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Mohamed Tadlaoui, le fin technicien du RAC

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La Sqalla, l'historique place de l'ancienne médina, était souvent le théâtre de rencontres acharnées entre jeunes de différents quartiers. C'est là que la plupart de ces jeunes ont commencé à taper dans un ballon ; certains sont même devenus de grandes stars du ballon rond à l'image de Zeghrari, Larbi Aherdane, Bouderbala, Abdelhak qui feront carrière au WAC, Azzeddine métronome du Raja puis du WAC et du TAS, feu Hassan du RAC et bien d'autres encore.

Parmi cette pléiade de jeunes, un petit gringalet, pas plus haut que deux pommes, s'illustrait par ses dribbles qui forçaient l'admiration du public ; c'est Mohamed Tadlaoui. Repéré par d'illustres prospecteurs des clubs casablancais, ce joueur va opter pour le RAC dès l'âge de 14 ans et fera ses classes avec les minimes et les cadets. Meneur de jeu, très rapide, Tadlaoui va, à chacune de ses sorties, épater la galerie par des arabesques dont il a, seul, le secret.

«Quand j'avais le ballon, se rappelle-t-il, j'avais l'impression qu'il était pour moi tout seul, si bien qu'il m'arrivait de dribbler toute une défense avant de me retrouver face au gardien que je ne m'empêchais pas de mettre dans vent avant de marquer le but». Cette même anecdote, il la répétait fréquemment car Tadlaoui était souvent confronté à la même situation.

Sous la férule de feux Bakiri et Chrif Alaoui, puis de Daniel Pilard et Hcina , ce frêle no 10 va gravir les échelons et passer directement des cadets aux seniors en 1969. Il se rappelle d'ailleurs de sa première rencontre avec les grands : «C'était contre le Difaa Hassani Jadidi. Nous avions gagné 3-1.

Et pourtant, le DHJ était une équipe fabuleuse avec les Chicha, Krimou, Maâroufi, Baba, Hassani, Chrif et bien d'autres encore. Pour moi, la seule satisfaction était de jouer et je ne pensais pas à la prime. J'étais jeune et Tibari a voulu me lancer dans le bain.»

Il a joué quelques rencontres dont il se souviendra avec beaucoup de nostalgie. D'ailleurs, il n'oubliera pas son meilleur match contre le Youssoufia de Rabat, qui jouait à l'époque en division I, où il marqua un but d'anthologie. C'est lors de cette rencontre qu'il attirera l'attention de Barinaga, entraîneur des FAR et de l'équipe nationale. «Je pense que j'ai fait le meilleur match de ma carrière. Les défenseurs du Youssoufia étaient désemparés et j'ai même marqué un joli but.

Dès lors, j'ai été appelé en tant qu'espoir avec Rédouane Guezzar, Larbi Chebbak, Zeghrari, Kala du KAC, Baâni. On a surtout joué des rencontres amicales».

Ce qu'il faut aussi savoir, c'est que Tadlaoui a joué pendant quelque temps au sein de la fameuse équipe du Trésor qui évoluait dans le championnat corporatif avec le président charismatique Larabi, ex-membre fédéral. Cette équipe-là a joué un quart de finale de la Coupe du Trône en 69 contre le Stade Marocain au stade d'Honneur.

«Je me rappelle très bien de cette rencontre, car jamais aucune équipe du championnat corporatif n'était arrivée à ce stade de la compétition en Coupe du Trône, relate Tadlaoui, et le Trésor est entré dans la légende. J'étais remplaçant. Le score était de 0-0. En seconde période, je suis rentré malgré ma blessure. A la première touche du ballon, j'ai voulu dribbler le célèbre Raïss dans notre surface de réparation, mais il m'a subtilisé la balle et a marqué le seul but de la rencontre.

Je me rappellerais toujours de la colère de notre président Larabi. Depuis, je n'ai plus osé revenir au terrain. Lorsque le Trésor a disparu, je suis revenu au RAC pendant quelque temps avant de mettre fin à ma carrière.»
Il faut dire qu'une autre blessure, provoquée par Raâd du Chabab de Mohammadia, l'a laissé éloigné des stades pendant une longue période.

Au RAC, il a joué avec les plus grands joueurs de l'époque, à l'image de Mendoça, Cherkaoui, des gardiens de but Martinez puis Couscous, Benkirane, Abouali, Wahbi, Sefoui, Larbi, Si Mohamed, Abdelali, …Et puis il y avait le grand président Ntifit dont il gardera de bons souvenirs, comme le jour où dans sa voiture avec Hcina, il lui a offert 1000 DH en guise de prime de signature.

Une somme relativement intéressante par rapport à son jeune âge et surtout à ce qu'il touchait jusque-là. Il s'est retiré de la haute compétition pour rejoindre les rangs de la BCM en corpo parce qu'il avait besoin de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille en dépit d'une proposition de feu Larbi Zaouli du TAS.

Tous ceux qui ont évolué dans ce championnat se rappelleront encore des terribles dribbles de cet attaquant. Aujourd'hui, Tadlaoui est un homme heureux, père d'une famille de trois enfants. Dans ses rêves, il s'imagine toujours en train de «faire tomber» des adversaires. Il pense que les prouesses techniques d'un Zidane par exemple existaient chez bon nombre d'anciens joueurs, dont certains n'ont pas eu la chance de poursuivre une carrière professionnelle. «Oui, insiste-il, on avait des génies du football.»
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