolua pendant deux ans avant de terminer sa carrière avec le Chabab de Mohammedia entraîné par Hormatollah, un homme qui l'a particulièrement marqué. Il reçut par la suite quelques propositions de clubs étrangers mais il buta à l'époque sur la loi de la fédération qui interdisait tout transfert hors de nos frontières avant l'âge de 28 ans.

Il tenta une expérience avec un club de 3e division honneur en France mais cela n'a rien donné. Il retourna au pays pour s'occuper de sa petite famille. Ses deux filles, Wafaa et Amal, et son fils Othmane ont opté pour l'athlétisme où ils sont connus comme de grands champions.
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